Eduardus (J.-G.-Cornelius) VAN BERKEL – 1909-1960

Lorgues, décembre 1945.
« Je prierai beaucoup pour vous pendant la messe de minuit où nous
célébrerons en même temps la naissance de L’Enfant Jésus et le centenaire
de la fondation de notre famille religieuse dont vous êtes le
Père, 4ème successeur du P. d’Alzon. Nous demandons au P. d’Alzon de
maintenir en nos cœurs l’esprit de ferveur, de docilité et de confiance
envers
le Père céleste afin de réaliser la demande du Fondateur: ‘Soyez de bons
religieux’. Je vous offre mes meilleurs vœux pour
l’année nouvelle qui sera aussi celle d’un chapitre important. Je vous
remercie également pour votre aimable lettre qui m’a beaucoup encouragé.
Voilà 15 ans que je suis engagé dans la Congrégation, je regrette de ne
pouvoir avancer dans les Ordres. J’espère que le P. Wiro qui m’a rattaché à
son vicariat pourra m’envoyer plus tard dans une maison d’études où je
pourrai donner les preuves de ma bonne volonté. Pouvez-vous me renvoyer la
lettre de mon frère en néerlandais que je vous avais envoyée avec la
mienne, car je désire lui répondre? Je vous demande votre bénédiction
paternelle ».

Frère Eduardus.

Religieux de la Province des Pays-Bas. Une vocation contrariée. Joseph-Gérard-Cornellus Van Berkel est né à Boxtel (Pays-Bas), le 22 décembre 1909. Après des études secondaires commencées chez les Pères Croisiers (1922-1924) et achevées à l’école apostolique Sainte-Thérèse de Boxtel (1924-1929), il se présente au noviciat de Taintegnies en Belgique où il prend l’habit le 27 octobre 1929, sous le nom de Frère Eduardus. Le P. Romanus Declercq son maître des novices le présente ainsi: « Le Frère Eduardus ne sera jamais brillant dans le domaine des études en raison de capacités très ordinaires. C’est un homme généreux, très franc, qui dit la vérité sans prendre des gants. Il bénéficie d’un caractère énergique, assez entier et même rude, mais son cœur est excellent et foncièrement bon. Son savoir-faire et son dévouement seraient encore plus appréciés si le caractère n’était pas tout d’une pièce ». Profès annuel le 28 octobre 1930, il se rend au scolasticat de Saint-Gérard pour les études de philosophie (1930-1933). Le Frère Eduardus prononce ses vœux perpétuels à Louvain le 28 octobre 1933. A Louvain il commence l’étude de la théologie, redouble la seconde année interrompue pour raison de santé, reprend courageusement ses cours jusqu’à ce qu’il lui soit demandé de mettre fin à son orientation vers la prêtrise pour insuffisance intellectuelle. La mesure lui est rude. Il accepte cependant de choisir la voie de la vie religieuse comme Frère coadjuteur. Services. Le Frère Eduardus est d’abord envoyé à l’alumnat de Bure en Belgique en 1934. En 1938 ses supérieurs l’affectent à la maison de repos de Lorgues en France (Var) où il a à s’occuper du soin des malades. Page :153/153 En 1948, on lui demande de rejoindre la paroisse parisienne de Saint-Christophe de javel pour le service de la sacristie. En décembre 1959, après quelques mois passés aux Essarts (Seine- Maritime), il se rend dans sa province d’origine, à Boxtel, une première et dernière résidence qu’il ne va plus quitter. Après plus de trente ans passés en Belgique et en France, il est heureux de gagner la maison provinciale des Pays-Bas. Le changement de climat et de pays lui demande, après une si longue absence, un sérieux effort d’adaptation que lui facilite la gentillesse de ses confrères. Il se met au service de la communauté dont il suit tous les exercices. Il souffre de varices aux jambes, handicap dont la gravité ne tarde pas à se révéler. Le médecin consulté estime qu’une intervention chirurgicale est absolument nécessaire et urgente. Elle a lieu à l’hôpital de Boxtel, dirigé par des religieuses. Le Frère Eduardus souffre beaucoup, mais avec bonne humeur et patience. Pendant quelques jours, une forte fièvre coopère largement avec le régime qu’on lui impose pour le faire maigrir. Il reçoit régulièrement des visites de ses confrères. Peu à peu son état s’améliore et le médecin espère le voir rentrer dans sa communauté pour l’achèvement des soins. Mais le jeudi 31 mars 1960, vers 4 heures, écrit le P. Adelbert Van Engelen, supérieur de la maison provinciale, on nous prie de nous rendre immédiatement à l’hôpital Qu’est-il arrivé? Le chirurgien vient de faire la visite des malades. Il s’était montré très satisfait de l’état dans lequel il a trouvé le Frère Eduardus et l’a même invité à s’habiller et à se lever un instant. Mais lui-même voulant s’aider, tout en disant quelques bons mots, s’écroule tout à coup. Les Sœurs rappellent le médecin qui se trouve à deux pas. Il est trop tard. Une embolie, probablement au poumon, vient d’emporter le Frère. Le vicaire de Boxtel lui administre le sacrement des malades. Quand moi-mê-me suis arrivé, tout est fait. Le Frère repose comme s’il dort. La famille qui habite Boxtel arrive aussitôt. Ensemble avec les Sœurs nous récitons les prières pour les morts. La dépouille du Frère reste à l’hôpital jusqu’au 3 avril. Le lendemain, les obsèques ont lieu dans la nouvelle chapelle de Boxtel, puis le corps est transporté dans le cimetière qui se trouve derrière la grotte. Page :154/154

Bibliographies

Bibliographie et documentation: B.O.A. octobre 1961, p. 142. Lettre à la Famille, juin 1960, n° 292, p. 388. De Schakel, mai 1960, p. 1-3 (In memoriam par le Frère Van Eijck). Lettre du Frère Eduardus Van Berkel au P. Gervais Quenard, Lorgues, 16 décembre 1945. Dans les ACR, du Frère Eduardus Van Berkel, quatre correspondances (1945-1946).