Enrique-Maria (E.) TISCORNIA MILZA – 1908-1993

Buenos-Aires, 1961.
« Je profite de cette lettre pour vous parler de mon projet concernant la
fonction de recruteur. J’en ai fait des oraisons jaculatoires depuis votre
départ, partagé entre la crainte et l’obéissance! Je vous partage mon désir
de ne pas entraver les voies de Dieu, mais comment composer cette activité
avec mon faible état
de santé, prévoyant tous les déplacements qu’elle impose? Je ne me vois pas
voyager avec toute ma pharmacie. Dois-je à 53 ans apprendre à piloter une
moto? J’en ai parlé à mon confesseur. Je vous avoue que de me voir
recruteur me donne l’idée de sauter dans le vide. Je vous supplie de me
laisser à Belgrano, donnez-moi plutôt un vicaire, le P. Manuel Rodriguez
avec lequel je vous promets de faire, un essai loyal de recrutement dans le
grand Buenos-Aires. J’insiste sur un point: ni Santos
Lugares ni Olivos ne peuvent devenir des centres de recrutement à cause de
la distance du centre de la capitale et de la difficulté des
communications. Il y a trois ans, j’ai accepté à la demande du P. Régis
Escoubas d’être supérieur de l’alumnat d’Olivos, malgré mes répugnances. On
m’envoya alors à Villa Adelina,
heureusement. Aujourd’hui, de grâce, un sursis … ».

Religieux argentin de la Province de Chili- Argentine. Une formation sur deux continents. Enrique Tiscornia Milza est né le 19 juin 1908 à Buenos Aires, en Argentine. Il suit les cours d’enseignement primaire et secondaire d’abord dans des écoles de l’Etat (1916-1922), puis au collège de La Salle à Buenos-Aires (1922-1925). Il fréquente les cours de la Faculté de Médecine pendant quatre ans (1927-1931). Il entre au noviciat de l’Assomption le 7 mars 1932 à Nozeroy (Jura) où le P. Barnabé Glédel lui remet l’habit et il prononce ses premiers vœux, le 8 mars 1933, sous le nom de Frère Enrique-Maria. Il étudie deux années la philosophie au scolasticat Saint-Jean à Scy- Chazelles (1933-1935) et se rend ensuite au scolastiscat de Lormoy (Essonne) pour le parcours théologique (1935-1938). Profès perpétuel le 25 mars 1936 à Lormoy, il est ordonné prêtre à Buenos-Aires, le 25 mars 1939. Apostolats en Argentine. Voici la suite des différentes résidences et des ministères successifs du P. Enrique-Maria en Argentine: en septembre 1938, il arrive à Santos Lugares. De 1939 à 1946, il est affecté au sanctuaire de San Martin de Tours dans la capitale argentine, tout en enseignant à l’école apostolique jusqu’en 1942. De 1946 à 1949, il est en service à Belgrano. De 1950 1959, il revient, comme curé et supérieur, au sanctuaire et à la communauté San Martin de Tours. En 1959, il prend en charge la fondation d’une communauté d’orantes de l’Assomption à Olivos. De 1960 à 1964, il exerce la responsabilité de supérieur et de curé à Belgrano. En juillet 1964, il revient à San Martin de Tours. En janvier 1968, il passe à Olivos. De 1971 à 1979, il est en service à la paroisse de San Martin de Tours. Belgrano le reçoit à nouveau pour treize ans (1980-1993). Page : 79/79 Il revient à Santos Lugares en avril 1993, où il meurt le 21 décembre suivant. De caractère vif et parfois violent, un peu brouillon dans son organisation, le P. Enrique est porté aux emballements, mais il ne garde pas rancune. Il exige beaucoup de ses confrères, sans se ménager lui-même et laisse à ses confrères une bonne marge d’initiative. Regards sur sa personnalité. « Peut-on mettre en relief trois traits de la vie du P. Enrique qui l’identifient pleinement. sa vaste culture, sa vie spirituelle et son amour pour le travail vocationnel dans le monde des jeunes? Sa culture théologique et humaniste était au service de sa mission sacerdotale. Il aimait aller au théâtre, au cinéma, lire des romans, mais aussi les livres de théologie les plus actuels. Ce n’est pas le plaisir de voir ou de lire qui l’intéresse en lui-même, mais la passion de découvrir à travers ces moyens culturels les idées et mentalités nouvelles qui se font jour. Il reprend ainsi les éléments de sa propre formation pour exposer dans ses homélies, ses instructions ou même dans ses conversations les matériaux de foi qui semblent les plus appropriés. Il est l’un des premiers à saisir l’intérêt de la fondation de la librairie Noël au centre de la ville pour offrir une littérature chrétienne contemporaine aux jeunes catholiques qu’il fréquente. Malgré un caractère plutôt dur, le P. Enrique est un homme de vie spirituelle profonde, un homme de prière et de contemplation. Solide directeur de conscience, il se met au service des personnes en quête de Dieu. Connaisseur expérimenté pour discerner l’action de Dieu dans les âmes qui se laissent conduire par la grâce, il met à profit son sens psychologique et spirituel pour aider des personnes en cheminement et devient un directeur spirituel reconnu pour la sûreté de ses conseils pratiques et opportuns. Il va jusqu’à former un groupe de jeunes filles qui deviendront le noyau de la fondation en Argentine de la Congrégation des Orantes de l’Assomption. Dès son ordination sacerdotale, le P. Enrique entend réaliser l’embryon d’une Assomption argentine. Pour cela il se donne entièrement à J’apostolat auprès des jeunes: groupes clé scouts, groupes d’action catholique, dirigées. Ses efforts pour fonder une école apostolique en Argentine se voient récompensés en 1942 dans une petite maison située à côté des locaux de la paroisse San Martin de Tours. Les résultats ne sont peut-être pas à la hauteur de ses espérances, mais ils témoignent de son engagement pour la cause des vocations religieuses et sacerdotales. Combien de fais, par la suite, n’a-t-il pas reproché à de plus jeunes assomptionnistes de ne pas assez se consacrer à ce ministère? Le P. Enrique est une figure remarquable dans l’histoire de l’Assomption en Argentine qu’il aime et souhaite développer avec le cachet propre de son pays ». D’après le témoignage du P. Juan Donoso. Page : 80/80

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Documents Assomption, Nécrologe (V) 1991-1993, p. 131-132. Asuncion Chile-Argentina, febrero 1994, no 129, P. 1-14. Lettre du P. Enrique Tiscornia Milza au P. Joachim Duret, 30 octobre 1961. Dans les ACR, du P. EnriqUe Tiscornia milza, rapports sur Belgrano (1959-1963), correspondances (1939-1964).