Efthymi (Radji-Raphael) NEDELTCHEV – 1895-1914

Limpertsberg, 1913.
« Comme vous avez le nouvel an plus tard que nous autres qui sommes plus
Européens, j’ai tout le temps de vous écrire pour vous souhaiter une bonne
et sainte fête. Nous ne vous oublions pas maintenant surtout que vous êtes
plus occupés par les événements au premier chef que sont la guerre et ses
suites
[guerres balkaniques]. Nous sommes tranquilles sur le sort des catholiques
par les bonnes nouvelles que nous donne La Croix, mais nous ne cessons de
prier pour cette chère patrie, pour sa conversion, pour son progrès. Nous
n’oublions pas non plus les vaillants missionnaires qui sont engagés dans
le combat spirituel et pacifique de la conquête des âmes. Aujourd’hui ils
ont plus besoin de prières que jamais. Que cette nouvelle année qui
s’annonce avec la paix soit féconde en bonnes oeuvres. Dieu tire sa gloire
de tous les événements. Espérons que ce sera au profit de la Bulgarie. Je
crois que vos publications ont dû souffrir de la guerre, nous ne les
recevons plus depuis des mois. Ici nous avons le Pèlerin. Au réfectoire on
lit la vie de Pantaléimon du P. Christophe. Les fêtes de Noël se sont bien
passées au noviciat. Pour la fête des Rois, on a représenté l’empereur
Constantin renda la paix à l’Eglise ».

Notices Biographiques A.A

Religieux bulgare. Un destin inachevé. Radji-Raphaël Nedeltchev est né le 12 septembre 1895 à Sliven en Bulgarie, d’une famille orthodoxe. Il entre à l’alumnat de Karagatch, aux portes d’Andrinople (Turquie d’Europe), à l’âge de huit ans, où il est scolarisé de 1903 à 1908. Puis il va continuer ses études à Phanaraki, sur les bords de la Mer de Marmara (1908-1911). Il peut alors se présenter au noviciat de l’Assomption qui se trouve établi à ce moment à Gempe en Belgique. Il prend l’habit le 14 août 1911, sous le nom de Frère Efthymi. Au mois de mai de l’année suivante (1912), il part avec ses compagnons au noviciat transféré au Grand-Duché de Luxembourg, à Limpertsberg, sous la conduite du P. Antoine de Padoue Vidal. C’est là qu’il achève sa formation religieuse et qu’il prononce ses vœux perpétuels, le 15 août 1913, après ses vœux annuels émis en 1912. Peu après, il part pour la maison d’études de Louvain en Belgique. On n’a qu’à se louer de son bon esprit religieux. Tout le monde l’apprécie. Lui- même travaille sérieusement à ses études, tout en bénéficiant du régime de vie spirituelle de la maison. Il ne se fait remarquer que par sa piété, sa régularité et son dévouement. Mais au cours des vacances qu’il prend à Gempe en août 1914 au début de la première guerre mondiale, le Frère Efthymi est atteint par une hémorragie abondante. Le médecin diagnostique une pneumonie. Le Frère se remet tout de suite entre les mains de la Providence et reçoit sans tarder le sacrement des malades. Un moment, il semble que la maladie diminue d’intensité, mais soudain une aggravation se produit qui enlève ce jeune religieux en quelques heures. Le Frère Efthymi est mort le 12 septembre 1914, en la fête du saint Nom de Marie, le jour anniversaire de ses 19 ans. Son corps repose au petit cimetière de Gempe. Page : 25/25 Ephémérides de Louvain, samedi 12, dimanche 13 septembre 1914. « Avant notre lever, le canon tonne déjà dans la même direction qu’hier. Au troisième psaume de None, on nous fait récite-r les prières des agonisants. A dix heures on sonne et on se réunit. le Père [?] nous annonce que le Frère Efthymi touche à sa fin. Dans la matinée, deux lanciers belges viennent demander à boire. A midi et demi, le P. Possiciius [Daubyl qui était absent au dîner vient nous annonce-r que, pour la troisième fois en un an, nous sommes plongés dans le deuil. Le Seigneur vient de rappeler à lui le Frère Efthymi, tombé malade il y a quinze jours. Ses derniers moments ont été très calmes. Il a gardé connaissance jusqu’au bout, pensant même à remercier les uns et les autres pour leur dévouement à son égard. Nous récitons un De profundis avant de sortir du réfectoire. A 13 heures, on transporte son corps au parloir et on organise la veillée auprès du corps, suivie à 15 heures 15 de la récitation de l’office des morts. Le lendemain, dimanche 13 septembre, la messe est chantée comme à l’ordinaire. A Il heures 15 nous récitons l’office des morts pour le Frère Efthymi et nous nous succédons toute la journée auprès de son corps au parloir. De la guerre, aucune nouvelle. Le canon ne tonne que plus rarement de loin en loin. Au souper, le P. Possidius nous annonce que nous aurons la consolation de posséder ici, à Gempe, le corps du Frère. Le Père Médard [Hudry] a négocié la chose avec le bourgmestre de Winghe. Il ne lui manque plus qu’un papier pour obtenir le permis d’inhumer. C’est pourquoi le Frère Dominique a été aussitôt envoyé à Louvain pour rapporter ce papier en question. Nous espérons qu’en sa qualité de Hollandais, il pourra traverser sans difficulté les postes prussiens, rentrer et sortir de la ville, ce qui n’est plus permis aux Belges et aux Français. On procède après le souper à la mise en bière. Le lundi 14, le Frère Dominique arrive dans la soirée à 15 heures, rapportant outre le papier nécessaire pour l’inhumation de bonnes nouvelles de la maison de Louvain qui n’a pas eu à souffrir des boulets prussiens. La maison est réquisitionnée en partie par les Belges pour des provisions de farine, 250 sacs de 1kg. ». Page : 26/26

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Lettre à la Dispersion, 1914, n° 34, p. 1-3. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Lettre du Frère Efthymi au P. Germain Reydon, Limperstberg, 6 janvier 1913. Notices Biographiques