Un premier parcours classique.
Joseph Bouchend’homme est né le 13 avril 1920 à Etrun, dans le Pas-de-Calais. Il est le dernier d’une famille de quatre enfants. Les parents, petits fermiers assez aisés, laissent une liberté de choix complète à Joseph à l’égard de sa vocation, mais la maman aurait bien voulu le savoir plus proche, au séminaire d’Arras par exemple, d’après un rapport du temps. Dès l’âge de 11 ans, en 1931, Joseph entre à l’alumnat du Bizet (Belgique) et il poursuit ses humanités à Clairmarais (Pas-de-Calais), de 1934 à 1936. Il a alors seize ans et part pour le noviciat des Essarts (Seine-Maritime), situé près de Rouen. Sa prise d’habit a lieu le 27 septembre 1936, il prend le nom religieux de Frère Marie-Daniel. Il y prononce ses premiers vœux le 3 octobre 1937. Durant ces années de formation, les rapports sur lui font état surtout de sa jeunesse d’âge et de caractère, mais aussi de ses qualités de travailleur. La bonne volonté ne manque pas et il est soigneux dans tout ce qu’il fait. Il manifeste sans doute trop de réserve avec ceux qu’il connaît, par timidité sans doute. Le Frère Marie-Daniel, par la suite appelé simplement Daniel, passe une année à Layrac (Lot-et-Garonne), de 1937 à 1938, où il fait l’année complémentaire et réussit à passer le baccalauréat ès-lettres. Il commence ses études de philosphie scolastique à la maison Saint-Jean de Scy-Chazelles (Moselle), jusqu’à la guerre. Il prononce ses vœux perpétuels à Lormoy (Essonne) le 29 septembre 1942 et il est ordonné prêtre par Mgr Pie Neveu, le 12 juin 1943, à 23 ans!
Dans les drames d’une époque troublée.
En raison du S.T.O. (recrutement forcé des Français réquisitionnés pour travailler dans des usines allemandes), on demande au Père Daniel de faire sa quatrième année de théologie au grand séminaire d’Arras (1943-1944). En même temps, il est surveillant à l’orphelinat du Père Halluin. Dans cette première année de ministère, il vit une épreuve qui le marque durablement : sur un des lieux où les enfants vont jouer, une grenade trouvée par l’un d’eux explose au milieu du groupe. Les victimes sont nombreuses, frappées de blessures diverses et certaines même subissent des amputations. La présence du Père Daniel est si forte que plus d’un garde des liens avec lui jusqu’à la fin de sa vie. Une semaine après ce drame, le Père Daniel perd son père.
Services et responsabilités apostoliques.
De 1944 à 1974, le Père Daniel est affecté à l’enseignement dans les classes de troisième, seconde et première, successivement dans les maisons où il est envoyé &nbps:: Soisy-sur-Seine (Essonne), Les Essarts (Seine-Maritime), Clairmarais (Pas-de-Calais), Le Bizet (Belgique), Lambersart (Nord), Soisy à nouveau et enfin Lille (Nord). En ces différents lieux, il enseigne le français, le latin, le grec et l’anglais pour lequel, en particulier, il sait prendre du temps pour compléter sa propre formation. C’est un bon pédagogue, consciencieux, scrupuleux même. Un de ses anciens élèves témoigne &nbps:: * Je l’ai eu comme professeur, il avait en même temps un souci important de la discipline et ne permettait aucun chahut. Il devait être à la fois souple et ferme +. Lui-même avoue&nbps: : * Comme enseignant, j’ai fait ce que j’ai pu avec bonne volonté et conscience et j’accueillais mes nominations avec obéissance +. Après ces trente ans d’enseignement, on lui demande un service paroissial, dans le diocèse de Lille, secteur de Merville. Il reste dans cette région, dépendant de la communauté de Lille, rue de la Digue, durant 10 ans, de 1974 à 1984. Il rejoint alors la maison des Essarts, devenue Centre d’accueil, pour deux ans. Puis, de 1986 à 1995, il est appelé comme aumônier des Petites Sœurs de l’Assomption à Songeons, dans l’Oise. * J’ai accueilli ce nouveau ministère auprès des personnes âgées comme un service fraternel qui m’a beaucoup apporté &nbps:+ souligne-t-il.Le temps de la retraite.
Sa santé se fragilise et ainsi le Père Daniel arrive à la maison des aînés de Layrac, le 20 février 1996. On y dit de lui qu’il est un frère discret, fidèle, tant que cela lui a été possible, à tous les rendez-vous communautaires. Vers la fin, son regard disait alors sa présence et une ferme poignée de main disait sa communion. Lui précise&nbps : * Je perds souvent la mémoire, je suis souvent absent, mais les frères et le personnel sont si proches de moi et si compréhensifs que je voudrais pouvoir leur dire un profond merci&nbps: +. Les derniers temps, le Père Daniel ne peut plus s’exprimer par la parole, mais il reste très présent à son entourage. Il s’endort paisiblement le 19 septembre 2002, nous laissant un visage rayonnant de paix, dit son Supérieur, le Père Jean Exbrayat. Pour les obsèques qui ont lieu le 23 septembre suivant, de nombreuses communautés sont représentées&nbps: : Agen, Bordeaux, Toulouse. Des neveux et nièces du Père Daniel font le déplacement ainsi que des amis, anciens de la maison du Père Halluin. Le Père Jacques Nieuviarts, représentant le Conseil Provincial, assure l’homélie, soulignant au passage qu’il restera du Père Daniel ce qu’il a donné. Le Père Jacques a en effet connu le Père Daniel comme professeur lorsqu’il était alumniste à Lambersart, relevant combien étaient grande sa discrétion et parfois méticuleuse sa ponctualité. Les restes mortels du Père Daniel reposent au caveau de la communauté, au cimetière de Layrac.
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