Damien (Achille) GERARD – 1890-1909

Dialogue final.
« Ce petit dialogue entre le Frère Damien et son infirmier, après la visite
déterminante du Docteur, donne la mesure de la force d’âme du malade :

– Le Docteur a laissé entendre que vous étiez un peu mieux, aujourd’hui.

– Oui mais le Père me dira la vérité.

– Cette vérité, vous l’accepterez, quelle qu’elle soit?

– Oui, je suis bien résigné à la volonté du bon Dieu. C’est curieux, je
n’ai pas été troublé un seul instant depuis qu’on m’a annoncé ma mort.

– Vous êtes encore bien jeune!

– Oui, j’ai 18 ans, l’âge de saint
Stanislas Kostka; je ne suis pas un saint, moi, mais j’espère le devenir.
Ce qui me console, c’est que, après ma mort, j’aurai beaucoup de
messes. Quand je serai au ciel, je prierai pour vous tous. D’ailleurs je
n’aurai que cela à faire.
A l’aube de l’Epiphanie, le Frère Damien dit tout doucement: ‘ C’est mon
dernier jour qui se lève’ ». Cité d’après Polyeucte Guissard p. 297-298.

Damien (Achille) GERARD

1890-1909

Religieux belge, profès in articulo mortis.

Un jeune alumniste du Luxembourg belge.

Achille Gérard est né le 3 août 1890 à Laneuville-aux- Bois, au diocèse de Namur (Belgique), petit village au coeur des Ardennes, au milieu de la forêt de Saint- Hubert. Il est le benjamin d’une nombreuse famille. Il est présenté au Supérieur de l’alumnat de Bure, le P. Pierre Descamps, en avril 1904, par le curé de sa paroisse en ces termes: « J’ai dans ma paroisse un garçon de 14 ans qui me paraît avoir des dispositions pour l’état ecclésiastique. Je lui donne depuis quelque temps des leçons de latin, de grec, et il montre de réelles aptitudes pour les études. je désirerais vous entretenir plus longuement au sujet de cet enfant et de son entrée dans votre Ordre. je vous rendrai visite lundi 25 avril [1904] et vous amènerai l’enfant en question ». Chose curieuse, cette missive qui n’était pas destinée primitivement à Bure, y parvient et, malgré l’étonnement causé par une réponse au curé de Laneuville, après contacts, on est mutuellement satisfait des conditions proposées. Achille est admis à l’alumnat de Bure où son intelligence a vite fait de surpasser, malgré un retard de départ, celle de sa classe. Seul handicap, une imprudence d’enfance, une glissade dans une mare glacée, lui a fait contracter des rhumatismes douloureux et permanents. Le Docteur soignant, M. Henrot, ne cache pas ses inquiétudes pour un proche avenir. Après Bure (1904-1906), c’est l’alumnat de Taintegnies qui accueille Achille pour les humanités (1906-1908). Le P. Edouard Bachelier, supérieur, se souvient: « Achille entre à l’alumnat d’humanités avec la première place dans le concours d’Ascendat. Pendant les deux années qu’il passe à Taintegnies, il reste ce qu’il est: bon, simple, fervent, toujours un peu malicieux mais sans méchanceté, ardent au travail et toujours au premier rang ».

Novice à Louvain et à Gempe (Belgique).

Achille entre au noviciat de Louvain sous le nom de Frère Damien, malgré sa santé précaire :il reçoit l’habit, le 28 août 1908, des mains du Père Vincent de Paul Bailly. De Louvain, cette année 1908, le noviciat passe à Gempe. Mais dès le mois de septembre, le Frère Damien est repris par son handicap. Les rhumatismes ont fini par engendrer une maladie de cœur qui s’aggrave fortement en décembre 1908. Le 3 janvier 1909, en raison du danger, il est administré et le 5, dans la soirée, il est autorisé à prononcer ses vœux perpétuels in articulo mortes, faisant à Dieu le sacrifice de ses 19 ans. Un léger mieux se manifeste dans sa santé jusqu’à la fin du mois de janvier, mais sans durée. Les poumons sont pris par la tuberculose. Le jour de la fête de Saint-François de Sales le 26 janvier, une neuvaine de prière au P. d’Alzon est commencée. Le 2 février il meurt après de grandes souffrances. Le cierge de la Chandeleur achève de se consumer tandis que le malade s’éteint doucement. Le Frère Damien est inhumé au cimetière de Park, à Louvain. Le P. Emmanuel Bailly écrit aux novices:

« On a admis Gérard au noviciat malgré sa pauvre santé. L’Assomption est une mère: c’est une oeuvre au service des âmes auxquelles elle se dévoue. Son service consiste dans des sacrifices aussi désintéressés que possible. Elle aime les âmes queue sert pour leur bien et pour Jésus- Christ. Elle n’y cherche pas son intérêt. Il s’ensuit que lorsqu’elle a élevé, instruit, formé, pendant des années comme une vraie mère, des enfants auxquels elle s’est donnée sans autre but que leur bien, que leur vocation sacerdotale, elle ne peut pas ne pas se sentir un dévouement sans bornes pour ses enfants, ils sont plus pour elle, par suite des conditions de l’esprit de famille et du genre d’éducation spécial à ses alumnats, que de simples élèves ou écoliers d’un séminaire ou d’un collège. Elle les a aimés et élevés avec le dévouement d’une mère, elle a quelque droit de les considérer et de les traiter comme des fils. Si ceux-ci lui demandent de s’attacher à elle pour toujours, si d’autre part, malgré une santé incertaine ou faible, il y a cependant quelques lueurs suffisantes d’espérance vers une amélioration ou une guérison possible, n’y a-t-il pas une excuse puissante à cette sorte de faiblesse maternelle? ».

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Lettre à la Dispersion, 1909, n° 22, p. 85-86. Polyeucte Guissard,’Portraits Assomptionistes, p. 290-299. L’Assomption, 1909, n° 147 p. 36-41. Circulaire du P. Antoine de Padoue Vidal, 1909. Bulletin de l’alumnat du Sacré-Coeur de Jésus (Taintegnies) , 1909 n° 72 p. 1014-1016. Les Saints-Anges (Annales du Prieuré Saint-Michel), 1930, n° 68, p. 4-7. Notices Biographiques