Denys GONTHIER – 1921-1980

Thésard fortuné.
« Je viens vous demander, mon père, la permission de faire publier ma
thèse. Je vous l’ai montrée très rapidement, à Mongré, à la Probation en
1957. Comme vous le savez, elle m’a valu un doctorat à l’Université de
Madrid, sous la direction du Doyen de la Faculté de philosophie, Don
Francisco Maldonado, Directeur des Anales Cervantinos. Il m’a encouragé à
la publier, mais je l’ai laissé dormir trois ans. Le professeur Ruiz de
Middlebury m’a demandé de la lire. Lui aussi, critique sévère pourtant,
m’en
a recommandé la publication. J’ai donc entrepris les démarches, d’abord
auprès du P. Armand Desautels, ensuite auprès du P. César Vaca, O.S.A., mon
grand ami de Madrid qui s’était déjà offert pour gérer cette affaire à ma
place, gratis pro Deo. Le P. Vacaest l’auteur lui-même d’une quinzaine de
livres et rédacteur de la revue augustinienne religion y Cultura. Il m’a
trouvé un éditeur, Julio Guerrero, de la maison Studium de Madrid et Buenos
Aires. Il publie des livres religieux et culturels, notamment des
traductions de livres américains, ceux du Father Raymond, Trappiste. Le P.
Ernest Fortin en est le censeur ».
P. Denys, 1961.

Denys A. GONTHIER

1921-1980

Religieux de la Province d’Amérique du Nord.

Evocation fraternelle.

Denys A. Gonthier est né le 23 décembre 1921 à Amesbury (Massachusetts): il connaît les Assomptionnistes au collège de Worcester où il fait le ‘cours accéléré’. Déjà ses dons de poète et de linguiste se manifestent. Il étudie, en marge des conjugaisons latines, le vocabulaire des langues italienne et espagnole, réalisant ainsi ses premiers essais poétiques. C’est à Québec que Denys fait son noviciat (1942-1943) et qu’il prononce ses premiers vœux le 19 mars 1943. Il poursuit ses études théologiques à l’Université Laval. Profès perpétuel le 19 mars 1946, il est ordonné prêtre le 19 mars 1948 à Québec, dans la chapelle du Montmartre Canadien. Puis débute sa seule carrière d’ordre professionnel, celle de professeur. Il a sur les étudiants de Worcester une influence remarquable: il devient bientôt le ‘directeur spirituel’ d’un très grand nombre de jeunes. Ses qualités d’écoute, la profondeur de son intuition, son ouverture et sa discrétion attirent vers lui des jeunes avides de vie spirituelle profonde. Plusieurs de ses dirigés parviendront au sacerdoce et à la vie religieuse. Telle est la marque de son ministère sacerdotal, parfaitement intégré à sa vie d’enseignant. Le Père Denys n’en minimise pas pour autant sa propre formation supérieure: il est désireux d’obtenir des grades universitaires. Il décroche plusieurs diplômes, en langues romanes, en gestion de bibliothèque et en français. Il défend une thèse doctorale à l’Université de Madrid en 1957 et obtient de la publier en 1962 sous le titre de El Drama psicologico del Quijote. Connu et aimé pour ses traits originaux, le Père Denys se fait surtout remarquer en communauté pour ses retards légendaires, surtout à une époque où la ‘régularité’ de type monastique est encore une des grandes vertus de la vie commune.

On raconte qu’un jour, les religieux, arrivant en rangs serrés au réfectoire, le trouvent déjà à sa place et, du coup, se prosternent tous pour baiser la terre! Inversion doublement surprenante par rapport aux habitudes! L’intérêt du P. Denys pour la littérature espagnole le conduit à fréquenter en priorité les grands mystiques de langue espagnole, mais sans oublier Saint Augustin. Cette recherche devient pour lui une passion, si bien qu’il peut offrir un cours spécialisé en cette matière au collège de l’Assomption à Worcester et au Boston Collège. On retrouve sa fibre enseignante dans la liste des cours enseignés: langues française et espagnole, littérature mystique espagnole, explication de textes français, théologie mystique, littérature française. Il ne cesse, jusqu’à la fin de sa vie, d’entreprendre des recherches en ce sens, notamment à l’Université de Berkeley en Californie. Toujours de santé un peu fragile, le Père Denys ne présente pas de symptômes particuliers de maladie, lorsque subitement son cœur donne des signes de faiblesse. En moins de 24 heures, le Père termine sa course terrestre, dans une sérénité et une joie remarquables. Quelques instants avant sa mort, on l’entend chanter: ‘Entre tes mains, Seigneu,r, je remets mon esprit’. Il meurt le 13 janvier 1980, à Oakland (Californie). Il n’a que 58 ans. Ses funérailles, précédées de l’Office des Morts qu’il a lui-même composé quelques mois auparavant, sont célébrées à la chapelle du collège de Worcester. Le souvenir de ce religieux poète et mystique, de cet ami et conseiller spirituel si prisé, rassemble près de 400 personnes dans une liturgie solennelle, empreinte d’émotion paisible. C’est l’ultime adieu de la part de ceux que le Seigneur a touchés de la grâce du ministère pastoral du P. Denys et qui ont bénéficié de ses aptitudes à la relation humaine, à la fois sensible et attachante. Le P. Bourque conclut ainsi l’homélie des obsèques, résumant la physionomie spirituelle du P. Denys:

Happy New Year! Health and peace!

Joy and peace! Love and peace!

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Documents Assomption, Nécrologe (1) 1975-1980, p. 89. Note du P. Robert Fortin, The Assumptionists (s.d.). Lettre du P. Denys Gonthier au P. Wilfrid Dufault, 23 mai 1961. Assumption North America, february 5, 1980, p. 7-10. Assumptionists Deceased in North America, 1995, p. 10. Dans les ACR, du P. Denys Gonthier, quelques correspondances (1960-1962). Le P. Denys est l’auteur de l’ouvrage El drama psicologico del Quijote, Madrid, 1962. Notices Biographiques