Religieux français.
Cadre chronologique.
Hippolyte-Jules Métais est né le 9 septembre 1872 à Poitiers (Vienne). Il fait ses études secondaires au petit séminaire de Montmorillon. Le 4 mai 1891 au noviciat de Livry (Seine-Saint-Denis), il prend l’habit sous le nom de Frère Donatien. Profès annuel l’année suivante, il est envoyé au noviciat de Phanaraki (Turquie) pour sa deuxième annéeil y a fait sa profession perpétuelle le 28 août 1894. Le Frère Donatien est envoyé dans les maisons d’œuvres de l’Orient pour y enseigner: Ismidt (1893- 1894), Brousse (1894-1895), Koum-Kapou (1897- 1898). C’est alors qu’il entreprend une première année d’études théologiques à Kadi-Keuï (1897- 1898). Le 14 août 1897 il reçoit le diaconat à Constantinople. Ses supérieurs interviennent pour qu’il ne soit pas ordonné prêtre, en raison de graves difficultés d’ordre psychologique et de comportements répréhensibles. Il regagne Koum- Kapou (1898-1903) et Gallipoli, son dernier poste (1903-1904) où il meurt de l’absorption d’un poison, le 23 mai 1904. Il y est enterré (1).
Détails sur une mort surprenante.
« La mort vient de frapper notre communauté de Gallipoli dans des circonstances particulièrement attristantes, à la fête de la Pentecôte. Le Frère Donatien souffrait cruellement au physique comme au moral: c’est ce qui explique sa conduite, si cela ne suffit pas à l’excuser. Avant hier au soir, après une promenade en barque où le Frère était apparu tout bouleversé, il se retirait dans sa chambre pour s’y reposer. Vers sept heures du soir, il m’appelle chez lui. Je m’y rends et je le trouve tout affaibli sur son lit et, en toute franchise, il me déclare qu’il a dans un moment de folie absorbé 3 à 4 grammes de bichlorure de mercure,
c’est-à-dire un violent poison. Je me hâte de lui donner un contre-poison qui, en ce cas, se trouve être le plus efficace. J’envoie un voisin chercher le docteur. Mais son corps devenant froid et ses membres rigides, je lui fis part de mes craintes. Je lui propose de se confesser, il accepte aussitôt et ne veut plus se laisser soigner avant d’avoir accompli ce devoir avec calme et recueillement. Pendant ce temps, le contre-poison avait produit son effet. Il vomissait continuellement. Je crus un instant que ce ne serait qu’un accident sans suite grave. Le docteur arrive enfin, prescrit encore d’autres contre-poisons. Mais il est trop tard et en vain il épuise jusqu’au matin toutes les ressources de son art. Le poison absorbé depuis plusieurs heures avait eu le temps de pénétrer dans le sang et visiblement la vie s’en allait. Vers cinq heures du matin, après un examen sérieux, le docteur me déclare que tout est perdu et que le Frère n’a plus que quelques moments à vivre. Je le préviens alors de la gravité de son état et de l’imminence du danger. Il se confesse à nouveau et je lui propose de recevoir l’Extrême-Onction. Il accepte cette proposition comme la plus naturelle du monde, plaisantant même comme il l’avait fait toute sa vie. Pendant la cérémonie à laquelle assistaient M. Dufrene et M. Stilyanos, notre professeur de grec, il s’est montré plein de piété et répond lui-même aux prières. Ses vomissements continuels l’empêchent de recevoir la sainte communion. Dès lors je ne le quitte plus, ses membres rigides malgré des frictions et des soins ne se réchauffent plus. Je lui renouvelle plusieurs fois l’absolution et vers 10 heures, il rend son âme à Dieu sans secousse ni agonie. Il avait à plusieurs reprises offert sa vie, ses souffrances, pour expier ses fautes, pour l’Eglise, l’Assomption, la mission et celle de Gallipoli en particulier. Le Frère est mort ou plutôt il s’est suicidé. Voilà ce qui est vrai, mais pour quelle cause? Nous n’avons que des présomptions. Cependant vous pourrez voir dans le testament trouvé dans son sous-main une indication. Nous avons trouvé une carte de visite de Mlle V.O. de fort triste mémoire et sa photographie percée d’un coup de canif au cœur dans son portefeuille C’est là la raison de son geste désespéré ».
Bibliographies
Bibliographie et documentation: L’Assomption 1904, n° 9,1, p. 112. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Lettre du Frère Danatien Métais au P. François Picard, Koum-Kapou, 8 juin 1896. Lettre explicative du P. Camille Talleyrand, Gallipoli, 24 mai 1904. Dans les ACR, du Frère Donatien Métais, quelques correspondances. (1) Les circonstances de la mort du Frère Donatien expliquent sans doute le fait qu’aucune notice biographique ne lui a jamais été consacrée dans une revue de la Congrégation, en dehors de la simple mention du faire-part de son décès.