Religieux français.
Une existence courte, mais mouvementée.
Jean Kerbourc’h (1) est né le 28 février à Landrévarzec dans le Finistère. Il fait ses études de grammaire comme alumniste au Breuil (Deux- Sèvres), de 1901 à 1904, et celles d’humanité à Calahorra en Espagne (1904-1906). Il prend l’habit, sous le nom de Frère Corentin à Louvain le 11 septembre 1906, prononce ses premiers v?ux l’année suivante à la même date et ses v?ux perpétuels le Il septembre 1908. Il est envoyé comme professeur stagiaire au Bizet en 1908-1909 et revient, très fatigué, à Louvain pour la suite de ses études ecclésiastiques. Il doit se reposer une année complète. A Louvain, il suit les cours de philosophie de 1910 à 1913. C’est alors qu’il part pour la maison d’études de Kadi-Keuï en Turquie et y étudie une année la théologie (1913-1914). Il y est ordonné sous-diacre le 28 juin 1914. Expulsé comme tous ses confrères français en novembre, il se réfugie à Philippopoli-Plovdiv, au collège Saint- Augustin, où il continue un peu ses études et peut recevoir le diaconat (28 août 1915). La Bulgarie ayant pris fait et cause pour les Puissances centrales, les ressortissants français sont expulsés du pays. Il accompagne le groupe des Assomptionnistes qui, pour rentrer en France, transite par la Russie, la Finlande, la Suède, la Norvège et l’Angleterre. Il est alors envoyé à Rome pour y terminer ses études de théologie. Il peut y être ordonné prêtre le 13 mars 1916. Mais la mort vient le cueillir le 21 avril 1917.
Récit d’une fin prématurée.
« Le P. Corentin, étudiant en quatrième année de théologie, est arrivé à Rome à la suite de son expulsion de Turquie et de Bulgarie, dans les premiers jours de février 1916. Malade de la tuberculose, il suit régulièrement et sans trop de fatigue les cours au collège de l’Angélique.
De juin à novembre 1916, il va se reposer à Menton (Var). La douceur du climat méditerranéen semble lui être bienfaisante, mais à partir du mois de mars 1917, les crachements de sang reprennent. Le 9 avril, le P. Corentin est victime d’une grave hémorragie. Il frappe contre la cloison de sa cellule pour avertir son voisin qui essaie d’arrêter l’hémorragie avec des compresses d’eau fraîche. Le P. Arthur Deprez fait appeler le médecin d’urgence pour lui administrer des injections hémostatiques. Le sang s’arrête de couler, mais les saignements reprennent pendant huit jours. Soumis au régime de la glace, des injections, le P. Corentin, très affaibli garde une immobilité totale. Sur les observations du médecin, le malade est transporté par une escouade de brancardiers de la Croix-Verte à la clinique des Soeurs françaises de la Présentation. Il trouve là des soins plus conformes à son état et de meilleures conditions hygiéniques. La fièvre l’accompagne à la clinique. Le 19 avril, le mal s’aggrave d’une phlébite à la jambe gauche. Il meurt d’une embolie dans la nuit du 21 avril. Le Père Corentin est inhumé dans le caveau des Ermites de Saint-Augustin à Campo Verano, aux côtés des PP. François Picard, mort en avril 1903, Alfred Mariage, en mai 1903, et Henri Couillaux, en février 1911 ». En 1936, les restes des religieux ont été exhumés et transférés dans le caveau acquis par l’Assomption, dans le même cimetière de Campo Verano (2).
(1) Ce nom est parfois orthographié fautivement: Kerbouc’h. Corentin ou Cury est le nom d’un disciple de saint Martin de Tours qui a vécu comme reclus à Plomodiern en Angleterre puis est devenu le premier évêque de Quimper en Bretagne. Son culte est en outre très répandu dans le sud-ouest de l’Angleterre où il est connu sous le nom de saint Cury. Il est fêté le 12 décembre. Il serait mort vers 490. (2) En 1999, le caveau de l’Assomption à Rome, Campo Verano, compte les restes ou le souvenir de 13 religieux: Bernard Fortin (1883), Alfred Mariage (1903), Henri Couillaux (1911), Corentin Kerbourc’h (1917), Stéphane Chaboud (1921), Alype Pétrement (1927), Romuald Souarn (1948), Gervais Quenard (1961), Mathias Simon (1961), Pierre Touveneraud (1979), Antonino Corpacci (1985), Firmino Greci (1998). Les restes du P. Picard, inhumé à Rome en 1903, ont été transférés en 1953 au couvent des Orantes à Sceaux (Hauts-de-Seine) en France et déplacés en 1971 à Bonnelles (Yvelines), dans un oratoire, à côtés des restes mortels de la co-fondatrice, Mère Isabelle de Clermont-Tonnerre.
Bibliographies
Bibliographie et documentation: Lettre à la Dispersion, 1917, n° 451, p. 337-338. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Dans les ACR, du P. Corentin Kerbourclh, correspondances (1913-1916).