Ephrem (Julien) RICHARD – 1897-1917

Louvain, 1917.
« Je viens de fermer les yeux à l’un de nos plus chers novices, le Frère
Ephrem (Julien) Richard, natif de Saint-Jacut où sa mère habite encore, du
diocèse de Vannes. Il est mort à 10 heures du matin, entouré des Pères,
sans agonie et en pleine connaissance. Je vous avais annoncé sa maladie qui
avait commencé le 31 décembre par une infection intestinale très grave et
qui avait dégénéré en phtisie galopante. Ayant supporté ses infirmités avec
une vraie joie d’enfant, il a accueilli la mort, l’allégresse au cœur et le
sourire sur les lèvres. Ce matin, un peu avant sa mort, je lui demandais:
Si Dieu vous rappelait à lui, aujourd’hui même, en la fête de Pâques, que
diriez-vous?. Réponse: Oh!mon Père, j’en serais bien heureux. Haec dies
quam fecit Dominus. Il a offert sa vie
pour vous, pour toute la famille, pour les alumnats, pour en voir établir
dans son pays. Pendant toute sa maladie, il a été un modèle de stricte
obéissance. Nous lui avons administré les derniers sacrements le 12 mars et
le même jour nous lui avons fait
prononcer ses vœux in articulo mortis. Je vous prie de faire aviser de sa
mort et de lui assurer les suffrages auxquels
il a droit ».

Notices Biographiques A.A

Religieux français, profès in articulo mortes. Un novice mort à la fleur de l’âge. Julien Richard est né le 3 mars 1897 (1) à Saint- Jacut dans le Morbihan, au diocèse de Vannes. En 1911, il est recruté pour l’alumnat de Zepperen en Belgique où il fait ses études de grammaire et d’humanités. Il entre ensuite au noviciat de Louvain où il reçoit l’habit religieux le 15 octobre 1916, des mains du P. Possidius Dauby (2). Sa vie comme novice à l’Assomption est de fort courte durée puisqu’il meurt le 8 avril 1917, à 20 ans, après avoir prononcé ses vœux in articulo mortis, comme le rapporte la lettre du P. Dauby au P. Emmanuel Bailly, relatant les derniers moments du Frère. Des éphémérides de Louvain. Nous ne disposons pas d’autre source que celle des Ephémérides confiées à un Frère de la communauté de Louvain dont nous reproduisons la chronique, au fil des jours: « Vendredi Saint, 6 avril 1917. Le ciel par extraordinaire est sans nuages. La procession du jour suit le trottoir dans la cour intérieure. L’adoration de la relique de la vraie croix commence à 10 heures 30. Le dîner est servi par les Pères comme d’habitude. Le soir, il pleut. Samedi Saint, 7 avril 1917. Il a neigé durant la nuit et il neige encore pendant le jour. La cérémonie de la bénédiction du feu nouveau se fait donc à la salle de communauté. Au chapitre de la veille des fêtes, le sermon est donné par le Frère Euchariste [Boucher]. Le Père [Possidius Dauby] nous adresse ensuite quelques mots et à la fin nous recommande d’une manière spéciale le Frère Ephrem dont la mort est proche. Il est d’ailleurs très bien disposé. Nous suivons le règlement suivant : à 5h30 lever, suivi de Prime, des petites Heures, de la méditation et de la communion. A.A A 6h45, déjeuner. A 7h., office du matin, suivi de la messe et des vêpres. A 11h50, examen particulier. A 12h., dîner, suivi de la récréation. A 14h., répétition des chants. A 15h., bénédiction de la maison et temps libre. A 18h30, Complies chantées. A 18h30, chapitre des veilles de fête. A 19h., souper et récréation. A 20h., obéissance, adoration et coucher. Dimanche de Pâques, 8 avril 1917. Dès le réveil, à 4h30, un joyeux carillon nous invite à nous réjouir de la Résurrection du Seigneur. Le soleil s’est montré dès le matin et nous pouvons faire la procession claustrale dans la cour intérieure. Enfin pour que rien ne manque à la fête, au déjeuner, le Père permet aux novices de fraterniser toute la journée avec les étudiants. Cependant notre joie n‘est pas sans mélange. Le Frère Ephrem est à l’extrémité et il est à craindre que sa mort ne vienne nous jeter dans le deuil au milieu des joies pascales. De fait, vers 9h30, un tintement de cloche nous réunit à la chapelle où nous récitons les prières des agonisants. Un quart d’heure après, le Frère s’est éteint doucement dans sa 21ème année. Au dîner, le Père nous engage à ne pas nous laisser abattre par la tristesse. Pendant les derniers jours de sa maladie, le Frère surabondait de joie. Pendant la journée, Frères étudiants et novices se succèdent auprès de la dépouille mortelle. Une veillée de prières est assurée pendant la nuit. Mardi de Pâques, 10 avril 1917. Pendant toute la cérémonie des funérailles, la neige tombe sans répit. Nous Mons au cimetière de Parc encapuchonnés et drapés dans nos grands manteaux ». (1) Date de naissance donnée par l’acte de vêture du 15 octobre 1916 à Louvain, signé par le Frère Ephrem et le P. Possidius Dauby. Le Registre indique comme date de naissance le 15 octobre 1896. Nous ignorons pourquoi il est vieilli d’un an sur les nécrologes. Par contre, la date du 15 octobre, donnée comme date de naissance, semble bien une confusion avec la date de la vêture, également un 15 octobre. (2) En octobre 1916, le noviciat canonique de l’Assomption se trouve toujours à Limpertsberg au Grand-Duché de Luxembourg, dans un zone occupée par l’armée allemande, sans communication avec le reste de la Congrégation. A Louvain s’organise vaille que vaille un noviciat de substitution, sous la responsabilité du P. Possidius Dauby.

Bibliographies

Bibliographie et documentation : Lettre à la Dispersion 1917, no 453, p. 369. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Lettre du P. Possidius Dauby au P. Emmmanuel Bailly, Louvain, 8 avril 1917. Ephémérides de Louvain, année 1917 (ACR, H 12). Notices Biographiques