Daniel (Louis-Constant) VANEECKE – 1864-1935

Notre-Dame des Châteaux,
1890.
« Je suis à N.-D. des Châteaux depuis hier soir, après m’être arrêté deux
jours à Brian. Je vous demande maintenant la permission de vous ouvrir
mon cœur tout simplement et, croyez-le bien, sans aucun dessein de
récrimination. Je suis dans un état de prostration absolue et en butte aux
tentations les plus effrayantes au sujet de l’état religieux. J’espère
qu’avec le secours de Dieu, je résisterai, mais en attendant quelle
torture! Je ne m’attendais nullement à ce coup, car en toute franchise
j’avais fait des efforts et j’étais arrivé à des résultats. Certes je
m’étais encore emporté, mais ce n’étaient point des éclats violents, mais
plutôt des difficultés d’élèves à
professeur. Avant d’être prêtre, il m’est arrivé des scènes pénibles, mais
je me
surveillais. Depuis votre passage à Nîmes, j’ai commis des maladresses,
mais il n’y a pas eu d’éclat. Oui, je me soumets, mais comme la nature se
révolte en moi, que j’ai de peine à ne pas me décourager! Je vous ai sans
doute causé de la peine pour que vous m’ayez frappé si
rudement. Je vous en demande pardon, mais je vous prie de m’aider à me
relever, car je ne puis rien». P. Daniel.

Religieux de la Province de Paris. De l’enseignement à la prédication et à la presse. Louis-Constant Vaneecke est né le 28 novembre 1864 à Allouagne (Pas-de-Calais). Il est admis à l’alumnat de Clairmarais (Pas-de-Calais) en février 1878. Il y fait ses études secondaires jusqu’en 1882. Il part ensuite en Espagne, à Osma, pour le noviciat. Il reçoit l’habit le 6 août 1882, sous le nom de Frère Daniel, et prend part au fameux pèlerinage à pied des novices à Saint-Jacques de Compostelle. Profès annuel en 1883, il prononce ses voeux perpétuels le 15 août 1884. On l’envoie ensuite à Rome pour ses études ecclésiastiques (1884-1888). Il y prépare un doctorat en philosophie et il y reçoit les premiers Ordres. Aux vacances scolaires de l’année 1888, il est envoyé comme professeur à l’alumnat d’humanités de Nîmes (Gard). Il est ordonné prêtre à Nîmes le 23 décembre de cette année 1888. Sa voie semble tracée pour l’enseignement: alumnat de Nîmes (1888-1890), alumnat Notre-Dame des Châteaux en Savoie (1890-1891), un court remplacement à Taintegnies en Belgique, Clairmarais (1892-1893). Il vient résider une année à Paris, année durant laquelle il suit des cours à l’institut catholique pour préparer une licence de lettres (1894-1895). Il revient encore à Nîmes, cette fois au collège, où il enseigne jusqu’en 1914, c’est-à- dire pendant 20 ans. Outre les obligations de son service d’enseignement, le P. Daniel s’adonne à un ministère de prédication et de direction spirituelle. Durant les années de la grande guerre, il est nommé supérieur de la maison de Bordeaux (Gironde), puis à Marseille (Bouches-du-Rhône), de 1918 à 1925. Il est appelé alors à Paris, sa dernière résidence, où, comme à Marseille, il est chargé d’un bureau de presse catholique qu’il a lui-même fondé, sans se dispenser pour autant d’un ministère de prédication assez prenant. Page :195/195 Dès l’année 1892, le P. Daniel est une figure du Pèlerinage National de Lourdes, aux côtés du P. Picard. Sa voix puissante, convaincue, émouvante, dirige la prière des foules sur l’esplanade du Rosaire pendant les processions du Saint-Sacrement (1). De longues années, il ne cesse de jeter ces acclamations aux échos de la montagne et aux foules assemblées devant la basilique du Rosaire et l’on sait avec quel enthousiasme, quelle émotion et quelle foi elles sont répétées par l’immense multitude. C’est merveille d’entendre sa voix claironnante et jamais défaillante porter l’hosanna jusque bien au-delà de la Vierge couronnée et monter à l’assaut des rampes et de la montagne des Espélugues. Mais ce qui surtout nous prend au cœur et nous force à prier, c’est l’accent irrésistible de sa supplication. Que de larmes ne fait-il pas couler! Une fois sa rude besogne achevée, il regagne sa petite chambre de l’hôpital de Notre-.Dame des Sept-Douleurs. Il veut se soustraire à la curiosité des pèlerins et, pour se reposer des acclamations, il récite pieusement son bréviaire. Le P. Daniel est l’homme le plus connu de Lourdes, à l’époque du National. Il prêche une retraite au noviciat des Oblates à Sèvres (Hauts-de-Seine) quand une crise d’angine de poitrine l’oblige à interrompre ses instructions. Reconduit aussitôt à Paris, il meurt inopinément à la résidence de la rue Camou dans la nuit du 27 octobre 1935, à l’âge de 71 ans. Il est inhumé dans la concession de l’Assomption au cimetière parisien de Montparnasse, le mercredi 30 octobre, après la cérémonie religieuse faite en l’église de Saint- Pierre du Gros-Caillou. (1) C’est un prêtre du diocèse de Montauban, l’abbé Auguste-Basile Lagardère qui a l’idée d’organiser à Lourdes une manifestation eucharistique avec une procession accompagnée ou scandée par des acclamations. Le 22 août 1888, il fait part de son idée à un sulpicien, l’abbé Dominique Sire, celui qui a fait traduire en toutes les langues la bulle pontificale proclamant l’Immaculée-Conception. L’un et l’autre poussent le P. Picard à faire droit à cette suggestion. Ce dernier charge alors le P. Edmond Bouvy de choisir dans l’Evangile des textes appropriés que l’imprimerie de la Grotte édite aussitôt sous la forme de feuilles volantes, faciles à distribuer à la foule. Le mouvement est lancé. Le P. Daniel qui a une voix forte et propre à émouvoir va s’identifier avec cette fonction de proclamation pendant de nombreuses années. Page :196/196

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Lettre à la Dispersion, 1935, no 608, p. 441-448; no 618, p. 537-552; n 619, p. 556-559. Maison de l’Assomption, Nîmes, janvier 1936, no 9, p. 31-33. Journal de la Grotte de Lourdes, 19 janvier 1936. Notice biographique par le P. Marie- Alexis Gaudefroy. L’Assomption et ses (Euvres, 1936, no 417, p. 244-246. Lettre du Père Daniel Vaneecke au P. François Picard, Notre-Dame des Châteaux, 8 février 1890. Du P. Daniel Vaneecke, dans les ACR, discours de distribution des prix (1897 , 1907, 1912), panégyrique de st Augustin (1930), du P. Picard (1931), correspondances (1883- 1933), rapports sur,Marseille (1921), circulaires et rapports sur des bureaux de presse catholique (1927-1934), sermons à diverses périodes. [Sur les pèlerinages à Lourdes, cf l’étude de Ruth Harris, Lourdes, Body ans Spirit in the secular age, The Penguin Press, 1999, 474 p.].