Religieux français, novice mort à la guerre. Un jeune religieux, mort au front. Marcel Salson est né à Melvieu dans l’Aveyron, le 7 juin 1896. La famille garde les fortes traditions patriarcales de cette région aveyronnaise très pratiquante. Une de ses tantes est religieuse de Cluny, supérieure de sa communauté à Dakar et une sœur aînée, de la même Congrégation, religieuse à Santiago du Chili. Lui et son frère René (1) entrent en 1909 à l’alumnat d’Elorrio (Espagne), manifestant tous deux le désir de devenir prêtres. Elève sérieux et appliqué, Marcel tient souvent la première place de sa classe dans les examens et les compositions, tout en restant sagement humble et ne se prévalant pas de ses succès scolaires au regard de ses condisciples. En 1912, ayant terminé ses années de grammaire, il se rend à l’alumnat de Taintegnies en Belgique pour les humanités. Le 8 décembre 1914, il prend l’habit religieux à Vinovo en Italie, sous le nom de Frère Emilius. La guerre le soustrait à la vie religieuse en lui rappelant d’autres obligations. Il part avec courage rejoindre son régiment d’appel à Montbrison dans la Loire où il fait son temps d’instruction. Ses lettres de l’époque rendent compte de ses sentiments et de ses dispositions religieuses dans un milieu où la prière devient sa force quotidienne. Les premiers jours au front lui sont pénibles, l’hiver de 1916 est particulièrement rigoureux. Ayant eu les deux pieds gelés, le Frère Emilius est évacué, mais à peine guéri il est renvoyé dans les tranchées dès décembre 1916, à Saint- Pierre-Vaast. Estimé par ses camarades de peloton et de ses chefs, il reçoit les galons de sergent. Son ascendant sur les hommes de troupe lui permet de les rassembler autour de l’aumônier du bataillon et de leur faire profiter de saines lectures divertissantes. En avril 1918, son bataillon réussit un beau coup de main en entrant jusqu’en troisième ligne ennemie, A.A sous un barrage intense de tirs d’obus, et de faire sauter des ouvrages de sapes. Il reçoit alors la Croix de Guerre pour cette action d’éclat et notamment sa conduite durant les différents assauts. La dernière lettre conservée de lui par le P. Eugène Monsterlet est datée du 18 mai 1918: « je ne veux pas attendre pour vous dire que mon cœur sera avec vous demain, fête de la Pentecôte. Revivre par le souvenir les belles cérémonies des jours bénis d’autrefois, m’unir de cœur à celles qui se dérouleront demain, sera ma seule ressource. Moins fortuné que d’autres, je ne pourrai même pas assister à la sainte messe. Puisse ce sacrifice servir à quelque chose pour mon avancement spirituel! Je ne manquerai pas de piler pour l’Assomption tout entière, surtout pour le P. Joseph Maubon ». Mais à partir du 8 juin 1918, sa famille angoissée ne reçoit plus de nouvelles de lui, alors qu’on le croit dans l’Oise lors de la grande offensive allemande de l’été. Ce n’est que tardivement que l’on apprend sa mort au combat dans les environs de la forêt de Compiègne. Blessé, le Frère Emilius a été transporté à l’ambulance d’Estrée-Saint-Denis où il est mort le 16 juin 1918 des suites de ses blessures. Son corps repose au cimetière militaire du Fayet. Le 15 juillet 1918, le P. Galtier, aumônier de régiment, fait connaître, suite à des démarches auprès du Ministère de la Guerre, quelques précisions sur les circonstances de la disparition du Frère Emilius: « L’aumônier de bataillon m’avait mal renseigné au sujet de votre jeune religieux Marcel Saison, et c’est une mauvaise nouvelle que je dois vous apprendre. Le pauvre enfant est mort à l’ambulance du Fayet, au sud d’Estrée-Saint-.Denis, et il repose dans le cimetière militaire de cette même commune. Je joins mes prières aux vôtres pour que Dieu récompense le plus tôt possible, s’il ne l’a déjà fait, les vertus de cet excellent religieux et de ce bon soldat. Recevez, mon Père, mes respectueuses salutations ». (1) René Salmon s’orientera parla suite vers le grand séminaire de Rodez. (2) F-n 1917, le tribut payé à la guerre par l’Assomption est de deux religieux, le Frère Gernùer Lapène et le P. Wilhelm Riether, en 1918, il est encore plus lourd, dix.
Bibliographies
Bibliographie et documentation: Lettre à la Dispersion 1918, n° 522, p. 34-36; n° 524, p. 65; 1919, n° 569.p. 272. L’Assomption et ses (Euvres, 1920, n° 222, p. 108. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Dans les ACR, du Frère Emilius Salson, correspondances des années de guerre (1915-1918). Notices Biographiques