Religieux français.
Une trajectoire interrompue et reprise.
Auguste Chaurand est natif du pays du P. d’Alzon, Le Vigan (Gard) où il vient au monde le 4 novembre 1861. De 1874 à 1881, le jeune Auguste connaît la vie errante des alumnats: Notre-Dame des Châteaux, Arras, Alès et Clairmarais. Il entre au noviciat d’Osma en Espagne sous le nom de Frère Dominique le 2 octobre 1881 et y prononce ses vœux perpétuels le 2 octobre 1883. A la fin du mois, le Frère Dominique se trouve déjà à Smyrne pour la tonsure. Les supérieurs l’ont envoyé en Orient pour sa formation ecclésiastique, à Kadi-Keuï où il fait également fonction d’économe pour la communauté de 1883 à 1887. Il est ordonné prêtre à Rome le 17 décembre 1887. Il obtient le grade de docteur en droit canon. On le retrouve deux ans plus tard de nouveau en Orient où il remplit la charge d’économe pour toute la Mission d’Orient (1889-1891). Il est envoyé ensuite à la fondation d’Ismidt en Turquie (1891-1899) avant de faire ses preuves comme missionnaire dans le nouveau monde, à Santiago du Chili en 1900. Que se passe-t-il ensuite? Les lettres du P. Picard où il est fait mention de ce religieux ne manquent ni d’éloges ni de reproches: « Le P. Dominique est bon, actif, mais il n’est pas toujours bien élevé et il fait souffrir par ses façons d’agir et quelquefois même par certaines habiletés à n’en faire qu’à sa tête. Il est plein d’ardeur. Il ne sait pas assez de théologie et il est trop indiscret ». Le P. Picard d’ailleurs rencontre à plusieurs reprises les religieux d’Orient dans le cadre de ses visites canoniques régulières. Il insiste en particulier auprès du P. Dominique sur la nécessité de poursuivre des études: « Etudiez donc et veillez à ce que les livres ne moisissent pas dans la maison ». Le P. Merkien cite le P. Chaurand comme ‘une des victimes du P. Picard, mais, au vu des pièces dont nous disposons, nous ne pouvons infirmer ou confirmer ce jugement.
Quoi qu’il en soit des motifs réels de dissension entre ces deux religieux, vers l’année 1900, le P. Dominique Chaurand quitte la Congrégation et s’embarque comme missionnaire au Mexique (Oaxaca) en reprenant son identité d’abbé Auguste Chaurand. Il est certain qu’il cherche toujours à garder des liens avec quelques religieux et que son éloignement de sa famille religieuse n’entame pas son attachement profond à son égard. Au Mexique, l’abbé Chaurand vit et agit en qualité de prêtre et chapelain missionnaire. En 1905, il écrit au P. Thomas Darbois qu’il ne lui est pas possible de vivre plus longtemps au milieu de ces ivrognes et de ces malheureux. Je me confesse à un père allemand aveugle qui ne peut pas me dire deux mois. Les conditions dans lesquelles je suis sont pénibles: chapelle glacée où les bénitiers sont gelés depuis 15 jours, pas de servant, un missel de 1842, ornements en lambeaux. Je fais mon purgatoire mais je suis écœuré de l’insouciance des Pères Trappistes pour une œuvre si mal desservie. J’ai déjà vu passer plus de -50 prêtres ici, peu restent et ils se mettent à boire et à fumer. Ce n’est pas un purgatoire, c’est un enfer! ». Même si l’on peut mettre sur le compte de l’exagération un tel témoignage, il n’est pas difficile d’imaginer des conditions d’existence et de ministère très pénibles pour ce missionnaire apostolique. Ses sentiments envers l’Assomption ne varient pas, il écrit en mars 1914 au P. Hilaire Canouel: « C’est avec le plus vif plaisir que je lis notre chère Assomption et que je suis de loin les magnifiques projets de notre chère famille religieuse à laquelle je suis toujours attaché de toutes les fibres de mon âme. Je voudrais faire beaucoup plus pour nos chers novices; les circonstances difficiles actuelles du Mexique ne me le permettent pas pour le moment. Veuillez me dire de combien de francs devrait être la fondation pour assurer l’entretien d’un novice à perpétuité. Merci de l’image mortuaire du P. Vincent de Paul. Déjà je l’avais sur les murs de ma cellule, je l’avais découpée dans la Croix, celle-ci ira dans mon bréviaire rejoindre celle du P. Picard ». En 1923, l’abbé Chaurand se trouve chapelain des Sœurs du Cénacle à New York. Deux ans avant sa mort, provoquée par une crise d’urémie, l’abbé Chaurand obtient un indult, le réadmettant dans la Congrégation. Les PP. Adrien Buisson et Cassien Dubost sont présents à son chevet le 27 juin 1935, ils sont les témoins du fait qu’encore à ses derniers moments, le P. Dominique renouvelle ses vœux de religieux de l’Assomption. En 1987, ses restes sont transférés au cimetière de la paroisse Ste Anne de Stenbridge (Massachusetts).
Bibliographies
Bibliographie et documentation: Lettre à la Dispersion 1935, n° 590, p. 290. Notes sur les rapports du P. Chaurand avec le P. Picard (pièces non datées). Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Assumptionists Deceased in North America, p. 2. Les ACR conservent une très importante correspondance du P. Dominique Chaurand écrite pendant la dernière décennie du XIXème siècle, ainsi que ses rapports sur Ismidt pour le chapitre général de 1898.