Domonique (Kiriako) PAPADOPOULOS – 1889-1976

Koum-Kapou.
« Ce matin pendant la cérémonie de ma profession perpétuelle, mes
meilleures pensées et prières étaient pour la chère Congrégation à qui je
me suis donné
irrévocablement jusqu’à la mort et pour son chef bien- aimé. J’ai adressé
de ferventes prières à Dieu afin qu’Il daigne protéger toute notre famille
religieuse, surtout e ‘n ce moment que le démon cherche à mettre des
entraves au but que nous poursuivons. Je vous dois un grand merci, du fond
du cœur, de ce que vous m’avez autorisé aux vœux perpétuels si ardemment
désirés. Que je puisse rester fidèle aux obligations que je viens de
contracter de mon plein gré! Nous avons commencé à avoir des difficultés
avec les autorités. Aujourd’hui même une circulaire nous ordonne d’enlever
des classes tout insigne religieux. En quoi va consister notre rôle dans ce
pays qui nous donnait de si grandes espérances? Je suis content de mon
travail avec
mes 43 élèves et ne trouve pas le temps de m’ennuyer. Saluez bien le P.
Possidius Dauby qui est une ancienne connaissance d’Ismidt. Il n’a pas
oublié Kiriaco Papadopoulos qui était domestique en 1907. Je lui
dois en grande partie l’apprentissage de la langue française».

Notices Biographiques A.A

Religieux grec de la Province de Lyon. Un long chemin. D’origine grecque, sujet turc, Donùnique Papadopoulos (1), connu aussi sous le nom de Kiriako Uzonoglu, est né le 13 janvier 1889, à Kara- Tépé, dans les environs d’Ismidt. Son père, Adamandios, est prêtre de la religion grecque orthodoxe, pope pauvre d’une paroisse de petits cultivateurs. De longues années, il bénéficie de la part des religieux de l’Assomption du collège d’Ismidt d’une assistance matérielle qui a sans doute joué dans l’orientation de son fils, Dominique, employé selon ses propres termes comme domestique à Ismidt en 1907. Nous savons seulement que ce dernier a fait profession de foi catholique le 5 avril 1911 et qu’il est entré au noviciat de Phanaraki (Turquie d’Asie), l’année suivante en 1912. Il prend l’habit religieux le 30 janvier 1913, sous le nom de Frère Dominique. Il ne fait profession que le 30 novembre 1916, après quelques années de probation, à Héraclée près d’Athènes. Quant à la profession perpétuelle, elle date du 15 février 1924, prononcée à Koum-Kapou entre les mains du P. Clément Laugé. Affectations et résidences. La liste des résidences et affectations du Frère Dominique est assez impressionnante: Phanaraki (1913-1914), Philippopoli en Bulgarie (1914-1915) qu’il doit quitter en 1915 en raison des événements, Héraclée en Grèce (1915-1919), Ismidt (1919- 1921), Koum-Kapou (1921-1934), Belgrade (?), Varna (1932-1395), Philippopoli’à nouveau (1935- 1948). Le P. Canisius Louis qui l’a bien connu au collège Saint-Augustin dit de lui qu’il n’avait aucune culture ni aucune formation pratique. Cependant, chargé de la surveillance des petits, il s’acquitte de cette charge consciencieusement, avec doigté et dévouement. A.A Il sait animer les récréations des petits élèves, participant à leurs ébats et à leurs jeux, se révélant aussi excellent éducateur, facilitant ainsi la tâche des professeurs. Ce qui frappe le plus, selon le témoignage du P. Canisius, c’est son esprit religieux, sa piété. De bon matin à la chapelle, il sert plusieurs messes. On l’y retrouve le soir, prolongeant tard sa visite. Il a vraiment une âme de prière. Au sein d’une communauté nombreuse et de niveau quelque peu supérieur au sien, tout ne va pas toujours pour le mieux. Son caractère un peu vif, son esprit parfois caustique peuvent provoquer des remous et des mouvements d’humeur. Par ailleurs, expansif, il sait entretenir d’habitude avec les uns et les autres des relations fraternelles. En 1948, expulsé comme les autres religieux étrangers de Bulgarie, il est attaché à la maison de Kadi-Keuï (Turquie). Mais il est menacé d’une cécité totale et n’a gardé à la suite d’une opération à Paris en 1936 qu’une faible vue d’un seul oeil. Condamné en quelque sorte à vivre solitaire, à renoncer à peu près à toute activité, marchant à tâtons, son caractère, son humeur se ressentent de cette situation. C’est vraiment la croix de ses dernières années. Une fin de vie dans la nuit. En mars 1953, quittant cette terre d’Orient où il a vécu depuis sa naissance, il vient s’établir dans la maison de Lorgues (Var) où vont s’écouler ses 23 dernières années. Il peut encore reconnaître les lieux dans lesquels, devenu complètement aveugle, il va désormais déambuler, frôlant les murs, refusant toute main secourable qui se présente pour le guider. Cherchant à s’occuper malgré tout, il prétend même passer une partie de ses matinées à la vaisselle. Mais il partage la plus grande partie de son temps entre la prière et l’écoute de la radio, heureux de pouvoir ensuite fournir à ses frères des informations nourries. Sa mémoire lui demeure fidèle et il aime à rappeler tel ou tel détail à un religieux qu’il a à peine rencontré dans les années lointaines. Quelques jours avant la fête de Noël 1975, le Frère Dominique doit s’aliter. Il ne doit plus se relever, mais sa constitution robuste, les soins assidus qui lui sont prodigués prolongent encore quatre mois son existence. Pour ceux qui l’approchent au cours de ces dernières semaines, il est un sujet d’édification par sa patience, son courage, sa résignation. Le jeudi 29 avril 1976, vers midi, le Frère Dominique s’endort dans le sommeil de l’éternité, à l’âge de 87 ans. Il est inhumé dans l’après-midi du lendemain. Le P. Assen Karaguiosov vient de Toulon présider les obsèques au cours desquelles une courte homélie est prononcée par le P. Canisius Louis qui a connu le Frère tant à Philippopoli qu’à Kadi-Keuï. (1) Il indique sur sa fiche de renseignements personnels encore un autre nom. Macropoulos.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Documents Assomption, Nébrologe (I) 1975-1980, p. 26-27. Lyon-Assomption, octobre 1976, n> 51, p. 17-18. Lettre du Frère Dominique Papadopoulos au P. Gervais Quénard, Koum-Kapou, 15 février 1924. Notices Biographiques