Edwin (Bernard) GILTRO
1905-1928
Religieux anglais de la Province de Paris.
Entre Manche et Mer du Nord.
Bernard-Thomas-Sébastien Giltro est né le 21 août 1905 à Fulham, quartier de Londres. Le jour de son baptême à Hoxton, il est porté, selon la coutume, dans la petite église en tôle de Grove Road où le P. Gélase Uginet le consacre à Marie. Désireux de suivre les traces de son oncle, le P. Alfred Clark, le jeune Bernard, orphelin de mère depuis peu, est remis à l’école-alumnat de l’Assomption à Bethnal Green, en avril 1917. Compagnon gai, vivant et exubérant de santé, Bernard est scolarisé par le P. François Mathis (2), lequel n’est ni un tendre ni un doux de réputation. En septembre 1920, il se rend à l’alumnat d’humanités de Zepperen, puis en 1921 à Sart-les-Moines (Belgique). Au terme de la retraite d’élection prêchée par le P. Benjamin Laurès, il choisit d’entrer dans la vie religieuse à l’Assomption. Il prend l’habit le 31 octobre 1922 à Saint-Gérard, sous le nom de Frère Edwin (1) et sous la houlette du P. Savinien Dewaele. Il prononce ses premiers voeux le 1er novembre 1923 et passe à l’étude de la philosophie, à Taintegnies avec le P. Sidoine Hurtevent (1923-1924), puis à Saint- Gérard (1924-1925). Il arrive à Louvain en septembre 1925 pour l’étude de la théologie et prononce ses vœux perpétuels le 21 novembre 1926. Ce jeune religieux prend au sérieux ses études et sa vie, témoin cette inscription sur le programme de son dernier examen, non scholae sed vitae. Cependant, durant les temps de détente et de récréation, il n’est pas le dernier à dépenser toute son énergie. En tout, il sait mettre beaucoup d’ardeur. Le travail manuel ne l’effraie pas: on le voit bêcher au jardin, raboter à la menuiserie et payer son écot à la préparation matérielle des fêtes. Toujours prêt à rendre service et très affable avec ses confrères, il fait du dévouement inconditionnel la marque d’une maturité d’esprit et d’âme très forte.
Au mois de mars 1928, un des jeudis consacrés à de grandes promenades (3), le Frère Edwin reste à trier des pommes de terre. Il se plaint le soir d’un violent mal de tête, accompagné d’une température élevée. Le Docteur de la maison, M. Willems, diagnostique une pleurésie. La fièvre persistant, le P. Léonide Guyo croit prudent de consulter un spécialiste de Louvain, le Dr Lemaire. Il s’agit bien d’une pleurésie purulente pour laquelle une opération est nécessaire, sans tarder. Le médecin est également appelé pour un autre frère très malade, le Frère Adrien Guillaume (1891-1928) qui, lui, meurt également de pleurésie le 19 mars 1928, jour de la Saint Joseph. Le Dr Lemaire ne croit pas à l’inmùnence du dénouement pour le Frère Edwin et prévoit l’opération pour le 21 mars. Et pourtant, le mercredi 20 mars 1928, le Frère Edwin entre à son tour dans son éternité. Il n’a que vingt-trois ans. Aux obsèques célébrées à Louvain, le vendredi 23 mars, peuvent participer le père du Frère Edwin et son frère Peter. L’oncle, prêtre franciscain, le P. Alfred Clark se fait représenter par la communauté des Frères Mineurs irlandais de Louvain. Le Frère Erwin repose au cimetière de Park, au-dessus du Frère Adrien Guillaume.
(1) Saint Edwin, roi de Northumbrie depuis 616, qui épouse en secondes noces Ethelburge de Kent et qui est baptisé en 627 par le chapelain de sa femme, l’évêque Saint Paulin. Il tombe à Hatfield Chase dans une bataille contre les Marciens et les Gallois païens et est vénéré comme martyr. Saint Edwin est fêté le 12 octobre. (2) François Mathis (1860-1934) considéré comme un des religieux de l’Assomption fondateurs en Angleterre où il réside del9O6 à 1923, avant de devenir assistant provincial de la jeune Province de Paris. (3) La tradition des ‘grands Jeudis’ a été de longue durée à l’Assomption, à l’époque au moins où ce cinquième jour de la semaine correspondait dans la durée scolaire hebdomadaire en France à un jour de congé. On connaît dans l’histoire de France un ‘Grand jeudi’ qui correspond au jeudi 23 avril 1643, jour où fut administré le roi Louis XIII. L’histoire va enregistrer un autre jeudi sui generis, le fameux ‘Jeudi Noir’ du 29 octobre 1929 qui marque à New York la grande déroute des titres en Bourse.
Bibliographies
Bibliographie et documentation: Lettre à la Dispersion 1928, n° 262, p. 73; n° 263, p. 81-82; n° 265, p. 97-98; 101-104. L’Assomption et ses muvres, n° 326 p., 149-152. Témoignage du P. Léonide Guyo, 1928. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Notices Biographiques