Religieux français.
Pour Dieu et pour la France.
joseph-Marie Conan est né le 24 mars 1893 à Languidic (Morbihan). Il fait ses études de grammaire à l’alumnat du Bizet (Belgique) de 1906 à 1909 et part faire ses humanités à Ascona en Suisse de 1909 à 1911. Il entre au noviciat de Gempe sous le nom de Frère Conan et y prend l’habit religieux le 14 août 1911. L’année suivante, il doit suivre le noviciat déplacé à Limperstberg (Luxembourg). C’est là qu’il prononce ses vœux perpétuels le 15 août 1913. De caractère très doux, d’un dévouement inlassable, il se montre au noviciat un infirmier modèle, comme il se montre religieux exemplaire par sa piété profonde, sa régularité, son esprit surnaturel et son attachement à sa famille religieuse de l’Assomption. Après son temps de noviciat, le Frère Conan est envoyé à Louvain pour le cours de philosophie. C’est de là qu’il part lors de la mobilisation générale d’août 1914. Il sert tour à tour dans les brancardiers divisionnaires, puis dans l’infanterie. Il fait les campagnes d’Artois (1915) et de Verdun (1916). Il est blessé lors d’une attaque dans la ‘fournaise’. Un simple mot, écrit presque à la veille de sa mort, le dépeint tout entier, avec son entrain naturel et sa générosité surnaturelle: « Un souvenir, un adieu peut -être avant de monter à l’attaque. Si Dieu me demande le sacrifice de ma vie, il est déjà accepté et généreusement aux intentions si belles de l’Eglise, de notre chère Assomption, de notre patrie. Pour Dieu, pour la France, en avant! ». Le Frère Conan s’occupe à transporter des blessés le 3 septembre 1918 quand un obus vient tuer les blessés et les brancardiers. Il est inhumé sur le champ de bataille, au-delà du village de Crouy, non loin de Soissons (Aisne). Le Frère Conan a 25 ans.
La dernière lettre.
Le 29 août 1918, sans le savoir, le Frère Conan écrit sa dernière lettre annonçant sa participation à une attaque d’envergure: « Cette fois, j’ai une table pour vous écrire. Hier, je n’avais eu qu’à m’asseoir par terre. Ce mot vous surprendra sans doute venant après celui de la veille, car aujourd’hui vous devez me croire en pleine bataille. Il n’en est rien, et nous en sommes les premiers étonnés. Ce sera pour bien peu de temps du reste. Nous faisons noire veillée d’armes près de la cathédrale mutilée. Ce retard a permis à ma mutation d’arriver, ce qui m’a obligé à venir comme brancardier au 2ème bataillon, au moins pendant l’attaque. Ce n’est qu’ensuite que mon sort sera réglé définitivement. Je préférerais céder ma place à un père de famille et rester combattant avec mes camarades. Ce qui me répugne dans le rôle de brancardier, c’est qu’à peu près tout le monde le tient pour un emploi d’embusqué. Et quand c’est un ecclésiastique qui est désigné pour l’occuper, cela ne manque pas de faire gloser, comme on l’a fait hier aussitôt ma nomination connue. ‘Ces curés, ils savent toujours se défiler!’. De tels sentiments n’ont pas été sans me troubler et me peiner autrefois aux brancardiers divisionnaires. Mais à cette époque j’étais inapte à l’infanterie, au lieu qu’aujourd’hui je suis reconnu bon combattant. Et cependant tout le monde pourrait reconnaître qu’il y a au moins autant de danger à être brancardier qu’à être simple combattant. Et puis le service de brancardier est plus conforme à l’état d’ecclésiastique que celui de porter un fusil et de verser le sang… ».
Quoi qu’il en soit de ces scrupules de conscience le Frère Conan brancardier est tué au front le 3 septembre [1918], occupé à transporter des blessés. Un obus a d’ailleurs tué nombre de brancardiers dont des prisonniers allemands réquisitionnés à cette tâche. Conan est blessé à la tête, tué sur le coup, car sa tête est presque entièrement enlevée. Il est inhumé le lendemain par une relève de brancardiers remontés au champ de bataille. Il se trouve dans une fosse commune avec cinq autres compagnons.
Bibliographies
Bibliographie et documentation: Lettre à la Dispersion 1918, n° 532, p. 194, 199-200; n° 540, p. 320-321; 1919, n° 569, p. 272. Lettre du Frère Conan au P. E. Bailly, 8 août 1915. Natice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. On possède aux ACR de nombreuses correspondances de la période militaire du Frère Conan (1914-1918).