Edgar (Cyrille-Joseph) PERRIER – 1883-1972

Lorgues, 1963.
« Grâce à Dieu, malgré mes
80 ans, je puis encore rendre quelque service. J’ai calculé l’autre jour
que depuis mon séjour à Lorgues, j’avais pu faire à l’occasion un peu de
ministère dans 26 paroisses du Var. A propos de la réunion de Valpré, je me
demande si on a assez fait ressortir en Orient le travail de la plupart de
nos religieux dans les collèges. J’ai été 2 fois en Orient. On aurait pu
croire que nous étions surtout des marchands de français, cependant ces
nombreuses années ont
préparé le chemin de I’œcuménisme. Les élèves avaient plus d’heures de
catéchisme que ceux dans nos paroisses en France et ils le savaient, même
les Juifs qui enlevaient souvent le premier prix! J’ai constaté combien les
mentalités ont changé. Les Grecs aimaient poser des questions insidieuses,
déjà en
1921 à Koum-Kapou. On me demandait quand pourra se faire l’union des
Eglises. Le Saint-Esprit travaille les âmes. Bien des religieux sont morts
jeunes quand on lit le nécrologe, on ne surveillait
pas assez la santé dans les alumnats. Actuellement il y a du progrès sur ce
point. Notre Province a près de 50 religieux de moins qu’il y a 8 ans. Je
prie tous les jours pour les vocations ».

Notices Biographiques A.A

Religieux de la Province de Lyon. Une figure d’enseignant. Cyrille-Joseph Perrier est né le 26 novembre 1883 à Randens, petite localité de Savoie, proche d’Aiguebelle. Il est le deuxième enfant d’une famille qui en comptera onze. Deux de ses frères sont morts à la guerre 1914-1918, deux sont mutilés à vie. A douze ans, Cyrille-Joseph entre à l’alumnat de Notre-Dame des Châteaux (Savoie) qu’il quitte en 1898 pour gagner celui de Brian (Drôme) jusqu’en 1901. Le 25 septembre 1901, sous le nom de Frère Edgar, il prend l’habit au noviciat de Louvain en Belgique, gagne Phanaraki (Turquie) où il prononce ses premiers vœux le 25 septembre 1902, ses vœux perpétuels l’année suivante, le 27 septembre, et étudie la philosophie de 1903 à 1905. Il enseigne de 1905 à 1908 à Karagatch, près d’Andrinople (Turquie d’Europe). Revenu à Louvain en 1908, il y commence ses études de théologie (1908-1911) qu’il termine à Rome (1911-1912). Il est ordonné prêtre le 9 juillet 1911 par Mgr De Wachter. Le P. Edgar regagne une nouvelle fois l’Orient pour une longue carrière de professeur-. Brousse en Turquie (1912- 1913, Varna en Bulgarie (1913-1915) où le surprend la première guerre mondiale. Il accomplit le fameux exode qui, d’octobre 1915 à février 1916, le fait transiter de Roumanie en Russie, de Norvège à l’Angleterre. Son passeport conserve les 20 cachets nécessaires! Le Père Edgar prend du service dans les alumnats: Saint-Maur (Maine-et-Loire) de 1916 à 1917, Saint-Sigismond en Savoie, de 1918 à 1921, avant de regagner pour la troisième fois l’Orient: Koum-Kapou 1920-1921) et Gallipoli (1921-1924). Dans le cadre de la Province de Lyon, il enseigne dans les alumnats de Saint-Sigismond à deux reprises (192461927 et 1940-1948), non loin du berceau de Notre-Dame des Châteaux qu’il affectionne, A.A de Scy-Chazelles (Moselle) pendant neuf ans (1927-1936) et deux ans à Scherwiller (1937- 1939). Il revient comme supérieur à Scy-Chazelles d’où l’invasion allemande l’oblige à se replier en zone libre. Le P. Edgar est un professeur dans l’âme, il aime ses élèves et s’en fait aimer. Exigeant pour le travail, favorisant l’émulation, il sait intéresser son auditoire, reposer l’attention en racontant des histoires contées ou lues. Le jour de sa fête annuelle est un vrai jour de fête pour sa classe. Gardant de ses origines paysannes le goût de la nature et de la culture, il entretient les arbres fruitiers. Il surveille avec un soin jaloux les arbres en espaliers, rusant d’astuce pour en écarter les maraudeurs. Deux Frères qui travaillent un jour à la vigne voisine le prennent pour un chien errant à cause de ses cheveux grisonnants et le chassent à coups de pierre! En 1943, il est déchargé de l’enseignement et assure l’Eucharistie dans un hôpital à proximité de l’alumnat de Saint-Sigismond. Après la Libération, le P. Edgar rejoint son poste à Scy-Chazelles puis revient se fixer à Saint-Sigismond, conune gardien du sanctuaire de Notre- Dame des Châteaux. En 1948, il est agrégé à l’équipe pastorale de Cevins. En 1952 il quitte la Savoie pour la banlieue de Marseille (Bouches-du-Rhône), desservant la paroisse dite de Saint- Joseph hors-les-murs. En mai 1955, il gagne Lorgues (Var) et rend des services de ministère et d’entretien. Il rapporte toujours de ses tournées pastorales des provisions dont il fait profiter ses confrères et des vêtements qui composent son habillement un peu hétéroclite!. Le 9 juillet 1971, il a la joie de fêter ses 60 ans de sacerdoce. Homme de sagesse et de bon sens, sans prétention, il vit paisiblement en compagnie de ses frères âgés. Le jeudi 3 février 1973, en quittant sa chambre, il tombe lourdement sur le sol et il meurt emporté par une embolie, à l’âge de 88 ans et 2 mois. Ses obsèques sont célébrées à Lorgues le samedi 5 février par le P. Rogatien Pellicier. Son corps repose dans le caveau de la propriété, aux côtés du Frère Réginald Enjalran, décédé dix jours plus tôt.

