Ernest BAUDOUY – 1862-1942

Attestations du P.Baudouy par et sur lui-même.

Le P. Ernest a tenu, de son vivant, à tracer son curriculum, en y mettant
le sel qui entourait toujours sa plume. Homme sage et méticuleux, il a non
seulement alimenté la chronique de la
Lettre à la dispersion, mais il a pris plaisir à en faire gémir la
composition. Voici quelques relevés de ses propres annotations à son sujet:
« Etudes primaires et secondaires: à l’école du village [Lacoste], dans les
champs et chez le curé, Les autres dans les alumnats. Etudes supérieures:
néant, à moins qu’on ne compte les excursions dans la lune. Etudes
particulières: j’ai
bricolé de droite et de gauche, je baragouine en espagnol et en italien.
J’ai perdu beaucoup de temps dans ma jeunesse à musiquer et même à jouer de
la flûte. J’ai écrivassé par-ci par-là dans diverses revuettes et bulletins
de la
Congrégation. Mes résidences? N° 1 : dans le sein maternel N° 2 : en
nourrice à St Saturnin…. N° x : dans les secrets de Dieu. Déposez mon
corps n’importe où, que cela ne vous crée pas de soucis, mais la seule
chose que je
vous demande, c’est de vous souvenir de moi à l’autel du Seigneur où que
vous
soyiez ».

Religieux de la Province de Paris, Procureur Général (1904-1923).

Assistant et Un ‘Supérieur à vie’.

Ernest naît le 24 juin 1862 à Lacoste près de Clermont-l’Hérault. L’empreinte de son milieu, le Languedoc et l’Assomption française sont indélébiles. A treize ans, il connaît la vie à l’alumnat, d’abord au Vigan (1876-1878), puis à Alès (1878-1880). Il participe aux obsèques du P. d’Alzon avant de gagner le noviciat d’Osma (1880-1883). Il y prend l’habit le 22 février 1881 des mains du P. Picard. Sa profession perpétuelle est datée du 21 mars 1883, reçue à Jérusalem par le P. Vincent de Paul Bailly, pendant le fameux pèlerinage des tempêtes. C’est à Rome qu’il fait sa théologie de 1883 à 1886; il en revient docteur et prêtre. L’ordination, le 19 décembre 1885, lui est conférée par le cardinal Parocchi.

Tout jeune, il commence à assumer une responsabilité de supérieur qu’il va conserver presque sa vie durant: à Mauville dans le Pas- de-Calais (1887-1889), à Livry où il ne va pas tarder à remplacer le P. E. Bailly comme maître des novices (sous-prieurl890-1892), au noviciat de Phanaraki en Turquie (1892-1896), maître des novices à Livry (1896-1900), à Jérusalem (1900-1903). C’est alors qu’il devient assistant général et procureur à Rome, sous le mandat du P. Bailly (à partir de 1904). Pendant la première guerre mondiale, il est particulièrement chargé à Paris, rue Camou, du lien avec tous les religieux mobilisés pour lesquels il rédige la Lettre à la dispersion ou L’Assomption aux armées. C’est ainsi qu’il va partager sa vie entre Rome et Paris, chaque fois une vingtaine d’années. Après 1934, sa résidence parisienne devient l’avenue Bosquet jusqu’à sa mort (1942). Il est affecté aux œuvres dites générales: la direction de Notre-Dame de Salut et la participation aux Congrès eucharistiques

Notices Biographiques A.A Page : 179/179 dont il est membre du comité permanent. C’est dire que depuis le lendemain de son ordination, le P. Ernest n’a jamais cessé de porter des responsabilités d’animation et de direction, que ce soit des œuvres ou des hommes.

Un spectateur engagé.

Le P. Ernest, contemporain des dernières années de vie du P. d’Alzon, se trouve à la charnière des événements qui, à partir de 1906, secouent la famille de l’Assomption. Comme assistant et procureur général, il doit faire face devant le Saint-Siège aux implications du recours porté à cette instance par des Assomptionnistes après le chapitre de 1906. La situation canonique délicate de l’Assomption dont les Constitutions prorogées à cette date n’ont toujours pas été reconnues par l’autorité ecclésiastique, explique en partie le mécontentement et le malaise latents qui couvent chez les plus jeunes religieux impatients de voir leurs droits pris en compte. La participation aux instances de réflexion et de décision, notamment lors des chapitres généraux, est comme .confisquée’ par les règles-coutumes de l’ancienneté et de la cooptation, régime mis en place à l’époque où l’Assomption ne formait qu’une petite famille. L’obligation de soumettre ces Constitutions au code de droit canonique, enfin publié en 1917, provoque les tensions du chapitre de 1918, revu et corrigé de 1921 à 1922 en une simple Commission consultative. Le P. Baudouy n’est pas renouvelé dans la composition de la nouvelle curie de 1923. Il rentre dans sa province d’origine, Paris, selon la nouvelle carte des provinces de 1923.

Entrée dans l’éternité.

Au printemps 1942, le P. Ernest souffre d’une mauvaise grippe dont il ne va pas se remettre, suite à des complications d’albumine et d’urémie. Sa vue troublée ne lui permet plus de célébrer la messe. Le 4 juin, il doit garder la chambre. Le 24 juin, il a encore la joie de fêter l’anniversaire de ses 80 ans, mais au matin du 18 septembre suivant, il rend le dernier soupir, bien entouré par les soins du Fr. Lazare Lazzaro et d’une Petite Soeur de l’Assomption. Le 21 septembre, ses obsèques sont célébrées par le P. Gervais Quenard en l’église parisienne Saint- Pierre-du-Gros-Caillou. Il est inhumé au cimetière de Montparnasse peu après.

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Bibliographies

Bibliographie et documentation: Nouvelles de la Famille occupée, sept. 1942, p. 1-4. Le P. Ernest a publié notamment une biographie du P. Yves Hamon en 1930 et une autre du P. François Picard en 1932 sous le pseudonyme de Lacoste. On lui doit aussi la publication de la correspondance de M. Bailly, fondateur de la Conférence Saint Vincent de Paul’ et de nombreux articles sur le P. Vincent de Paul Bailly (Questions Actuelles 1913). Il a laissé de nombreux carnets de notes personnelles sur la Congrégation, de sermons, de conférences, de visites aux communautés, de mémoires sur les Constitutions, de rapports sur les chapitres généraux, de notices biographiques de religieux… Le P. Ernest a édité les dernières Méditations du P. d’Alzon, ses Instructions et les Croquis de Galeran. Il préparait aussi une Histoire de l’Église qu’il n’a pu achever. L’étude de son énorme correspondance, entre 1900 et 1940, pourrait éclairer des points encore obscurs sur des moments difficiles de la Congrégation: après 1906 et entre 1918 et 1923.