Dieudonné (Raoul) DAUTREBANDE – 1890-1970

Assistant démissionnaire :
« Je me fais un religieux devoir de filiale délicatesse de vous adresser
ces quelques mots, à la veille de la finale de l’affaire de ma démission.
Ce mot voudrait être tout de respectueuse demande de pardon autant que de
reconnaissance. Chacun de vous n’a pas manqué
d’exprimer son regret du geste que j’ai accueilli, et je crois bien deviner
tout ce à quoi s’applique ce regret exprimé. Je ne le détaille pas, mais je
ne suis pas sans mesurer – et je l’ai mesurée – la gravité de la chose en
elle-même et dans
ses suites, ainsi que en raison de bien des circonstances. Cette gravi té
cependant n’a pas empêché ma persévérance à vouloir ce que j’ai voulu. Il a
fallu pour cela que pèse dans mon cœur de religieux, dans ma conscience,
une pensée, une conviction et des raisons sérieuses pour que j’en reste à
faire pencher la balance du côté de ma décision prise, mais aussi le
contre, le bien de l’Institut, vos désirs, le choix des capitulants et la
joie à être l’un, quoique le moindre, des 4 assistants de la Curie. De tout
cela je demande pardon et aussi de la peine que je vous ai causée ».
P. Dieudonné, Paris, 12 sept,
1946.

Dieudonné (Raoul) DAUTREBANDE

1890-1970

Religieux belge, provincial de Belgique-Hollande, assistant général.

Un ‘fils’ du P. Merklen.

Raoul Dautrebande est né à Biesmes le 15 janvier 1890, en Belgique, province de Namur. Il entre à l’alumnat de grammaire de Bure (1903-1906) et poursuit ses humanités à Taintegnies (1906-1908). Il reçoit l’habit à Louvain le 28 août 1908 et prend le nom de Frère Dieudonné. Sa première profession se déroule à Gempe le 28 août 1909, de même que sa profession perpétuelle l’année suivante, à la même date. Après une année entière consacrée au repos, prescrit par le médecin, il vient à Louvain étudier la philosophie (1911-1914) et fait partie de ces jeunes religieux enthousiasmés par l’équipe enseignante du P. Merkien pour lequel il garde un souvenir admiratif toute sa vie. Il se lie également d’une grande et belle amitié à Louvain avec le futur Père Cassien Dubost. Il étudie également à Louvain la théologie de 1914 à 1917, où il est ordonné prêtre le 20 mai 1917. Ses Supérieurs lui demandent le service de l’enseignement à Sart-les-Moines (1917-1919), à Vinovo en Italie (1919-1920), ensuite à Zepperen (1920-1921), puis à nouveau à Sart-les-Moines (1921-1922) où il est nommé supérieur de 1922 à 1928. Religieux de grande distinction, très affable, toujours soigné de sa personne, il manifeste une sorte de prédilection pour les voations tardives, veillant de près à leur formation spirituelle, préparant par écrit leur méditation guidée. Il donne à ses élèves des leçons de savoir-vivre et des informations sur l’actualité. Le dimanche, on apprécie son cours de religion, toujours terminé par un résumé dicté. Son soin pour la liturgie, son goût pour l’animation théâtrale lui donnent une réputation qui dépasse les murs des alumnats. Le P. Diedonné veille particulièrement à l’animation du pèlerinage annuel à St Michel (Sart-les-Moines),

préparé par une neuvaine. Sa dévotion pour la petite Thérèse de Lisieux est connue. Grâce au P. Dieudonné, le vieux prieuré de Saint-Michel s’enrichit de constructions nouvelles et connaît sa période de plus forte influence. En 1928, il devient supérieur de la communauté de Bruxelles, économe, chapelain de la Madeleine, assistant du P. Norbert Claes (1929). Assidu au ministère de la confession, il est choisi comme directeur spirituel par de nombreuses personnes.

Supérieur Provincial de Belgique-Hollande.

En 1937, par suite de la maladie du P. Norbert Claes le P. Dieudonné lui succède comme Provincial. Il n’en délaisse pas pour autant ses différents ministères, dont celui de direction d’une Congrégation mariale. Religieux attentionné pour ses confrères, il se soucie concrètement de leurs activités apostoliques, mais également de leurs conditions de vie et de leurs relations familiales. Il veille particulièrement à la récollection mensuelle, aux instructions du chapitre hebdomadaire, aux discussions des ‘cas de conscience’. Il n’oublie pas la formation religieuse des frères coadjuteurs pour lesquels il assure un entretien bimensuel.

Reprise d’un ministère direct en Belgique et en France.

En 1946, il est élu 3ème assistant général de la Curie, mais le manque d’activités apostoliques, la nostalgie du pays et des liens très étroits avec ses dirigées, notamment une visionnaire sans doute ‘dérangée’, l’incitent à donner sa démission au bout de 6 mois (septembre 1946). Rentré en Belgique, un peu ‘suspect’ à cause de cet abandon de charge, il est nommé à Bure et, en 1949, supérieur du couvent de Marie-la-Misérable à Woluwé. En 1952, il obtient l’autorisation d’être nommé curé en France dans des paroisses largement déshéritées, aux Ségauds-Monétay (Allier). En 1954, il passe à une paroisse voisine, Busset. Les vacances le conduisent annuellement à Bruxelles, Saint-Nicolas-Bourse, où il quête en faveur de son église bien démunie. Souffrant d’un ulcère à l’estomac, il se décide à une intervention chirurgicale (Vichy). Une hémorragie, provoquée par une toux violente, l’emporte en quelques jours. Il meurt le 17 janvier 1970, à l’âge de 80 ans. Ses obsèques, présidées par l’évêque de Moulins, Mgr. Bougon, sont organisées sur place (Busset) le 21 janvier suivant. Il y est inhumé. Deux religieux de Belgique, les PP. Corbisier et Martin se joignent à la quarantaine de prêtres concélébrant.

Bibliographies

Bibliographie et documentation : B.O.A. novembre 1970, p. 150. Belgique-Sud-Assomption, février 1970, n° 44, p. 1424. Belgique-Sud-Assomption, mai 1970, n° 46, p. 1490-1496. Rome conserve dans ses archives une abondante correspondance du P. Dieudonné (1912-1965), importante notamment pour la période de son mandat de Provincial (1937-1946) et pour connaître la situation des communautés de Belgique-Hollande, pendant les années de guerre 1939-1945. C’est aussi en 1946 que la Hollande devient un Province autonome, en 1963 que se séparent Belgique-Nord et Belgique-Sud. Le 14 août 1963, il écrit pour demander son rattachement à Belgique-Sud et faire part de sa peine pour cette division: ‘Ce m’est un coup au cœur, mais je ne suis plus à la page pour en saisir le fond’. Notices Biographiques