Etienne-Marie (Edouard-Paul) ESTEVE – 1899-1928

Saint-Christophe de Javel
(Paris).
En 1924, le cardinal Dubois confie la paroisse Saint- Christophe à
l’Assomption. Le P. Aymard Faugère est nommé curé et entre en fonction le 2
mars 1924. Il décide les travaux de démolition de l’église Saint- Alexandre
(la deuxième de ce nom, inaugurée en 1898) et la construction surplace
d’une église dédiée à Saint- Christophe: les travaux durent de 1926 à 1929.
C’est dans ce contexte d’un lieu encore en chantier que l’on peut
comprendre la mort accidentelle du Frère Marie-Etienne Estève. L’escalier
en colimaçon en
question n’est pas encore pourvu d’une rampe. L’église a pu être construite
grâce à une multitude de petites offrandes. En octobre
1928 sont posées les grosses dalles de ciment qui constituent la couverture
de l’église. Le 25 juillet 1929, est inaugurée la crypte de l’église qui
sert de façon provisoire pour la célébration des offices paroissiaux en
attendant la finition de la partie supérieure. Le 26 octobre 1930, fête du
Christ-Roi, le cardinal Verdier inaugure enfin l’église et la livre au
culte…
D’après la plaquette ‘Le passeur’. Histoire religieuse du quartier
de Javel (1924-1949).

Etienne-Marie (Edouard-Paul) ESTEVE

1899-1928

Religieux de la Province de Paris.

Un destin contrarié.

Edouard-Paul Estève voit le jour à Sète (Hérault), le 3 décembre 1899. Il est élève à l’école libre du Sacré-Cœur de la ville, puis à l’ancien petit séminaire de Montpellier (1913-1918). Il n’échappe pas à la mobilisation de la grande guerre, en mars 1918, par suite du devancement d’appel de sa classe et il reçoit plusieurs blessures aux poumons et à la jambe droite qui lui valent une réforme temporaire en 1920. Il peut alors donner cours à son projet de vie sacerdotale en entrant au grand séminaire de Montpellier (1920- 1922), mais l’application intellectuelle lui est devenue pénible, en raison de séquelles laissées par la fièvre typhoïde. On lui conseille alors d’abandonner les études, ce qui revient pour lui à abandonner la perspective du sacerdoce. Pour ne pas perdre le bénéfice d’une vie religieuse, il demande à entrer à l’Assomption comme religieux. Son intention est de parvenir au sacerdoce par la voie des études aménagées dans le cadre d’une maison de vocations tardives. A cet effet, il est admis en 1922 à Saint-Guilhem-le- Désert (Hérault) où l’Assomption a pu ouvrir une communauté, grâce à la bienveillance du cardinal de Cabrières. Mais le successeur de Mgr Cabrières, Mgr René Mignen – Mgr de Cabrières est mort en décembre 1921 – revient sur cette décision et l’Assomption doit transférer cette œuvre des vocations tardives à Lorgues (Var) jusqu’en 1925, date à partir de laquelle elle émigre à Saint-Denis au nord de Paris. Comme les aptitudes pour les études d’Edouard-Paul ne s’améliorent pas, ses supérieurs pensent le rendre à sa famille. C’est alors qu’il demande à être reçu comme religieux convers, faisant le sacrifice de ce qui est le choix de sa vie. Il prend l’habit à Taintegnies le 25 mars 1926, sous le nom de Frère Etienne-Marie,

et il accomplit son année de noviciat sous la conduite du P. Savinien Dewaele, puis du P. Aubain Colette. Le Frère Etienne-Marie est admis à la première profession, le 13 août 1927. Il est affecté au service de la paroisse Saint-Christophe de javel, dans le XVème arrondissement de Paris. Bien qu’ayant dû renoncer, malgré lui, au sacerdoce, le Frère Marie-Etienne conserve toujours quelque secret espoir de devenir prêtre et l’on peut comprendre sans peine la tristesse d’une situation qui n’est pas choisie entièrement pour elle-même. Ses confrères le trouvent distrait et rêveur, manquant d’initiative et de savoir-faire. L’exemple du Frère David Mailland ordonné ad missam lui donne un regain d’espoir. Sur le plan personnel, il est animé par un grand esprit de piété, de régularité et de conscience dans les services qui lui sont demandés.

Un accident tragique.

Le samedi 12 mai 1928, le Frère Etienne-Marie monte au clocher pour préparer le pavoisement en l’honneur de la fête de Sainte Jeanne d’Arc. Il s’agit de suspendre des oriflammes aux abat- sons du clocher et aux grandes baies qui ouvrent sur la rue. Le Frère Marie-Etienne est accompagné par le sacristain suisse de la paroisse. Des enfants jouent en bas, au pied du clocher. Tout à coup, le sacristain, montant l’escalier en colimaçon, entend derrière lui le bruit d’une masse dévalant l’escalier. Il se retourne et ne voit pas son compagnon. Le Frère Léon Valette, sur la terrasse proche du clocher, perçoit aussi le bruit d’une chute et envoie un des enfants de chœur s’informer. On prévient immédiatement le P. Dominique Vitel, logé à ce niveau. Le Frère Etienne-Marie gît inanimé, sa tête baignant dans une flaque de sang. Il ne reprend pas connaissance tandis que le P. François Mathis lui administre l’Extrême-Onction. Les obsèques du Frère Etienne-Marie sont célébrées le mardi 15 mai 1928. Son corps est inhumé au cimetière de Paris-Montparnasse, dans le caveau de l’Assomption (tombe Bailly). Le Frère Etienne-Marie, profès temporaire depuis le mois d’août 1927, n’a que 29 ans.

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Bibliographies

Bibliographie et documentation: Lettre à la Dispersion 1928, n° 270, p. 137; n° 271, p. 145; n° 273, p. 162-163. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Notices Biographiques