Dimitri YANEV BAKARDJIEV – 1875-1947

Mostratli, 1902.
« Les P. Gabriel et Dédo Krissanti me demandent le service de vous écrire
cette lettre pour vous transmettre quelques informations. La vie qu’ils
mènent avec le P. Norbert
[Mathieu] est vraiment insupportable et nous en sommes tous là. Il faut
patienter, il est vrai, et se supporter mutuellement, mais la patience de
l’homme n’est pas infinie. Entendre un Supérieur
crier et gronder tous les jours et quelquefois pour des niaiseries,
n’est-ce pas insupportable? Notre sentiment est que le P.Norbert se crée
dans la tête des histoires, mais nous vous laissons juge d’apprécier vous-
même les faits. Les ouvriers
sont en train de bâtir la nouvelle sacristie, en ouvrant une fenêtre dans
le mur qui donne sur la rue. Les jours de fête, je préférerais garder les
vaches ou les brebis pour avoir la paix et la tranquillité! Le P. Norbert
prétend savoir les cérémonies du rite slave en observant les rubriques
telles qu’elles sont indiquées sur les livres liturgiques, mais il
manifeste
son mécontentement parce qu’il trouve que nous sommes trop lents dans
l’exécution des chants et il se met à chanter derrière l’iconostase en
précipitant les litanies dont nous savons les notes mieux que lui … ».
P. Dimitri.

Religieux bulgare de la Province de Lyon. Au service de la mission slave à l’Assomption. Dimitri Yanev Bakardjev (1) est né le ler septembre 1875 (2) dans le petit village d’Elia-Gunu, voisin de la ville de Malgara, à proximité de la Mer de Marmara en Thrace bulgare. Encore enfant, orphelin, il entre au service de Mgr Petkov qui le confie aux Assomptionnistes, à l’orphelinat d’Andrinople où il séjourne quelques années. Vers 1887, Dimitri entre à l’alumnat Saint-Jean de Phanaraki en Turquie, situé sur la rive asiatique de Constantinople. Selon la coutume, abandonnée puis reprise pour les humanistes en 1900, il commence à porter l’habit religieux en tant qu’alumniste en 1888. C’est le 21 novembre 1897 que le P. Félicien Vandenkoornhuyse lui donne l’habit au noviciat de Phanaraki où il prononce ses premiers vœux le 8 décembre 1898 et ses vœux perpétuels, le 8 décembre 1900. Après sa première profession, le Frère Dimitri est envoyé à la mission de Yamboli (18981902). En 1902, il passe à celle de Mostratli qui se trouve à sept heures de trajet d’Andrinople’. Mgr Petkov a fait attribuer par Rome à l’Assomption un vieux monastère et la paroisse de Mostratii. Le Frère Dimitri s’y occupe de 1902 à 1904 de la petite école du village et des quelques enfants qui se préparent à entrer à l’alumnat de Karagatch. Il y reçoit en particulier le petit Nicolas (Koliou) Kourtev, futur évêque titulaire de Brouila sous le nom de Mgr Cyrille, administrateur apostolique des catholiques de rite slave pour la Bulgarie et la Thrace. C’est durant ses années de service d’enseignement que le Frère Dimitri se prépare à l’ordination sacerdotale en étudiant par lui-même la théologie. Il est ordonné prêtre pour le rite slave par Mgr Petkov, à Karagatch, le 19 octobre 1904 (3). Religieux doué d’un grand bon sens, animé d’une fervente piété, il n’a pas bénéficié d’une formation théologique très poussée Page :401/401 mais il a su très bien compenser par sa piété, son amour du travail et son humilité, au témoignage de l’abbé Nicolas Bajadarov, ex-alumniste de Karagatch en 1890 devenu prêtre séculier, ce qui pouvait manquer à sa formation intellectuelle. À partir de septembre 1904, le P. Dimitri passe au service de l’alumnat de Karagatch où il s’occupe plus particulièrement des petites classes et du recrutement. Très aimé des jeunes, il n’hésite pas à faire la vaisselle avec eux et à leur donner de nombreuses leçons pratiques d’ordre et de propreté. Quoique de haute taille et robuste en apparence, le P. Dimitri ne jouit que d’une voix faible mais agréable. De son enfance il se rappelle les chants liturgiques et se perfectionne toute sa vie dans l’étude de la musique orientale à la notation si différente de celle des solfèges d’Occident. Il ne plaint pas sa peine pour les répétitions liturgiques auprès des alumnistes, accordant une place importante à la préparation des chants et des cérémonies de rite slave Il a soin également d’aider pour l’économat le P. Saturnin Aube, à la fois supérieur et économe de Karagatch. Son tact et sa qualité de bulgare sont bien utiles au moment des perquisitions et des expulsions par les Turcs en 1914. Le 23 novembre 1914 au soir, il est du nombre des 5 religieux, des 45 Sœurs Oblates et des pensionnaires qui doivent trouver refuge au collège Saint-Augustin de Philippopoli. Il peut cependant en compagnie du P. Saturnin, mobilisé mais en sursis, rejoindre son poste à Karagatch. En 1921, il est envoyé à Yamboli pour quelques mois avant de retourner à Philippopoli comme surveillant au collège. C’est sa dernière résidence jusqu’à sa mort, le 2 mai 1947, après avoir été visité par la maladie. Il est inhumé le lendemain soir 3 mai au cimetière de Plovdiv, dans la concession des Religieux. (1) Autres transcriptions trouvées de son nom: Dimitri Ianeff (Ianef) Bakeurdjief. (2) C’est la date écrite de sa propre main sur le bordereau de sa première profession. D’autres documents indiquent comme date de naissance le 16 août 1875. (3) Selon la date indiquée sur le formulaire de son appel à la prêtrise. Mais on trouve aussi une autre date, en raison sans doute du double calendrier en usage, latin et oriental. Page :402/402

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Lettre à la Famille, juin 1947, n° 30, p. 141-142. Lettre rapport du P. Dimitri Yanev au P. François Picard, Mostratli, 25/8 mai 1902 (date donnée selon le double calendrier latin et oriental). Du P. Dimitri Yanev dans les ACR, quelques correspondances (1902-1903).