Bibliographies

Bibliographie et documentation/ B.O.A. mars 1974, p. 228. Lyon-Assomption, juillet 1972, n° spécial. Lettre du P. Edgar Perrier au P. Wilfrid Dufault, Lorgues, 9 juin 1963. Dans les ACR, du P. Edgar Perrier, rapports sur Scy-Chazelles (1937-1939), correspondances (1910-1963). Notices Biographiques A.A Page : 212/212 Augustin (Fernand-F.-E.) PERRIN 1922-1988 Religieux de la Province de France. Curriculum vitae. Fernand-François-Edouard Perrin est né le 29 janvier 1922 à Moimay (Haute-Saône). En 1935, il quitte l’ orphelinat Saint-Pierre de FerneyVoltaire (Ain) pour entrer à l’alumnat de Saint-Sigismond en Savoie, d’où il passe en 1939 à celui de Miribel-les- Echelles (Isère). Le 7 septembre 1942, il prend l’habit à Cavalerie (Dordogne) sous le nom de Frère Augustin et il y fait profession le 8 septembre 1943. Il poursuit ses études de philosophie à Layrac (Lot- et-Garonne) de 1943 à 1945. Les études de théologie se partagent entre Lormoy (Essonne), Scy-Chazelles (Moselle) où il prononce ses vœux perpétuels le 20 septembre 1946 et Valpré (Rhône). Il est ordonné prêtre le 11 février 1949. Le ministère du P. Augustin qui ne tarde pas à reprendre son prénom de baptême, Fernand, s’exerce d’abord dans l’enseignement. Il est professeur à l’alumnat de Saint-Sigismond pendant deux ans (1949-1951), au terme desquels les docteurs lui imposent déjà une année de repos. Il la passe à Lorgues (Var) où il remplit la charge de vicaire. En 1952, il part pour le collège de La Marsa en Tunisie. Le climat lui convient-il? Suivent deux années à l’alumnat de Scy-Chazelles et deux autres à l’orphelinat de Douvaine (Haute-Savoie). De 1957 à 1962Y il est vicaire à la paroisse du Rouet à Marseille (Bouches- du-Rhône). Il revient à Douvaine pour cinq ans. En 1967, il est nommé à Menton-Carnolès (Alpes- Maritimes) qui est son dernier poste. Terrassé par une crise cardiaque, le Père Fernand est décédé subitement à Cornolès à. l’aube du jeudi 28 avril 1988. La veille au soir, il est rentré très essoufflé de la base aérienne de Roquebrune-Cap-Martin et du Mont Agel, qu’inspecte le général chef d’Etat-major de l’Armée de l’air. Les obsèques ont lieu le samedi 30 avril à la chapelle Saint-Joseph de Menton. §Cavalerie, 1943. « Les ans passent comme les flots disait une cantate à Miribel en la fête du Supérieur. C’est aussi une réelle constatation éprouvée quotidiennement. Aujourd’hui sur le point d’achever mon noviciat et d’entreprendre une nouvelle étape, je jette les yeux sur ce passé. Poussé par un désir de vie religieuse et souhaitant former d’autres prêtres pour l’avènement du Règne de Dieu, j’entrai dans la petite Congrégation de l’Assomption, pensant m’y développer en science et en sainteté. Puis-je me demander si du progrès a été réalisé dans ma vie spirituelle? Mais ce chemin de la perfection est long à gravir. Loin de me décourager, je vous prie avec faveur de m’obtenir cette grâce si importante de savoir progresser