Didier (Noel Marie Frédéric) NEGRE – 1877-1953

Candidat municipal, 1929.

« Le P. Didier Nègre a été vivement sollicité par le
Comité de concentration républicaine de Saint-Denis de vouloir
bien se laisser inscrire sur la liste des candidats aux élections
municipales, avec appui gouvernemental et succès
assuré. Cette liste bariolée va des socialistes au P. Didier:
toutes les couleurs de l’arc-en-ciel, sauf le rouge foncé qui
est la couleur fondamentale de la ceinture parisienne. On
veut surtout faire bloc contre le communisme. Le P.
Didier a décliné l’honneur et l’onus, n’ayant pas le temps
d’assister aux séances du Conseil qui ont lieu le soir trois fois
par semaine et durent jusqu’à minuit, et ne voulant pas du
reste compromettre son action apostolique auprès de ses
nombreux paroissiens communistes. Alors on l’a prié de
désigner trois candidats dont il serait le parrain. Ces
insistances sont du moins la preuve de la popularité du P.
Didier dans les milieux de la ceinture rouge ».

Lettre à la Dispersion, 1929, n° 305, p. 115.

Notices Biographiques A.A

Religieux de la Province de Paris. De Chanac à Vinovo. Né sur un causse de Lozère, à Chanac, la nuit de Noël le 24 décembre 1877, Noël-Marie-Frédéric Nègre est un enfant robuste, d’une nature solide comme la roche lozérienne. De 1891 à 1896, il fréquente le petit séminaire de Mende, puis de 1896 à 1900 le grand séminaire où il étudie la philosophie et commence la théologie. Le 15 août 1901, il prend l’habit au noviciat de Gemert aux Pays-Bas, prononce ses premiers vœux l’année suivante, le 28 août. Il est envoyé comme professeur au Breuil (Deux-Sèvres), de 1902 à 1905, et se rend à Louvain pour la théologie (1905-1907). Il est admis à la profession perpétuelle le 7 mars 1907 et il est ordonné prêtre la même année, le 21 décembre, par le cardinal Mercier. Il est envoyé enseigner à l’alumnat de Zepperen (1907-1909), avant de connaître celui de Vinovo, d’abord comme professeur de 1909 à 1913 puis comme supérieur de 1913 à 1919. La France le revoit en 1922, à Lorgues (Var): il s’y consacre jusqu’en 1926 à la formation d’une maison de vocations tardives. Saint-Denis: quêteur, recruteur et pasteur d’âmes. En 1926, une Mlle Meissonnier, nièce de Mgr Chesnelong, archevêque de Sens, offre à l’Assomption une chapelle, un immeuble et un terrain sur le territoire de la commune de Saint- Denis, aux portes de Paris. C’est la chapelle Saint- Gabriel et ses dépendances du boulevard d’Ornano de l’époque. Le 15 août 1926, la Congrégation, en accord avec l’autorité diocésaine du cardinal Dubois, s’engage en acceptant. Le P. Didier est l’homme tout désigné pour réaliser un vaste programme: créer une oeuvre de vocations tardives sur place, quêter auprès des milieux fortunés des finances pour fonder un alumnat dans son pays natal, Chanac (1), Page : 29/29 et animer une chapelle de quartier dans un milieu déchristianisé, très populaire et marqué par l’empreinte communiste. Quelque 120 jeunes prêtres, séculiers et religieux, sortiront de l’œuvre de Saint-Denis. Le Père se met à conquérir ce coin déshérité de la plaine de Pleyel sur le plan spirituel. Au fil des années, il catéchise, monte des patronages et des colonies, visite les familles, transforme les relations avec les gens et se trouve à l’aise dans cette population, accueilli, reconnu et estimé par tous, toute étiquette politique étant mise à part. En 1940, il doit évacuer, par prudence, les jeunes qui sont scolarisés dans d’autres secteurs moins exposés, mais la chapelle Saint-Gabriel reste ouverte. En 1944, le quartier de Saint-Denis est bombardé, la maison endommagée, les abords déclarés zone insalubre. Le P. Didier qui a voulu continuer à partager les conditions de vie de la population, est préoccupé surtout de donner refuge aux malheureux qui n’ont plus de toit. Il cherche des refuges. Chanac forme tin premier site de repli, Béthisy-Saint-Pierre (Oise) pour les filles. Dans une pauvreté accrue par les circonstances, le P. Didier se maintient à Saint-Denis dans une maison recouverte de tôles qui laissent couler des filets d’eau jusqu’à sa table de travail dès que neiges ou pluies assombrissent le ciel. Il endure cette situation incommode pendant 7 années. Privations, efforts, soucis de tous ordres ont beaucoup demandé à l’organisme du P. Didier, pourtant solide. Son cœur faiblit avec les années, des crises cardiaques se renouvellent sans qu’il se repose. La Faculté recommande repos et prudence, son activité sien trouve limitée et son âme souffre. Le Père Didier ne peut quitter ses protégés de Béthisy. Le cardiologue a beau l’arrêter, le P. Didier reprend visites et célébrations. Il meurt d’épuisement le dimanche 10 mai 1953, après avoir accueilli sur le soir à Saint-Denis des neveux et des bienfaiteurs qu’il n’a pas voulu décevoir. Ses obsèques sont célébrées avec un grand concours de participation populaire du quartier, le mercredi 13 mai. Sur demande de la famille, le corps du P. Didier est ramené dans sa terre natale à Chanac (Lozère), le lendemain 14 mai. on peut dire du P. Didier qu’il a été un apôtre de banlieue, avant que soient portées une attention et une réflexion pastorales sur ce milieu, notamment dans les années d’après guerre. Page : 30/30

Bibliographies

Bibliographie et documentation- B.O.A. juin 1954, p. 69. Lettre à la Famille 1953, no 161, p. 94-96. L’Assomption et ses OEuvres, 1954, no 500, p. 15-18. Mon Etoile (bulletin de Chanac), 1953, no 32, p. 1-3. Du P. Didier Nègre, rapports sur Vinovo (1913-1920), sur Saint-Denis (1926-1934, 1937 à 1942, 1946-1952), correspondances (1903-1944). Le P. Didier Nègre a écrit une notice historique sur la fondation de Saint-Denis. (1) Pour la vie de cet alumnat, de sa fondation à sa fermeture, se reporter aux articles parus dans l’Assomption et ses (Euvres: 1936, no 424, p. 354-357; 1959, no 518, p. 27-29 et 1965, no 541, p. 24-25. Notices Biographiques