Edmond MASUMBUKO SALIBOKO – 1966-1994

D’une coïncidence.
« Seigneur, tu presses de prier ardemment pour que le Maître envoie de
nombreux ouvriers pour moissonner les blés jaunissants. Et voilà que
soudain tu moissonnes toi- même les moissonneurs, avant qu’ils n’aient
commencé leur travail: une vie fauchée à 28 ans. Et nous ruminons nos plans
humains, idéalement
bien tracés, bien conçus, mais pour des vues d’hommes. Les parents, très
chrétiens, avaient généreusement donné leur fils au Seigneur. Ses
supérieurs songeaient à fonder à court terme une nouvelle communauté en
pays anglophone. Et Edmond lui- même s’était joyeusement proposé pour cette
nouvelle extension du Règne. Mais les chemins du Seigneur ne sont pas les
chemins des hommes et ses pensées ne sont pas les leurs. Pour que Dieu
puisse
bénir nos rêves, même les plus beaux et les réaliser, je vois qu’il a
besoin d’interprètes et de messagers. Il les choisit parmi les jeunes. Car
si nous fêtons cette année les 25 ans d’existence de notre jeune province,
avouons franchement qu’il reste chez nous encore beaucoup d’ivraie mêlée au
bon grain. Et je pensais que si Dieu fut bien d’accord pour qu’on invente
toutes les langues, il arrive que les hommes compliquent leur langage».

Religieux de la Province du Zaïre.

Sous le soleil de l’Équateur.

Edmond Masumbuko Saliboko est né le 4 mars 1966 à Kasinga, sur la paroisse de Musienene au Zaïre, ex-Congo belge (province du Nord-Kivu). Ses parents chrétiens le font baptiser une dizaine de jours après sa naissance: « J’ai reçu ma première catéchèse en famille » peut-il dire plus tard quand il est interpolé sur sa vocation. Il suit le cycle de l’école primaire à Munoli, qui se trouve à une heure de marche du foyer parental et il s’engage tout jeune dans le mouvement de la Croisade eucharistique. Il fait ses humanités là où il peut trouver une place, d’abord à l’Institut protestant de Vungi, à Butembo, en section math-physique (1980-1987). Connaissant l’Assomption, il demande un temps de postulat qui se déroule à Kahamba (1987-1988), un temps un peu particulier où avec trois autres compagnons il assure des cours pour sauver une école désertée par ses professeurs, sans doute à cause de la malaria. Edmond entre au noviciat de Butembo, maison Charles Lwanga, le 16 août 1988, alors sous la responsabilité du P. Lucas Chuffart. Il prononce ses premiers vœux le 16 septembre 1989 et passe au scolasticat de Bulengera, pour trois années de philosophie (1989-1992). Bon musicien, il dirige les chants et s’engage dans différents mouvements d’action catholique. Pour l’année de stage, il est envoyé à la communauté provinciale de Butembo, alors maison Cophaco ou Kindugu, avec une dizaine de postulants dont il porte le souci d’animation et d’encadrement. Il est également préfet de l’école technique de Malhamba. A force de volonté, de régularité, sachant prendre conseil, le Frère Edmond, d’une nature riche et droite, donne tous les signes d’une vocation épanouie. À la rentrée scolaire de 1993, il rejoint la communauté de Nairobi au Kenya pour commencer ses études théologiques.

Noyade accidentelle.

C’est après neuf mois de vie dans la communauté de Nairobi que survient la noyade accidentelle du frère Edmond. Le Frère se rend à Mumbasa le 12 avril pour passer les vacances de Pâques. Là, il loge à la maison d’accueil des missionnaires de Maryknoll, ‘Star of the sea’, sous la responsabilité d’un Frère Frank. Jeudi, 14 avril 1994, vu la chaleur accablante de la côte de l’Océan Indien, Edmond se propose d’aller se baigner dans une piscine, située à côté de la maison d’accueil. Il est accompagné par un ouvrier appelé Wilfrid. Il y a à ce moment-là une leçon de natation et ils doivent attendre qu’elle se termine. Edmond demande à son compagnon Wilfrid de retourner à son travail, lui disant que lui attendrait seul la fin de l’exercice pour les enfants. Personne n’a donc été témoin de ce qui lui arrive, entre 15 et 16 heures de cet après- midi. Selon le médecin convoqué pour l’autopsie, le Dr Mandalyia, il semble que le Frère Edmond ait plongé dans l’eau avec une si grande force que son front aurait heurté le fond de la piscine. Il est en tout cas découvert mort, dans la soirée, alors qu’on le cherche à la maison. La police étant informée, les Frères de Maryknoll et le Frère Marc Brown entreprennent les démarches pour garder le corps. Il n’y a pas de place à la morgue. Ainsi peuvent-ils déposer le corps du frère Edmond provisoirement dans une chambre climatisée. Le lendemain on peut trouver une place dans un mortuaire, non loin de Star of the sea. La communauté de Nairobi est informée rapidement de l’accident. Le P. Richard Brunelle, supérieur, contacte le supérieur de la Province, le P. Glulano Riccadonna, alors en conseil de congrégation aux Pays-Bas. L’enterrement du Frère Edmond, mort à 28 ans, a lieu au cimetière de la paroisse St Austin à Nairobi, le 18 avril, grâce aux démarches du P. Richard et du Frère James Conlon, en présence des communautés religieuses des environs, des fidèles de la paroisse Notre-Dame de la Gualalupe et de la communauté du collège Hekima où le Frère Edmond étudiait en première année de théologie.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Documents Assomption, Nécrologe (VI) 1994-1995, p. 14-15. Méditation du P. Marc Champion (coïncidence). Marc Champion, Augustins de l’Assomption, Province du Zaïre (religieux défunts 1929-1994), Butembo, 1994, p. 102-104.