Emmanuel (Jean) SUEL – 1912-1961

Maladie, 1961.
« Le Supérieur d’Arras vient de nous apprendre le décès du P. Emmanuel
Suël. Celui-ci avait été emmené sur l’ordre
du médecin à l’hôpital des Frères de saint Jean de Dieu à Lille, la semaine
dernière. Il fallut se saisir de lui et l’emmener de force à l’ambulance.
Il était imposable de le déterminer lui-même à se rendre en traitement. Il
parlait de plus en plus de suicide, le docteur le craignait aussi et
l’on a retrouvé un revolver dans sa chambre. Il y a quelque temps, le
médecin réussit à lui faire avouer qu’il
se droguait, à la morphine sans doute, depuis très longtemps. Son supérieur
lui fit remettre il y a quelques mois sa réserve de drogue, mais il ne
pouvait vivre sans cela. Seule une cure de désintoxication aurait laissé
quelque espoir, bien que le médecin que j’avais vu lors du Centenaire (2)
m’avait dit son appréhension de voir la mort arriver sans rémission.
Plusieurs religieux ont essayé de l’aider de leur amitié, mais hélas, le
Père s’est toujours replié sur lui-même. Nous ne savons pas dans quel état
d’âme le Père est mort. Sa famille désire que le Père soit inhumé dans le
cimetière de son village. Nous laisserons faire ».
P. Charpentier.

Notices Biographiques A.A

Religieux de la Province de Paris. Parcours de formation. Né à Haverskerque (Pas-de-Calais), le 2 décembre 1912, Jean Suël fait ses études secondaires en Belgique au Bizet (1924-1927), puis à l’alumnat de Clairmarais (Pas-de-Calais), de 1927 à 1929. Il prend l’habit au noviciat des Essarts (Seine- Maritime), le 15 juin 1930, sous le nom de Frère Emmanuel et sous la direction du P. Léonide Guyo. « Le Frère Emmanuel est un religieux doué de qualités moyennes mais fort précieuses. Il a de la piété, du sérieux, de l’intelligence pratique et un très bon caractère. B peut être reçu sans problème à la profession ». L’année suivante, après sa première profession aux Essarts le 16 juin 1931, il se rend au scolasticat de Scy-Chazelles (Moselle) pour faire l’année complémentaire et compléter l’étude de la philosophie qu’il a antérieurement commencée à Haubourdin dans le Nord (1932-1934). Il accomplit un temps de service militaire à Lille (1934-1935), d’où il fait parvenir ces quelques lignes: « Etant arrivé en garnison à Lille, je me permets de me rappeler à votre bonne sollicitude pour l’envoi des journaux que vous avez l’habitude d’expédier aux Frères soldats ». En octobre 1935, il n’omet pas de remercier le religieux qui lui procure le service d’envoi de la presse: « A la fin de cette année de caserne, je tiens à vous exprimer mon plus grand merci pour l’envoi régulier des revues de la Bonne Presse. A mon merci je devrai joindre celui des camarades de chambrée et d’autres encore qui en ont profité autant que moi durant toute l’année ». Le Frère Emmanuel est envoyé au scolasticat Saint- Augustin de Lormoy (Essonne) pour les études de théologie (1935-1939). Profès perpétuel le 21 novembre 1936, il est ordonné prêtre le 26 février 1939. A.A A l’orphelinat d’Arras. Affecté à l’orphelinat Halluin à Arras (Pas-de-Calais), ü y remplit la charge d’économe. Barbe noire, démarche un peu nonchalante, visage grave plutôt triste, c’est l’image que gardent de lui des confrères qui s’arrêtent au ‘Père Halluin’. Le Père Emmanuel sort peu. Il appréhende une autre affectation et se confine volontiers dans sa charge d’économat. Depuis plusieurs mois, en 1961, il inquiète son entourage par un état dépressif que le médecin veut faire soigner en l’hospitalisant. Mais le malade ne veut pas en entendre parler; il fait tout pour y échapper. Ses supérieurs (1) et le médecin décident de prendre les moyens qui, de gré ou de force, lui procureraient le traitement indispensable. En mars 1961, le Père Emmanuel est emmené en traitement chez les Frères de Saint Jean de Dieu à Lille (Nord). Encore en observation, alors que rien ne laisse présager une mort subite, à 49 ans, le 28 mars 1961, dans la nuit, le Père Emmanuel rend son âme à Dieu. A la demande de sa famille, les obsèques ont lieu le ler avril suivant en son village natal où il est inhumé. Les religieux d’Arras ainsi que le P. Marie-Aimé Mme, économe provincial, se joignent à l’assemblée familiale et paroissiale qui accompagne en prière le P. Emmanuel à sa dernière demeure. (1) A Paris, le Supérieur Provincial est le P. Paul Charpentier. Le supérieur local à l’orphelinat du P. Halluin est le P. François-Régis Fontenat. (2) Il s’agit du centenaire de l’orphelinat Halluin fêté en 1960. En fait l’orphelinat a été fondé par l’abbé Henri Halluin en 1846, mais c’est après diverses migrations qu’il s’est transporté en 1860 dans les bâtiments de l’ancien petit séminaire, rue de Beaufort, où il se trouvait toujours en 1960. Il avait fallu après les bombardements de 1944 de gros travaux de restauration, notamment la réfection de la toiture de la chapelle et de nouveaux conditionnements intérieurs. En 1960, l’orphelinat compte une centaine de pensionnaires internes auxquels il faut joindre 50 autres adolescents, plus jeunes, rue de Doullens, placés sous la direction de l’annexe dirigé par les Filles de l’Enfant-Jésus. Sur place sont conjugués enseignement professionnel et enseignement général.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: B.O.A. octobre 1962, p; 169. Paris-Assomption, mai 1961, n° 76, p. 24-25. Lettre à la Famille, 1961, n° 317, p. 116-117. Lettre du P. Paul Charpentier au P. Wilfrid Dufault, Paris, 28 mars 1961. Du P. Emmanuel Suël, dans les ACR, deux courts billets envoyés à la Lettre à la Dispersion pendant son service militaire à Lille (1934-1935). Notices Biographiques