Edern (Alain-Hervé-Marie) GOUZIEN – 1909-1930

Nouvelles du Bizet 1925.
«Le Bizet, ressuscité depuis 6 mois donne seulement aujourd’hui signe de
vie: la résurrection n’a pas été instantanée, les tracas de la fondation
ont occupé les Pères et les alumnistes. Le 20 septembre 1924 arrivent au
Bizet 11 enfants des bords de la Loire et 5 du Pas-de-Calais, soit 16
humanistes. La
semaine suivante, de jeunes grammairiens s’introduisent dans la place. A la
vue de la belle maison, les enfants s’extasient et oublient la pauvreté de
ce Bethléem. Avant les classes, il est indispensable de partir se promener
au mont Kemmel. Les Bretons ignorent ce qu’est un pays ravagé par la
guerre: boulets, ferraille, cagnas, cimetières. Les allées d’arbres
d’autrefois ont disparu, çà et là seulement quelques pousses
de châtaigniers survivant dans la cendre des morts. Au mois d’octobre nous
sommes allés nous dégourdir les jambes à Lille, en février à Ypres. Des
halles célèbres, il ne reste que de tristes et vastes ruines. On se dirait
au Forum! A deux km. de la ville, une pancarte avec une inscription
sculptée: Ici fut arrêté l’envahisseur! …
».
Gouzien, 21 mars 1925.

Edern (Alain-Hervé-Marie) GOUZIEN

1909-1930

Religieux de la Province de Bordeaux.

Mort précoce.

« Le 4 août 1930, une dépêche de Lorgues (Var) annonce le décès du Frère Edern Gouzien, jeune étudiant assomptionniste de Saint-Gérard qui se trouve au repos depuis deux ans (1928-1930). Les Supérieurs l’ont envoyé en pèlerinage au National à Lourdes en 1928, en compagnie d’un autre malade, le Frère Michaël Schaeffer [mort le 18 décembre 1928] dans l’espoir d’une possible guérison. Après le pèlerinage de Lourdes, tous deux sont envoyés à Lorgues. A son tour, le Frère Edern y finit ses jours, à l’âge de 21 ans ».

Alain, ailleurs parfois aussi dénommé Jean-Louis, a vu le jour à Edern, près de Briec de l’Odet, dans le Finistère, le 3 avril 1909. Après ses classes primaires à Edern (1916-1921), il est alumniste à Saint-Maur (Maine-et-Loire) de 1921 à 1924, puis au Bizet sur la frontière belge, de 1924 à 1925, enfin à Arras (Pas-de- Calais) en 1925-1926. Il entre au noviciat en Belgique à Taintegnies, le 5 novembre 1926, sous le nom de Frère Edern. Le P. Savinien Dewaele, maître des novices, l’accompagne à Scy-Chazelles (Moselle) où se poursuit une deuxième année de noviciat. Frère Edern prononce ses premiers vœux, le 6 novembre 1927 à Scy-Chazelles. Il passe ensuite au scolasticat de Saint-Gérard en Belgique pour les études de philosophie, mais il ne peut y rester qu’une année (1927), à cause de la maladie. En septembre 1928, il rejoint Lorgues (Var) où il meurt le 4 août 1930, d’un arrêt cardiaque. Il est inhumé au cimetière de Lorgues.

Le P. Paul-François Béthaz, dans une lettre au P. Gervais Quenard, le 5 août 1930, donne quelques informations sur les circonstances de cette mort rapide: « Le Frère Edern s’est éteint le 4 août au matin, vers 6 heures 15.

Vous l’avez vu lors de votre dernier passage bien affaibli et le moral un peu déprimé. Cette faiblesse n’a fait que se continuer sous l’action terrible d’une fièvre tenace. Cependant lorsqu’il apprit son prochain pèlerinage à Lourdes, il y eut un renouveau. Il parlait mieux et souffrait moins. Nous espérions l’emmener près de la Sainte Vierge. Dimanche dernier, la fatigue parut plus grave, le cœur ne donnait plus la même résistance. Mais il ne semblait pas y avoir de danger immédiat. je le quittai vers les 21 heures. L’infirmier resta près de lui jusque vers 21 -h. 30. Le Frère avoua alors qu’il avait sommeil. On espérait pour lui une nuit reposante. Le lendemain matin, à 6 h., le Frère Ernest [Meurisse] pénètre dans sa chambre comme tous les matins pour la mettre en ordre avant d’apporter la communion. Quelle n’est pas sa surprise de trouver le Frère Edern sans connaissance, respirant à peine! Aussitôt averti, j’arrive juste à temps pour lui donner J’Extrême-Onction. Quelques minutes après, il cesse de vivre. Que s’est- il passé? le malade a dû essayer de se lever et le cœur n’a pas résisté. Le Frère Edern a passé, il y a deux mois, par une crise terrible, mais son esprit de foi, de piété et d’obéissance a fini par dominer. Son grand amour pour la Vierge, attisé par l’espoir de pouvoir bientôt la prier à Lourdes, a transformé son âme. Depuis quinze jours, il vivait avec la Sainte Vierge, son cœur était dans la joie. Il me disait récemment: jamais je n’ai éprouvé tant de joie. Le corps souffre, mais je suis heureux’. Il dit au Frère Ernest qu’il préférait aller au ciel qu’à Lourdes. Il repose maintenant auprès du Père Candide [Dabat, mort à Lorgues le 14 juin 1930]. Nous pensions que la Sainte Vierge le garderait jusqu’à Lourdes, et c’est pourquoi cette soudaineté de fin de vie nous a un peu surpris. Que la volonté de Dieu soit faite! ».

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Lettre à la Dispersion 1930, n° 356, p. 161; n° 357, p. 176. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Notices Biographiques