Emmanuel (Gustave-Eugène-J.) LETURGIE – 1921-1995

Echos de la vie à Viels- Maisons.
« Nous sommes au milieu de la cueillette des pommes, commencée il y aune
dizaine de jours. Heureusement ce travail touche à sa fin. Nos trois arbres
ont donné leur plein rendement cette année pour compenser l’année dernière
déficitaire et l’année prochaine qui ne donnera sûrement pas grand’chose.
Grâce à cette bonne récolte de pommes, nous avons fait du cidre au pressoir
de M. Gorisse qui demeure près de la boucherie Perrotin. Nous avons eu une
barrique de 220 litres de cidre, pur jus de pommes. C’est la première fois
que nous faisons du cidre à
Viels-Maisons, depuis 11 ans au moins. En plus du cidre, nous avons cueilli
à la main des pommes à manger que nous avons étalées dans le grenier, de
façon à fournir les desserts des longs mois d’hiver. Mais la récolte des
pommes de terre n’a pas donné ce que nous espérions, à peine 900 kg Aussi
avons-nous acheté aussitôt 500 kg de ces précieux légumes, au prix de 10frs
le kg, à un fermier de Vendières. Notre nouveau curé, le P. Nivard Prévost,
est arrivé le 11 septembre. I1 attend toujours son installation canonique
par le doyen de Charly. Nous avons un prisonnier allemand. Le Frère
Emmanuel a pris votre chambre
».

Religieux de la Province de France.

Curriculum vitae.

Gustave-Eugène-Joseph Léturgie est né le 14 mai 1921 à Ham-en-Artois (Pas-de-Calais). A l’âge de huit ans, il perd sa mère, Lucienne née Raoul. L’année suivante son père, Eugène, meurt à son tour. Orphelin, accueilli d’abord à Arras à l’orphelinat du P. Halluin, il est alumniste au Bizet en Belgique, de 1933 à 1937. Il prend l’habit le 29 mai 1938 au noviciat des Essarts (Seine-Maritime), sous le nom de Frère Emmanuel. Il y fait sa première profession l’année suivante, le 30 mai. Timide, plutôt taciturne, il n’est pas très résistant sur le plan physique, ayant fait du préventorium. Le parcours du Frère Emmanuel est assez sinueux, en raison de ses multiples affectations:

De 1939 à 1945, il est nommé à l’alumnat de Vérargues (Hérault): il y remplit les fonctions de sacristain et d’aide-cuisinier. Il accomplit son service militaire de 1941 à 1942, sous la seule forme autorisée par les autorités allemandes des Chantiers de jeunesse. C’est à Vératgues qu’il est reçu à la profession perpétuelle, le 8 décembre 1942.

De 1945 à 1946, il est nommé au noviciat des Essarts où il est chargé de la lingerie.

De 1946 à 1947, il doit se reposer à Viels-Maisons, un secteur paroissial de l’Aisne, desservi par des Pères belges.

De 1947 à 1948, il participe à la fondation de Dormans, dans la Marne. Il s’agit d’une maison destinée au départ à recevoir les vocations tardives de Montéchor (Pas-de-Calais) qui n’y viendront jamais. Le projet, transformé en gardiennage et animation du sanctuaire-ossuaire de Dormans, est abandonné en 1949.

De 1948 à 1949, à Lormoy (Essonne), le Frère

Emmanuel assure le service de la lessive.

De 1949 à 1951, il est chargé de la sacristie et de l’entretien à la maison provinciale de Paris, avenue Denfert-Rochereau.

De 1951 à 1954, il devient professeur de la classe de 7ème à l’alumnat de Lambersart (Nord), près de Lille.

De 1954 à 1963, il est affecté à l’orphelinat d’Arras où il enseigne pendant trois ans. Il est ensuite portier, sacristain et dépensier.

De 1963 à 1964, il est chargé du réfectoire et de l’entretien à l’alumnat de Soisy-sur-Seine (Essonne).

De 1964 à 1968, il assure les mêmes fonctions à Paris, rue François ler.

De 1968 à 1979, il est au service des religieux au repos à Chanac (Lozère).

De 1979 à 1982, il est affecté à la communauté de Nîmes (Gard), rue Sainte-Perpétue. De 1982 à 1995, il est nommé à la maison de Saint-Sigismond (Savoie) où il reste actif jusqu’au bout. Toute sa vie, il souffre d’une insuffisance cardiaque. A Saint-Sigismond, il s’occupe plus particulièrement du soin du poulailler, entretient le jardin intérieur, soigne les fleurs, tond le gazon jusqu’à se fatiguer un peu trop, ce qui lui vaut les remontrances du cardiologue qui le suit de près. Dans l’après-midi du mardi 5 décembre 1995, il fait, malgré le froid, sa promenade habituelle. Au retour, il se sent fatigué et, victime d’une crise cardiaque, il est transporté à l’hôpital d’Albertville où il meurt dans la soirée. Présidées par le P. Noël Bugnard, ses obsèques sont célébrées le 9 décembre. Quelques personnes des environs se joignent à la prière d ela communauté. La famille ne peut se déplacer en raison des grèves, elle fait rapatrier le corps qui repose à Ham-en-Artois, le pays natal du Frère Emmanuel: « L’humble geste quotidien peut valoir autant que tout autre, si élevé soit-il, puisqu’il est pesé à son poids d’amour ». P. Noél Bugnard, le jour des obsèques.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Documents Assomption, Nécrologe (VI) 1994-1995, p. 13-14. Assomption-France, année 1995, p. 342-343. Echos de la vie à Viels-Maisons par un correspondant anonyme au P. Reniers, Viels-Maisons, 10 octobre 1947.