Emile GAUTHIER – 1850-1929

Piocher la terre ou la théologie?
« J’ai été bien étonné d’apprendre que vous désiriez me voir descendre à
Nîmes pour être ordonné prêtre, vu qu’il me manque encore 6 mois pour avoir
l’âge et que je n’ai presque pas fait de théologie cette année. J’avais
déjà écrit au P. Alexis
[Dumazer] pour lui demander des conseils au sujet de mes études. Il m’avait
même tracé un certain travail de théologie, mais le printemps est arrivé.
Il
a fallu s’occuper des propriétés nouvellement achetées, rentrer les blés et
le foin et il m’a été impossible de toucher aucun livre pendant quelques
semaines… Le P. Bailly m’a
dit que, une fois prêtre, je pourrai acquérir la science nécessaire. Le P.
Pierre
[Descamps] a besoin d’un second prêtre. Ici tout le monde se porte bien. Le
P. Emmanuel [Bailly] et le P. Pierre sont allés en pèlerinage avec les
enfants au tombeau de St François de Sales à Annecy. Ils ont été reçus à
bras ouverts par les missionnaires de la ville et les Sœurs de Ste Chantal
qui leur ont fait visiter tout leur établissement. Les enfants ont été
enchantés de cette promenade malgré la fatigue
… ».
Frère Emile au P. d’Alzon Les
Châteaux.

Emile GAUTHIER

1850-1929

Religieux de la Province de Paris.

De petite taille, avec les alumnistes.

Emile Gauthier est né le 13 mars 1850 à Sauve, petite commune du Gard, dans le canton du Vigan. Baptisé le jour même, le bébé paraît si frêle qu’on ne lui donne que quelques heures à vivre. Il fait ses études classiques au collège de l’Assomption, puis entre, en compagnie de Pierre-Baptiste Morel, au noviciat du Vigan le 15 juillet 1865, présenté par une lettre du curé de Sauve l’abbé Baus. La date de sa première profession n’est pas enregistrée. On sait qu’il revient au collège de Nîmes pour enseigner et continuer sa formation ecclésiastique. Il prononce ses vœux perpétuels, le 8 décembre 1869 à Nîmes. Le P. d’Alzon plaisante souvent sur la petite taille ce religieux, professeur de 7ème et surveillant, à peine plus haut que certains élèves. Pour la théologie, il suit des cours à Nîmes et à Paris. Le P. d’Alzon l’envoie aider à la fondation de Notre-Dame des Châteaux en Savoie (1872-1873). Il vient à Montpellier pour être ordonné prêtre par Mgr de Cabrières, le 30 mai 1874. En novembre 1874, il est encore de la fondation d’un autre alumnat, Nice (Alpes-Maritimes), en 1875 de celle de Clairmarais (Pas-de-Calais) où il réside jusqu’en 1879 et, également, de Mauville (Pas-de- Calais) de 1879 à 1891. On peut dire que la vie apostolique du P. Gauthier se confond avec celle des alumnats. Après une année à Osma (Espagne) où il peut prendre part au pèlerinage à Saint-Jacques de Compostelle (1883), il repasse à Mauville, est envoyé à Taintegnies (1891-1901), Saint-Trond (1901-1905) et Zepperen (1905-1912). Homme très simple, vif et plein d’entrain, il participe à la formation des jeunes, faisant la classe aux plus avancés des grammairiens ou initiant les débutants de la 3ème section pour lesquels il garde toujours un faible et pour lesquels il réussit avec beaucoup de bonheur. Pendant 40 ans, il accomplit ce labeur régulier,

très humble et fécond, animé par un grand esprit surnaturel. En 1911, le Père Emile, fatigué, doit prendre un peu de repos. A partir de 1913, il est affecté au noviciat de Limpertsberg au Luxembourg (1913-1919): il enseigne le cours sur les psaumes et sur l’Evangile. Il passe dans un calme relatif ces dures années de guerre, accompagnant les jeunes novices au travail dans les fermes de Buschdorf et de Finstertal, astreints au service agricole pour les nécessités de la vie. En 1919, il gagne Saint-Gérard où le noviciat de Limperstberg, via Louvain, a trouvé refuge (1919-1920). Opéré de la prostate, il est mis au repos à San Remo sur la côte italienne de la Ligurie (1920-1923), puis à Lorgues (Var), de 1923-1929. C’est là qu’il meurt à 79 ans, le 11 janvier 1929. Le corps du P.Emile repose au cimetière de Lorgues.

Portrait et personnalité.

Le P. Emile s’identifie avec l’œuvre des alumnats de grammaire. Il est le professeur des éléments latins. Il dit lui-même en riant qu’un jour un phrénologue lui a découvert la bosse des enfants. De fait, par sa petite taille, son sourire perpétuel qui illumine une barbe en éventail et qui lui couvre toute la poitrine, sa voix jeune et élevée, son agilité surprenante, sa démarche sautillante, son exubérance, il est très aimé de ses élèves. Avec lui on semble apprendre en jouant. Il sait donner aux jeunes qui passent entre ses mains une grande émulation. Il les distingue et les appelle par les noms de guerre qu’ils se donnent. Il a mille inventions pour les intéresser, les captiver et les instruire presque à leur insu. Il fait preuve d’une patience à toute épreuve qui ne se décourage jamais et ne décourage personne. A Zepperen, on se souvient qu’il remplit un carnet de règles pédagogiques les plus judicieuses, fruit d’une longue expérience. Au haut de la première page, il inscrit en guise de maxime: ‘La répétition est l’âme de l’enseignement’. Il aime que les jeunes se dépensent, courent, crient, s’amusent, prenant part lui- même aux jeux et donnant l’impression d’y prendre un grand plaisir. Il ne dédaigne pas de se prêter aux mascarades, aux exhibitions funambulesques à l’occasion des fêtes.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Lettre à la Dispersion, 1929, n° 293, p. 1, 5; n° 295, p. 17-18; n° 296, p. 24. Polyeucte Guissard, Portraits Assomptionistes, p. 130-143. L’Assomption et ses œuvres, 1929, n° 337, p. 115-120. Lettres d’Alzon, t. XIII (1996), p. 449-450. Dans les ACR, du P. Emile Gauthier, correspondances (1873-1919). Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Trait d’Union des Anciens Alumnistes, 1933, n° 63, P. 73-74. Notices Biographiques