dans la vertu. Chaque jour notre approche du but désiré, le sacerdoce, en dépit des événements qui peuvent venir interrompre le temps de la formation. Je vous demande la faveur d’être admis à la première profession et de pouvoir continuer la marche glorieuse et enviée vers l’autel, dans la milice assomptionniste ». Frère Augustin. Notices Biographiques A.A Page : 213/213 Le corps du Père Fernand repose, à côté de ses frères assomptionnistes, au cimetière de Roquebrune-Village. De l’allocution du Colonel Spengler. « la tradition militaire dans sa force et sa dureté me désigne aujourd’hui pour la plus douloureuse des tâches qu’un chef de corps doit accomplir, celle de dire l’adieu à l’un des siens. Certes non, Père Perrin, vous n’étiez pas militaire de carrière, ni même aumônier militaire, et je vous vois encore avant-hier, alors qu’ensemble nous prenions un pot d’amitié, dire malicieusement au Chef d’état-major de l’Armée de l’Air qui nous inspectait que vous étiez civil et bénévole. C’est dire quelle était votre liberté d’esprit. Vous n’aviez en effet aucun contrat avec les aviateurs, ni engagement, ni traitement, mais pour être mieux parmi nous, vous avez choisi spontanément de revêtir notre uniforme. Vous ne vous contentiez pas d’adhérer à nos valeurs, vous avez directement contribué à les épanouir en les rayonnant mieux que nous, en les éclairant de vos profondes convictions spirituelles. Oh., cela se passait toujours très simplement, sans emphase, à la discrétion de chacun, mais aussi souvent et aussi longuement que nécessaire. Il n’y avait nul besoin de chapelle ou d’installations spécifiques. Naturellement ouvert et attentif aux autres, vous vous contentiez d’être présent sur le terrain, dans les ateliers, au mess ou ailleurs. Et c’est ainsi que, depuis 1973 et en dépit d’une santé fragile, vous nous avez donné à tous, jeunes et moins jeunes, une remarquable leçon de service, de discrétion, mais aussi de vigilance et d’efficacité. Aujourd’hui nous ressentons le vide de votre absence… ». Le P. Fernand est un homme d’accueil, simple et cordial, empreint d’une totale discrétion; c’est un religieux d’une piété qui témoigne d’une foi profonde et solide, très attaché à la vie communautaire. Sa santé est toujours délicate, mais il continue à se dépensé comme si de rien n’était. Secrétaire paroissial, il tient les registres, ce qui lui permet de connaître tout le monde par les écritures et par le contact personnel. Son curé faisait peur à cause de son apparente fierté, on s’adressait beaucoup plus facilement au P. Fernand, si arrangeant, toujours gai et accueillant. Personne ne se doutait qu’il souffrait terriblement. Son moral était son meilleur remède et lui a permis de tenir jusqu’au bout. Bibliographie et documentation: Documents Assomption, Nécrologe (IV) 1987-1990, p. 26. Assomption-France, Nécrologie année 1988, p. 137-139. Lettre du Frère Augustin Perrin, Cavalerie, 8 août 1943. Notices Biographiques