Etienne (Henri-Emile) ANDRE – 1910-1969

Portrait.

« En voyant si souvent le frère Etienne appuyé contre un mur, songeur ou
bien restant devant une fenêtre à contempler longuement et silencieusement
les sites familiers, je me demandais toujours si sa
vision n’embrassait pas plutôt son paysage intérieur… Pendant quinze ans
à Gosselles, nous avons vu le Fr. Et renne balayer et laver des couloirs et
des classes, jusque très tard parfois, à une époque où la cour de
récréation, en cendrée, déposait dans les locaux boue
et poussière rapportées par les semelles écolières… Bien des étudiants
pourraient évoquer les réparations effectuées clandestinement par le fr.
Etienne à la buanderie, avec sa complicité bienveillante, sur
des vêtements endommagés qu’on n’aurait pas osé soumettre comme tels au
contrôle maternel!
Le f r. Etienne est passé au travers de ses humbles tâches avec une
fidélité têtue. Il n’a jamais été en proie au tourment qui saisit tout
homme quand l’âge est venu
où la vie prend son sens vrai et qu’il faut faire un bilan. Son visage
d’éternité se modelait sous son regard tranquille et lucide, parce que
l’amour l’habitait, inextinguible. Parce qu’il y a Dieu au commencement et
à la fin».

Religieux de la Province de Belgique-Sud.

Un ouvrier à l’Assomption.

Henri-Emile est né en Belgique, à La Louvière, le 14 février 1910. Très jeune, à 14 ans, il commence à travailler durant sept ans dans une pâtisserie (1924-1931) et ensuite, durant treize ans, dans les établissements Bôel de la Louvière comme burineur (1931-1944), un travail très dur pour quelqu’un dont la santé n’a jamais été brillante. C’est durant cette dernière période qu’il lie de solides liens avec une communauté de Petites- Sœurs de l’Assomption et, de contacts en contacts, avec les religieux assomptionnistes de Haine- Saint-Pierre. Il décide d’entrer comme religieux frère au noviciat assomptionniste de Taintegnies, le 3 novembre 1944. Il choisit le prénom d’Etienne, en référence au P. Pernet fondateur des P.S.A. et à son passé de travailleur. Issu du monde ouvrier, il ne demande pas autre chose qu’à être employé au service de tâches matérielles en communauté, dans le cadre des œuvres de l’Assomption. Durant les cinq années de son séjour à Taintegnies (1944-1949), il sert aussi bien aux travaux de la buanderie, que de la cuisine et de la sacristie. Il vit la même réalité au scolasticat de Hal (1949-1951). De 1951 à 1953, à sa demande, il est affecté à la communauté de Haine- Saint-Pierre, pour l’entretien du presbytère où réside une communauté sacerdotale; car, de la sorte, il lui est possible d’assister ses parents malades. Après leur décès, il regagne le noviciat pour peu de temps. En novembre 1954, il arrive au collège de Gosselies où il va passer les quinze dernières années de sa vie (1954-1969).

Une vie écourtée par la maladie.

Mais sa santé, délicate et éprouvée par les années de travail professionnel, requiert quelque ménagement: en 1963,

il passe cinq mois en Provence qui semblent le rétablir. Pourtant un an après, il doit gagner la clinique de Gosselies à cause de crises d’asthme persistantes. Chaque fois , le diagnostic médical se fait réservé ou sombre, ce qui n’empêche pas le fr. Etienne de revenir tout sourire et prêt à reprendre ses tâches habituelles sans ménagement. Le 16 décembre 1969, une nouvelle crise d’asthme le cloue au lit. Dans la soirée du lendemain, le mercredi 17 décembre, se sentant mieux, il demande à communier et évoque librement son désir de passer les fêtes de nouvelle année chez sa sœur. Il n’oublie pas de recommander pendant le temps de son absence le soin d’un canari et de quelques plantes. Le P. Xavier Sacotte lui rend le même soir une visite amicale, grille une cigarette avec lui et le quitte vers minuit. Mais le jeudi matin, 18 décembre, en allant prendre de ses nouvelles, quelle n’est pas la surprise de ce religieux de le trouver mort dans son lit, quittant la communauté comme il l’avait rencontrée, sans bruit, sans dérangement. Le samedi 20 décembre est le jour de célébration de ses funérailles qui sont présidées par le P. Provincial, Gérard Istace. L’office religieux terminé, le convoi funèbre se dirige vers la commune de La Louvière: le frère Etienne repose au cimetière, dans la tombe familiale, aux côtés de ses parents.

En souvenir du Fr. Etienne, évocations.

« Nous ne saisissons, généralement, des êtres proches que l’envers. A vivre ensemble quotidiennement, durant de longues années, on risque parfois de n’offrir à ses compagnons que le côté routinier d’une existence réglée. Les témoins en viendraient aisément à oublier les options fondamentales qui déterminèrent le cours d’une vie ou son achèvement… Maintes fois, nous avons surpris le frère Etienne, seul dans l’ombre propice à la chapelle, et priant. Ou encore, enfoncé clans son fauteuil, les lunettes sur le nez, feuilletant un ouvrage de méditation, voire égrenant tout simplement son chapelet. Et nous savons que son oraison assumait toutes les préoccupations d’un collège qu’il avait vu naître lui aussi. …» P. Xavier Sacotte

Notices Biographiques A.A

Bibliographies

Bibliographie : B.O.A., novembre 1970, p; 149-150. Belgique-Sud Assomption, mars 1970, n° 45, p. 1456-1459. Relais (bulletin du collège de Gosselies), 1969, n° 5: texte de l’homélie des obsèques.