Cyrille (Cyrille-Prosper-Joseph) TASIAUX – 1908-1979

Mbau, 1974.
« Je m’excuse : j’aurais déjà depuis longtemps dû vous écrire pour vous
remercier de la confiance que vous m’avez témoignée en acceptant que je
devienne prêtre. Vous avez certainement entendu parler de ce jour. A vrai
dire, moi, je n’ai rien vu, sauf pendant la cérémonie. J’ai demandé bien
des choses au Seigneur. J’ai prié pour ma famille religieuse surtout.
J’aurais tant voulu être seul ce jour-là, mais je me devais aux autres.
Avec le P. Théodard Steegen ou parfois seul, quand il est parti chez les
Wattalingas, je fais le travail de curé. Tout cela me demande bien de la
préparation. Je dois apprendre le kiswahili grammatical et aussi je me
perds dans le livre, Précis de théologie morale. J’en finis par regretter
le temps où je traitais la résistance des matériaux. C’est certainement
plus facile que la résistance des hommes
devant leurs problèmes. J’espère que vous êtes rétabli de votre accident et
que cela n’est plus qu’un vague souvenir. Merci encore pour la confiance
que vous m’avez témoignée. Croyez- moi bien filialement vôtre en
l’Assomption. Pensez de temps en temps à ce Frère devenu prêtre qui compte
bien rester un frère pour le service des autres
».

Religieux belge de la Province du Zaïre. Résumé biographique. Cyrille-Prosper-Joseph Tasiaux est né le 10 août 1908 à Roy, dans la province belge du Luxembourg. Il fait ses écoles primaires dans la commune de Bande, ses études. secondaires dans le petit séminaire de Bastogne, chez les Salésiens à Liège et enfin à la maison des vocations tardives de Sart-les- Moines (1926-1929). Le 7 mai 1930, il prend l’habit religieux au noviciat de Taintegnies, sous le nom de Frère Cyrille. Il est accepté aux premiers vœux comme religieux coadjuteur, à Taintegnies, le 8 mai 1931 et aux vœux perpétuels, le 8 mai 1935, à Saint-Gérard. Ayant appris le travail de la menuiserie, il est volontaire pour la mission au Congo. Il voyage en compagnie du P. Gervais Quenard en 1935. De naturel taquin, assez colérique, il passe 25 ans à Païda. Lui-même accepte volontiers les plaisanteries de ses confrères qui le taquinent à partir de son saint patron, lui faisant remarquer qu’il travaille ‘sans méthode’? A l’époque de la seconde guerre mondiale, il est opéré des reins à Lubumbashi. Surnommé le ‘curé des Grecs’, en raison d’une importante colonie grecque de commerçants qui passent des commandes à la menuiserie, il se montre plein de bon sens et de bon conseil dans un esprit oecuménique auprès de cette population assez délaissée sur le plan pastoral. Le Frère Cyrille participe à la vie et à l’activité de la menuiserie, de la maçonnerie et de la mécanique, formant lui-même de nombreux ouvriers qui ne s’offusquent pas de sa brusquerie parce qu’ils savent pouvoir compter sur son cœur d’or. A partir de 1960 jusqu’en 1966, il est affecté à la mission de Butembo pour le magasin de la procure. Il participe à la construction de la cathédrale de Butembo. Dans les années 1970, il est proposé au Frère Cyrille de se préparer à la vie sacerdotale. Page : 25/25 C’est ainsi qu’après un long temps de préparation avec les P. Marc Champion et Théodard Steegen, le Frère Cyrille est ordonné prêtre le 23 août 1974 à Mbau par Mgr Fataki. Le nouveau prêtre a 66 ans. Plein d’ardeur apostolique, il se montre édifiant de piété et de foi, n’hésitant pas à vaincre toutes les fatigues des chemins pour visiter les malades. A la fin de l’année 1978, il prend quelque temps de congé en Belgique. A cause de son cœur fatigué, le médecin lui conseille de prendre sa retraite au pays natal. Il préfère revenir en mai 1979 au Congo, devenu Zaïre, dont il a suivi la longue marche vers l’indépendance et connu les soubresauts mulelistes en 1964. Le voyage le fatigue beaucoup. Ni les soins à l’hôpital de Kyondo ni le dévouement de la communauté ne peuvent plus rien pour lui. Il meurt à Kyondo le 14 juillet 1979, la veille de l’anniversaire du cinquantenaire de l’évangélisation du diocèse de Béni-Butembo par les Assomptionnistes. Il est enterré à Mbau, selon son désir, là où il a été ordonné prêtre 5 ans auparavant. Témoignage de Soeur Irène Mupitanzila. « Missionnaire au Zaïre depuis 1935, le P. Cyrille a donné sa vie pour ses frères zaïrois, plus particulièrement pour ses frères Nandais de Beni-Butembo. Il a oeuvré dans plusieurs paroisses du diocèse, 25 ans à Béni-Païda, puis à Butembo, à Mbau. Frère coadjuteur, il a initié beaucoup d’ouvriers à la menuiserie et à la maçonnerie. Le Frère Cyrille demanda à devenir prêtre. Ce fut pour lui une grande joie et le couronnement de sa vie ici-bas. Le P. Cyrille a vu venir la mort avec sérénité, avec humour même, mais aussi avec un grand esprit de foi. Il encourageait les prêtres et les religieux du diocèse qui venaient le visiter et les exhortait à la fidélité dans le service du Seigneur, même si certains mettaient en question leur sacerdoce. Le jour de sa mort, les prêtres et les religieux qui revenaient de la retraite annuelle prêchée par le P. Hervé Stéphan sont venus prendre son corps et l’ont conduit à Mbau, sa dernière demeure sur cette terre. La messe des obsèques a eu lieu en plein air devant plus d’un millier de fidèles très émus. Son corps est déposé en terre, devant l’entrée de l’église, au pied de la statue de la Vierge Marie ». Page : 26/26

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Documents Assomption, Nécrologe (1) 1975-1980, p. 82-83. Témoignage de Sceur Irène Mupitanzila, 24 octobre 1979. Belgique-Sud Assomption, août 1979,-n° 101, p. 1674-1675. Marc Champion, Province du Zaïre, Religieux défunts 1929-1994, Butembo, 1994, p. 33-34. Lettre du P. Cyrille Tasiaux au P. Paul Charpentier, mbau, 21 octobre 1974.