Emilien (René Emilien) NURIT – 1913-1995

Montpellier, 1992.

« Mon Père,
Je profite de l’occasion pour vous faire une petite demande, quoique
peut-être vous ne vous occupiez pas de cela. J’imagine en effet que vous
avez d’autres occupations. Voilà, j’ai 79 ans et je suis assez patraque.
J’ai eu il y a longtemps une belle bronchite, puis une pleurésie,
maintenant je suis perclus de
rhumatismes. J’aimerais dorénavant me retirer à Lorgues, maison où je
connais presque tout le monde. C’est la plus commode pour moi si je veux
aller passer quelques
jours dans ma famille. Il y a trois ou quatre Pères et Frères qui ont une
auto et ne sont pas très loin de chez moi, car j’ai un frère handicapé qui
vit dans une maison de retraite et auquel je me dois de rendre visite.
Quand ces religieux iraient en vacances, ils me prendraient avec eux. Les
autres maisons sont plus loin
et je n’y connais personne. C’est inutile d’y compter. Cela fait que au
mois de septembre prochain, si Dieu me prête vie, je serai heureux de
prendre un peu de repos. Je pense qu’il doit y avoir de la place à Lorgues.
Faut-il pour cela que j’écrive au Provincial? ».

Frère Emilien.

Notices Biographiques A.A

Religieux de la Province de France. Un serviteur fidèle, régulier et discret. René-Emilien Nurit est né à Saint-Gal en Lozère, le 28 juin 1913. Il fait des études secondaires au collège Sainte-Marie de Saint-Chamond (Loire), de 1925 à 1929, et son service militaire à Montpellier (Hérault), en 1934-1935. Après neuf mois de postulat à Chanac (Lozère) , il y reçoit l’habit le 21 novembre 1946, sous le nom de Frère Emilien, avant de rejoindre le noviciat des Essarts (Seine- Maritime) où il fait profession le 28 novembre 1947. Le P. Coulet, son maître de novices, a noté: « Le peu de paroles que le Frère Emilien m’a dites, son activité et sa régularité me font croire qu’il sera un bon religieux convers ». Sa profession perpétuelle est datée du 28 novembre 1950 à Chanac, avec cette annotation du P. Louis-Henri Bélard: « je n’ai qu’à me louer de la conduite du Frère Emilien et, humainement parlant, tout laisse croire à une persévérance sans défaillance de sa part ». Pour les années 1947-1992, on relève sur sa fiche personnelle trois noms de lieux seulement; Chanac, Davézieux (Ardèche) et Montpellier, avec, chaque fois en face, ‘jardinier’. Faut-il s’étonner si, à son sujet, d’aucuns se sont posé la question des Carmélites de Lisieux à la fin du siècle dernier: « Que pourra-t-on dire après sa mort? ». Une vie en trois lieux. En 1947, le jeune profès revient à Chanac. Il y est fervent, franc, quoique timide, humble et serviable. Les années passent, les vocations se font plus rares, l’alumnat ferme ses portes en 1964, le Frère Emilien est nommé à Davézieux qui va connaître le même sort. Il revient à Chanac l’année suivante. L’effectif des religieux au repos a doublé et atteint la vingtaine. « Naturellement discret et réservé, observateur des choses et des gens, Page : 81/81 le Frère Emilien s’extériorise peu. Tout est chez lui marqué parle bon sens. En communauté, on le trouve pieux, régulier, ponctuel, dévoué et précis dans ses divers emplois. Déchargé du potager vers 1969, il aide l’économe dans ses différentes tâches: prévisions d’achats alimentaires, produits d’entretien, réparations à effectuer dans le mobilier ou l’immobilier » (1). La maison de repos de Chanac ferme à son tour en 1979. Le Frère Emilien y reste seul un temps pour assurer le gardiennage et l’entretien des lieux. C’est sa trente-deuxième année à Chanac! De 1980 à 1992, il se dévoue à la paroisse Sainte-Thérèse de Montpellier. « à l’accueil, à la cuisine, au jardin et dans les mille petites occasions qui facilitent la vie en communauté. Il parle toujours peu, mais il est toujours disponible et fidèle aux heures de prière. C’est pour lui là l’essentiel. Sa longue présence à la chapelle, sa régularité aux offices disent où est pour lui la source qui irrigue sa vie et lui donne la persévérance dans les épreuves » (2). Durant la dernière étape à Lorgues (Var), de 1992 à 1995, c’est de la part du Frère Emilien la même qualité de silence, la même communion au Seigneur, l’unique nécessaire. Volontiers cependant il se détend en de sobres conversations en patois avec ses compatriotes lozériens ou aveyronnais. Et il offre volontiers son concours pour former le carré indispensable au jeu de cartes. Il n’a pas l’habitude de se plaindre, mais en confidence il dit parfois qu’un mal mystérieux le mine. Ses jambes finissent par ne plus vouloir le porter et la machine commence à patiner, déjà quand il arrive de Montpellier à Lorgues en 1992. Il reste partout l’homme et le religieux que l’on a connu ailleurs, discret, priant et fraternel. Le 24 juillet 1995, fiévreux et haletant, il est admis au Centre hospitalier de Draguignan. Il y meurt le mercredi 20 septembre, peu après minuit, dans la 83ème année de son âge et la 48ème de sa profession. (1) Du P. Régis Fontenat, ancien économe de Chanac. (2) Selon le P. David Laurent, le jour des obsèques du Frère Emilien à Lorgues. Page : 82/82

Bibliographies

Bibliographie et documentation, Documents Assomption, Nécrologe (VI) 1994-1995, p. 122-123. Assomption-France, Nécrologie année 1995, p. 328-330. Lettre du Frère Emilien Nurit à un Assistant de la Curie, Montpellier, 1979. Notices Biographiques