Etienne PAPADOPOULOS – 1874-1895

Karagatch, 1895.
« Pour la fête de la Circoncision du Sauveur et la fête de Saint-Basile,
nous avons fêté le second anniversaire de l’inauguration de notre petite
chapelle. Seuls les enfants du rite étaient réunis dans le sanctuaire avec
bon nombre de personnes de l’extérieur et la fête n’a pas été moins
magnifique qu’à Noël. A l’action de grâces, nous ne manquons jamais de
prier à genoux pour la conversion de
nos frères égarés en récitant en slave les sept Pater et Ave. Aussi depuis
deux ans nous avons eu la consolation de compter plus de 12 convertis et
nous en prévoyons beaucoup d’autres… Andrinople et Karagatch sont dans
l’eau depuis deux jours. Toute communication est interrompue même avec
Philippopoli. L’Arda a détruit le tiers du pont en fer de la ligne (5).
Beaucoup de
pauvres maisons se sont effondrées. Près d’un mètre d’eau dans l’église
schismatique et la paroisse latine de Karagatch! Kénich-
Hané et la cathédrale uniate de Mgr Petkov sont dans l’eau. Pauvre
Monseigneur!! Depuis
22 ans, on n’avait pas vu pareille inondation. Aucun dégât chez nous, mais
l’eau était à la porte de l’externat Saint-Basile. Il fallait passer par la
gare pour venir à l’école
».

Notices Biographiques A.A

Religieux grec, profès in articulo mortes. Une vie vite consumée. Etienne (1) Papadopoulos (2) est né en le 1 janvier 1874 à Marach près d’Andrinople, alors en territoire turc. Ses parents sont orthodoxes. Il est admis à l’alumnat de Karagatch (Turquie d’Europe). Son supérieur de l’époque, le P. Antoine Silbermann (3) se souvient de lui comme d’un élève à a piété solide et faisant preuve d’un véritable esprit de mortification. Etienne se convertit au catholicisme, malgré les conseils ou remarques de ses camarades, malgré aussi les menaces et les larmes de ses parents. Il désire devenir prêtre catholique dans son pays et son milieu. Il dit son bonheur un jour de pouvoir se confesser et communier fréquemment, deux pratiques qui sont étrangères à la religion orthodoxe. Malade de tuberculose, il doit être soigné à l’hôpital d’Andrinople. On décide de l’envoyer à Constantinople pour qu’il puisse bénéficier d’un changement d’air, mais il doit être à nouveau hospitalisé à Andrinople où le soignent avec attention des Sœurs Oblates. C’est à l’hôpital d’Andrinople qu’il meurt, le 23 juillet 1895, à 21 ans, après avoir prononcé ses vœux in articulo mortes, le 8 juin précédent. Son corps repose au petit cimetière de Karagatch. Nouvelles de Karagatch (1895). A défaut de détails concernant la vie très courte d’Etienne Papadopoulo(s), compté comme religieux en raison de l’autorisation donnée par le P. Picard d’une profession in articulo mortes, nous extrayons d’une lettre du P. Francesco Schichkov (4) quelques nouvelles de la communauté de Karagatch en 1895, l’année de la mort du Frère Etienne: « Nous sommes heureux de lire les lettres de nos chers romains qui nous donnent des détails intéressants sur la vie des étudiants. Qu’ils ne se lassent pas d’écrire à leurs frères missionnaires. A.A A Karagatch, on continue les oeuvres du bon P. Galabert. On cherche particulièrement à développer l’œuvre du séminaire orientai pour mieux entrer dans les vues du Saint-Père [Léon XIII]. Nos 25 petits bulgares sont infatigables pour la célébration des fêtes de leur rite. Ils ont assez de dévotion pour solenniser les cérémonies latines et orientales. Il est vrai que leurs camarades latins les aident aussi. Avec le temps, on sera bien obligé d’avoir à l’alumnat Saint- Joseph plusieurs religieux prêtres suivant le rite gréco-slave. Cette année notre Noël tombait un dimanche et dès la nuit, malgré le mauvais temps, nous nous rendons à notre chapelle Saint- Merre et Saint-Paul pour célébrer les divins mystères. La place est trop petite et le besoin d’un plus vaste sanctuaire se fait déjà sentir impérieusement. On chante avec entrain, on écoute attentivement le discours d’usage en bulgare. Tout le monde, même la bonne Sœur Colombe avec les enfants de l’ouvroir, accompagnées de 15 personnes du dehors, communient avec grande piété. Bref on est heureux dans le Seigneur de voir les choses se passer si bien. la messe n’a pas duré moins de deux heures et encore nous n’avons pas chanté l’office qui précède, faute de livres et de chantres experts. Bientôt nous aurons ces livres liturgiques, car vous avez promis de les demander à la Propagande. A la sortie de la messe, les enfants sont entrés dans la chapelle latine célébrer l’Epiphanie… [suite dans l’encart] ». (1) Nous ignorons son prénom de baptême. (2) Son nom est aussi écrit Papadopoulo. (3) Antoine Silbermann (1858-1933) est un religieux alsacien d’origine qui vit à la communauté de Karagatch de 1884 à 1899, dont il est supérieur à partir de 1890, ce qui permet de situer à peu près les années de présence d’Etienne Papadopoulo(s). (4) Le P. Francesco Schiskov (orthographié aussi Chichkov, Sciskoff ou Schichkov selon les transcriptions) est un des premiers religieux bulgares de la Congrégation (18501929). A partir de 1878, il est affecté à la mission d’Andrinople, pour la formation des jeunes alumnistes ou séminaristes. Il est passé au rite slave le 10 décembre 1883. Nous trouverons dans notre texte tous les religieux de ce nom, uniformément transcrit Schiskov à la lettre ‘S’. Barthélemy Schiskov (1867-1931), Francesco Schiskov (1850-1929), Josaphat Schiskov (1884-1959) et Matthieu Schiskov (1850-1892). (5) Le 15 janvier 1879, le P. Galabert a déjà raconté un spectaculaire accident dû à la crue de l’Arda, mais cela n’impressionne pas du tout le P. d’Alzon. Cf Lettres du P. Emmanuel d’Alzon,, tome XIII (1996), p. 27 et note 1.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Souvenirs, 1895, no 234, P. 323. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Lettre du P. Francesca Schiskov au P. Emmanuel Bailly, Karagatch, 17/29 janvier 1895. [La double date tient compte des deux calendriers, celui latin d’occident réformé en 1582 et celui d’orient gardé en usage par l’Eglise orthodoxe sans la rectification du temps de la Réforme]. Notices Biographiques