Dunstan (Norbert-Leo) CASELAW – 1904-1956

Un voyageur confiant et délesté.

« Le Fr. Dunstan, ayant achevé sa philosophie à Saint-Gérard, part pour sa
nouvelle destination, le collège d’Hitchin, et il emporte ses bagages. Il
doit changer de train à Bruxelles, excellente raison d’aller saluer nos
Pères. Mais les bagages sont un embarras. Il avise un gentleman inconnu et
le prie de vouloir bien les lui déposer à la consigne. 0
candeur du jeune philosophe à qui les livres n’ont pas appris la
philosophie de la vie! Il se dirige vers l’église de la Madeleine, l’âme en
paix, se disant à part soi qu’il y a de braves gens dans les
gares belges et que peut-être, même au noviciat, il n’aurait pas trouvé un
confrère aussi complaisant. Il passe avec
les religieux quelques moments de douce intimité et retourne à la gare où
naturellement il ne trouve ni son gentleman ni ses bagages. I1 poursuit son
voyage en méditant la devise du philosophe Bias: Omnia mecum porto. Il
arrive à Londres au milieu de la nuit, exténué de fatigue, sans le sou,
sans rien et l’estomac vide. I1 complète sa méditation par celle du parfait
bonheur de Saint François ».

Lettre à la Dispersion, 28
septembre 1926, p. 248.

Religieux de la Province d’Angleterre.

Enfance et années de formation.

Norbert Caselaw naît à Durham le 29 mai 1904 (Newcastle). Il fait ses études primaires aux collèges de Saint-Cuthbert et à Saint-Godric. Mis en contact avec le P. François Mathis, il rentre à l’alumnat de l’Immaculé-Conception de Bethnai Green le 15 janvier 1919: grand, très poli, distingué, plutôt tranquille, il tranche sur le milieu turbulent de ses confrères. Il part ensuite en Belgique à Zepperen (1920-1921) et à Sart- lesMoines (1921-1923). Il entre alors au noviciat de Saint-Gérard où il prend l’habit le 31 octobre 1923 sous le nom de Frère Dunstan et passe sous la direction du P. Savinien Dewaele, remplaçant du P. Rémi Kokel devenu provincial. Le noviciat ayant été transféré à Taintegnies, c’est là qu’il prononce ses premiers vœux le 1er novembre 1924. « D’une bonne santé sans être trop robuste, d’un caractère calme, simple, consciencieux, aimant la prière, parfait du point de vue de la politesse ». L’équipement du noviciat est encore rudimentaire: on trouve pour se laver une cuvette placée sur un escabeau. Grand de taille, il est obligé de se pencher comme une girafe ou de se mettre à genoux pour faire ses ablutions. Après sa profession, il revient à Saint-Gérard pour ses études de philosophie (1924-1926) où il a la chance de bénéficier de l’enseignement des PP. Sidoine Hurtevent et François-Joseph Thonnard, deux thomistes qui le préparent à ses études de théologie à l’Angelicum de Rome (1928-1932). Entre-temps, il s’est fait la main comme jeune professeur à Hitchin (1926-1928) où il prononce ses vœux perpétuels le 11 novembre 1927. C’est à Rome qu’il est ordonné prêtre par Mgr Palica le 20 février 1932. Il passe avec succès son doctorat en théologie avec une étude sur la doctrine de Newman.

Apostolat et charges.

Le P. Dunstan retrouve tout d’abord l’enseignement au collège d’Hitchin de 1932 à 1943: maître capable, très au fait des directives académiques, il sait se montrer fidèle observateur des consignes réglementaires sans perdre ses qualités de bonté et de compréhension. En 1943, le P. James Whitworth, vicaire provincial d’Angleterre, le nomme supérieur de Bindon (1943-1946), localité et communauté où il entend regrouper les étudiants anglais, rescapés des maisons de formation du continent, obligés par la guerre de retrouver le soi national. Féru de formation liturgique, le Père Dunstan se montre soucieux d’orthodoxie dans son enseignement théologique: amateur de musique, amoureux du plain-chant et de polyphonie, jouant lui-même de l’harmonium, il contribue à créer un climat de joie dans ces années difficiles. Le P. Dunstan aime aussi animer des retraites. En communauté, il se montre toujours égal de bonté, de douceur, de réserve et de politesse, ne refusant pas les plus petits services. De 1946 à 1947, il revient à Hitchin préparer une licence. L’année suivante il est supérieur à Hare Street, de 1948 à 1951 supérieur à Hitchin de 1951 à 1952 supérieur et professeur de philosophie à Capenor. Le chapitre provincial de 1952 ayant opté pour un temps de formation des étudiants anglais à l’étranger, le P. Dunstan est alors affecté au collège de Nottingham (1952-1956) comme professeur d’anglais.

Une fin rapide.

En mai 1956, le P. Dunstan est heureux d’accompagner un groupe de pèlerins assomptionnistes à Lisieux. A son retour, il se dit fatigué. Le 31 mai, il souffre d’un malaise cardiaque suffisamment inquiétant pour le faire hospitaliser à la clinique des Soeurs Bleues. Soigné et semblant remis, le P. Dunstan quitte la clinique le 14 juillet pour gagner une maison de convalescence. C’est ainsi qu’en août il fait halte à Hitchin, avant de se diriger sur Hove près de Newhaven sur la côte Sud. Le jeudi 30 août, il est transporté d’urgence à l’hôpital où il meurt à 52 ans accomplis. Il est inhumé à Hitchin le 5 septembre 1956.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: B.O.A. décembre 1957, p. 219. Lettre à la Famille 1957, n° 223, P. 14-17. The Assumptionist, Michaelmas 1956, p. 10-11. Sont conservés dans les ACR du P.Caselaw de la correspondance (1926-1952) et ses rapports sur Hitchin (1949-1951).