Eliacin (Eugène-Guillaume) LE ROUX – 1883-1963

Auto-présentation.
« Le bon M. Le Roy vient de me communiquer votre bonne lettre qui m’apprend
que vous consentez à m’admettre au noviciat. Vous dire la joie que j’en
ressens me serait impossible. Dieu seul le sait et il est des sentiments
qu’une plume ne rend pas. Comme un fils doit ouvrir son c?ur à un père, de
même, laissez-moi vous ouvrir le mien qui a tant souffert. Comme l’a dit le
supérieur d’Evreux, mon intelligence est un peu au- dessous de la moyenne,
mais me sentant la vocation, j’avais demandé à être admis au grand
séminaire. J’y ai passé 3 ans complets et j’aurais continué si l’expulsion
n’était venue m’éloigner d’une maison qui m’était si chère et dont je
garderai un bon souvenir. En mars dernier, on m’a averti
que la nouvelle maison trop petite ne pouvait m’y recevoir. Mon désir de me
donner à Jésus m’a fait me tourner vers vous. M. Le Roy m’a parlé des
Assomptionnistes qu’il
connaît. J’ai étudié les oeuvres de la congrégation et après réflexion j’ai
demandé à ce prêtre de faire les démarches pour me faire entrer au
noviciat, Merci mon Père de m’avoir admis et je m’y rendrai le plus tôt que
je pourrai ». Eugène Le Roux, Crozon, 19 avril 1907.

Religieux de la Province de Bordeaux.

Premières années de mobilité.

Eugène-Guillaume Le Roux, né le 10 mars 1883 à Plouvorn (Finistère), se destine à la vie sacerdotale. Après ses écoles primaires à Plouvorn, il fait des études secondaires au collège de Saint-Pol-de-Léon. Admis au grand séminaire d’Evreux (Eure), il doit laisser la place aux séminaristes diocésains qui y ont la priorité. Le 6 août 1907, il reçoit l’habit religieux des mains du P. Vincent de Paul Bailly à Gempe, sous le nom de Frère Eliacin. Il prononce ses premiers v?ux comme Frère de ch?ur, le 6 août 1908 à Louvain. Se rendant compte de ses difficultés pour les études, il exprime le désir de passer Frère convers. Le P. Saturnin Aube le reçoit à la maison d’Andrinople en Turquie comme professeur au collège Saint-Basile de 1908 à 1914. Lui-même insiste pour refaire ses v?ux comme frère convers le 6 août 1910. Par suite de la guerre, la profession perpétuelle est reculée jusqu’au 19 mars 1917, à San Remo. Le Frère Eliacin entre temps a accompli l’exode mémorable qui de Turquie le conduit en Bulgarie, le fait passer en Russie et arriver à Londres le 5 janvier 1916. le P. Emmanuel Bailly l’attache à son service et c’est ainsi que le Frère Eliacin découvre la Ville éternelle. Malade, il est envoyé se soigner à San Remo. En 1918, le P. Joseph Maubon le désigne pour la résidence de Montpellier (Hérault) où il dirige le patronage jusqu’en 1925. Ayant opté pour la Province de Lyon, il est affecté à Plovdiv (Bulgarie) où il enseigne jusqu’en 1935. le P. Zéphyrin Sollier lui demande le service de l’enseignement dans la classe de 6ème à Scherwiller (Bas-Rhin). Le P. Gérasime Younès obtient son transfert pour le cercle des jeunes gens à Menton (Alpes-Maritimes) en 1937. La guerre de 1939 le trouve enseignant au collège de Briey (Meurthe-et-Moselle).

De 1940 à 1941, le Frère Eliacin rend service à l’orphelinat de Douvaine (Haute-Savoie).

Enseignant dans la Province de Bordeaux.

En 1941, le Frère Eliacin quitte les bords du lac Léman pour le collège de Saint-Caprais d’Agen (Lot-et-Garonne) qui devient sa résidence fixe, après un nouveau séjour à Briey en 1946. En 1947, le P. Régis Escoubas obtient le transfert définitif du Frère Eliacin dans la Province de Bordeaux. Pendant 17 ans (1946-1963), le Frère se voue à l’enseignement et à l’éducation des plus jeunes élèves. Sans bruit, avec beaucoup de patience et de compétence, il supporte l’exubérance et les gamineries des petits. Il assure successivement les cours en classe de 7ème, puis de 8ème. Lorsque ses forces déclinent, il devient bibliothécaire, constitue une riche documentation de films-fixes et enrichit la bibliothèque de plus de 3.000 volumes, selon ses calculs. Maître bon et exigeant, d’humeur toujours égale, il demeure jusqu’à 80 ans jeune d’allure, d’esprit et de c?ur. Il est particulièrement fier d’avoir lancé le scoutisme en Bulgarie et d’y avoir rencontré Mgr Roncalli qui lui fait la surprise en 1958 de devenir le bon pape Jean XXIII! Imaginatif, il ne se contente pas d’assurer des heures d’enseignement religieux, mais se fait aussi le propagandiste zélé d’équipes de croisés et de missionnaires parmi son jeune auditoire qu’il tient en haleine par de nombreuses conférences. Toujours tôt levé, fidèle à la prière, d’une exactitude minutieuse en toute chose, le Frère Eliacin est un compagnon indulgent et sans épines pour ses confrères. Ni le poids des ans ni les misères de la vieillesse ne le rendent à charge pour les autres. Il souhaite finir ses jours au collège. Le 2 novembre 1963, il doit être opéré d’une occlusion intestinale. Il garde le tenace espoir de rentrer dans ses murs, mais au matin du 2 décembre, il s’éteint, sans agonie, dans un soupir. Les obsèques du Frère Eliacin sont célébrées en la cathédrale d’Agen et son corps est déposé au cimetière de Layrac. Il laisse le souvenir d’un religieux d’un commerce agréable, souriant, d’une vertu discrète et d’une ferveur simple, ayant fait de Saint-Caprais la maison d’un bonheur partagé avec tous.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: B.O.A. mars 1964, p. 234-235. Lettre à la Famille, 1964, n° 370, p. 555-556. A Travers la Province (Bordeaux), 1964, n° 116, p. 1-4. Saint-Caprais, 1962, n° 13, p. 21-26. Lettre d’Eugène Le Roux au P. Emmanuel Bailly, Crozon, 19 avril 1907. Dans les ACR, du Frère Eliacin Le Roux, quelques correspondances (1907-1963).