Eubert (Maxime) GRAVET – 1896-1978

Religieux autant tout.
«Avant de quitter cette terre, le P. d’Alzon adressa à ceux qui
l’entouraient cette simple mais importante recommandation: ‘Soyez de bons
religieux’. C’est ce que voulut être au sens le plus commun du terme le bon
Père Gravet. Vers sa 22ème année, lorqu’il quitta l’école des Arts
et Métiers de Châlons qui déjà l’établissait dans une situation humaine
fort enviable, Eubert Gravet délaissa les
‘souveraines valeurs’ que les hommes recherchent ici-bas comme condition de
leur réussite et de leur bonheur. Ce dépouillement toujours impressionnant
et nécessairement lourd pour notre humaine faiblesse sera compensé par un
centuple obscur mais assuré dans la vie religieuse, ordonnée à
favoriser l’éclosion de vrais saints. Le P. Gravet fut d’abord un religieux
humblement fidèle aux obligations de la vie religieuse telles qu’il les
avait acceptées au jour de sa donation au Seigneur et aux quelles il
ajoutera son oblation sacerdotale au bénéfice de Jésus-Christ. Tout ceci le
plus souvent dans le silence et l’obscurité d’un sans-grade trop méfiant de
lui-même pour inaugurer des formes
nouvelles de spiritualité ou d’action… ».

Eubert (Maxime) GRAVET

1896-1978

Religieux de la Province de Paris.

Eléments biographiques.

Maxime Gravet voit le jour le 8 janvier 1896 à Ferrière-la-Petite (Nord), dans le diocèse de Cambrai. Il commence ses études secondaires au petit séminaire diocésain de Bonne-Espérance (1909-1910), puis entreprend des études industrielles spécialisées à Maubeuge (1910-1913) et Lille (1913-1914), poursuivies à l’Ecole des Arts et Métiers à Châlons. Il décide alors de se faire religieux: il est admis deux ans à la maison des vocations tardives de Sart-les- Moines en Belgique (1916-1918). Il peut alors entrer au noviciat à Louvain où il prend l’habit le 13 septembre 1918, sous le nom de Frère Eubert. Il prononce ses premiers vœux, le 1er octobre 1920. Il étudie la philosophie à Taintegnies (1920-1922) et la théologie à Louvain (1922-1926). Profès perpétuel le 1er octobre 1923, il est ordonné prêtre le 25 juillet 1926 à Louvain. D’abord professeur au collège de Sens (Yonne) en 1926, il est ensuite nommé à Saint- Louis de Gonzague à Perpignan (Pyrénées-Orientales) en 1931: il y reste 31 ans! Enfin à Segré (Maine-et- Loire), au collège des Oblates, il enseigne deux ans (1962-1964): il totalise ainsi 38 années d’enseignement comme professeur de mathématiques et de sciences dans les différents établissements. A l’âge de la retraite, il est envoyé quelque temps à Arras, plus exactement Rumaucourt (Pas-de-Calais) où s’est déplacé l’orphelinat du P. Halluin, passant ainsi d’un centre ville à la campagne. Il prend définitivement sa retraite à la maison de repos de Chanac (Lozère) où il meurt à 82 ans, le 27 septembre 1978.

Témoignage du P. Régis Fontenat.

Le P. Régis Fontenat a su évoquer fraternellement le long parcours apostolique du P. Eubert, à l’occasion de son jubilé sacerdotal en 1976:

« Au point de départ, la voix du Seigneur vous appela pendant la guerre 1914-1918, dans notre maison de Sart-les-Moines. Vous preniez alors la relève de l’un de vos frères désireux de devenir prêtre, et que la mort avait prématurément ravi à l’affection de votre famille. La ferveur de cette communauté assomptionniste de Sart-les-Moines vous frappa à ce point que vous vous dites: ‘C’est vers cette congrégation que je me sens appelé et c’est à l’Assomption que je veux vivre comme prêtre et religieux’. Par la suite, la prière, les études, les conseils de maîtres expérimentés ont disposé le jeune prêtre que vous étiez à mener ce ‘bon combat’ de l’apostolat. A l’époque de votre ordination, l’apostolat le plus habituel du prêtre, nouvellement ordonné, s’exerçait dans nos alumnats et dans nos collèges. 38 années de professorat: -5 à Sens, 31 au collège St Louis de Perpignan et 2 au collège de jeunes filles, tenu par les Oblates à Segré: c’est dire que la partie la plus active de votre vie de prêtre fut vouée à l’enseignement, et à l’enseignement des mathématiques dans les classes terminales. Il convient d’ajouter que le ministère dans les paroisses environnantes et dans les communautés religieuses vous fournissait l’occasion de vous donner à une action sacerdotale appréciée de ceux qui en furent les bénéficiaires. 38 années d’enseignement de sciences profanes pourraient paraître à des esprits superficiels une anomalie dans une vie de prêtre. On serait tenté de se demander quelle influence sacerdotale on a pu, pendant de si longues années, exercer sur les âmes des jeunes gens? Pourtant cette influence est réelle et durable. Les confidences d’anciens élèves le confirment… Ces jeunes ont perçu à travers vous que le prêtre n’opère pas pour son avantage personnel. Le prêtre travaille pour le Seigneur, il travaille pour les autres et il sait qu’il ne sera pas le bénéficiaire direct de son labeur. St Paul le reconnaissait du reste lorsqu’il écrivait: J’ai planté, un autre a arrosé et c’est Dieu qui donne la croissance’. L influence du prêtre est en définitive le secret de Dieu ».

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Documents Assomption, Nécrologe (1) 1975-1980, p. 68. Paris-Assomption, novembre 1978, n° 156, p. 15-16. Dans les ACR, du P. Eubert Gravet, correspondances (1921-1951). Le P. Gravet, un religieux avant tout par le P. Marie-Jean Fosse, supérieur de Chanac (1978). Notices Biographiques