Euchariste (Joseph) BOUCHER – 1887-1947

Un économe heureux.

« Les événements nous conduisent dans une ambiance de grande sympathie.
Toutes choses se sont arrangées aimablement. Nous sommes ou plutôt la
Société est propriétaire du Collège Saint-Caprais. Ces dames, Mmes Michelin
et Chaux, propriétaires au château de Xaintrailles, sont prêtes à en finir,
elles acceptent d’échanger les signatures jeudi 14
novembre [1929] à 10 heures en présence de M. de Lataulade et de M. de
Picard. Ce dernier, désiré par les anciens élèves et d’abord froissé
d’avoir été laissé de côté, est maintenant très heureux. Toutes les
objections ont été examinées par eux, code à la main. La souscription a
dépassé le but. Tout à l’heure je plaçai s la dernière action par
téléphone. J’ai encore toute une liste d’anciens élèves qui souscriraient
si on allait les solliciter. Pas un refus,
beaucoup de bonnes paroles approuvant l’arrivée des religieux à la
direction du collège.
Les actions seront aux porteurs, mais demeureront toutes déposées dans le
coffre-fort de la Société, c’est-à-dire en nos mains. M. de Lataulade a
fortement conseillé ce procédé. Nos espérances sont réalisées ». J.
Boucher, économe.
Agen,12 novembre 1929.

Religieux de la Province de Bordeaux.

Un compatriote de Chateaubriand.

Joseph est né le 22 octobre 1887 à Combourg (Ile- et-Vilaine) au diocèse de Rennes, où se dresse le vieux château dont Chateaubriand parle avec effroi au temps de sa jeunesse, dans ses Mémoires d’Outre-Tombe. Le jeune joseph étudie chez les frères de Ploermel et entre à Sart-les-Moines de 1904 à 1907, maison faisant alors fonction d’alumnat pour les vocations tardives. Il prend l’habit et le nom d’Euchariste le 11 septembre 1907, à Louvain. Sa première profession date du 11 septembre 1908 à Louvain, la profession perpétuelle du 11 septembre 1909 à Gempe. Philosophie et théologie se déroulent également à Louvain (1911-1917), entrecoupées par deux ans de maison d’œuvres, à Gempe, comme économe. Le Fr. Euchariste est ordonné prêtre le 20 mai 1907 à Louvain par Mgr. Mercier dans la chapelle des Pères Jésuites.

Le service de l’économat.

Le P. Euchariste est envoyé comme économe à l’alumnat de Zepperen, en pays belge flamand (1917-1922). Le 5 août 1922, le P. joseph Maubon le désigne pour la mission d’Orient, le collège de Plovdiv où il est heureux de professer les mathématiques, à l’école et sous la conduite du P. René Paris (1922-1923). En 1923, la Congrégation se fragmentant en provinces, il opte pour celle de Bordeaux, mais c’est seulement en 1925 que le P. Félicien Vandenkoornhuyse, par télégramme, le rappelle en France et lui confie la prise en charge d’une paroisse à Laleu, banlieue de La Rochelle (Charente-Maritime). Le collège de Plovdiv fait figure de palais à côté de Laleu: la première démarche du P. Euchariste n’est-elle pas d’acheter un peu de paille pour dormir avec un peu de confort? Mais homme prudent et diligent, le P. Euchariste réussit peu à peu à acheter

Un économe heureux.

« Les événements nous conduisent dans une ambiance de grande sympathie. Toutes choses se sont arrangées aimablement. Nous sommes ou plutôt la Société est propriétaire du Collège Saint-Caprais. Ces dames, Mmes Michelin et Chaux, propriétaires au château de Xaintrailles, sont prêtes à en finir, elles acceptent d’échanger les signatures jeudi 14 novembre [1929] à 10 heures en présence de M. de Lataulade et de M. de Picard. Ce dernier, désiré par les anciens élèves et d’abord froissé d’avoir été laissé de côté, est maintenant très heureux. Toutes les objections ont été examinées par eux, code à la main. La souscription a dépassé le but. Tout à l’heure je plaçai s la dernière action par téléphone. J’ai encore toute une liste d’anciens élèves qui souscriraient si on allait les solliciter. Pas un refus, beaucoup de bonnes paroles approuvant l’arrivée des religieux à la direction du collège. Les actions seront aux porteurs, mais demeureront toutes déposées dans le coffre-fort de la Société, c’est-à-dire en nos mains. M. de Lataulade a fortement conseillé ce procédé. Nos espérances sont réalisées ». J. Boucher, économe. Agen,12 novembre 1929.

Notices Biographiques A.A le presbytère et à lui annexer une salle d’ceuvres consacrée à un cinéma paroissial. Le 15 août 1929, le P. Boucher est nommé économe de Saint-Caprais à Agen; sa vie s’identifie dès lors avec l’histoire de ce collège. Il trouve un terrain mieux adapté à la vie scolaire, fait dresser les plans d’une vaste construction scolaire et obtient de la Curie généralice l’engagement nécessaire à une importante opération immobilière (27 avril 1930). En quelques mois, la bâtisse est achevée et avec les années, il l’agrémente des nécessités modernes: chauffage central, achat et aménagement d’un terrain de sports, transformation de la cuisine, acquisition du petit collège en 1937. Il gère cet ensemble pendant 19 ans (1929-1948), réussissant à rembourser les emprunts et à équiper la structure scolaire dans les meilleures conditions. Sa charge d’économe est doublée pendant 9 ans de celle de la direction du petit collège, c’est-à-dire du secondaire premier niveau. En outre, depuis 1933, il est choisi comme économe provincial de Bordeaux. La guerre en 1939, avec la ligne de démarcation en 1940, ne lui facilite pas la tâche. D’une austérité certaine pour lui, mais aussi pour son entourage, il passe pour être un homme dur. Il fait du travail et de la pauvreté les premiers articles de sa spiritualité.

Une santé usée, un mal inexorable.

Depuis 1945-1946, il se sent au bout de ses forces, devant s’asseoir en classe pour ne pas défaillir devant ses élèves. Malgré tout, il garde une activité intense jusqu’à la fin, misant sur un système nerveux et un cœur résistants. En 1946, il quitte Saint-Caprais pour la maison provinciale de Bordeaux-Caudéran. Les supérieurs lui accordent quelque temps de repos à Combourg, son pays natal (octobre 1946), mais le P. Euchariste doit se préparer à une opération difficile. Le chirurgien, sur la table d’opération, constate que les deux organes du foie et de l’estomac sont atteints par un cancer. le 7 décembre 1946, le P. Euchariste arrive à Bordeaux après un voyage par étapes (Saint-Maur, Pont-l’Abbé d’Arnoult). C’est là qu’il meurt le 16 janvier 1947, vers 22h.30, après trois mois d’une maladie éprouvante. Il est inhumé à Bordeaux.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: L’Assomption 1949, n° 476, p. 11-13. Le P. Euchariste Boucher a laissé en nos archives des rapports sur la paroisse le Laleu (La Rochelle, 1929) et quelques correspondances écrites entre 1910 et 1946. Le P. Régis Escoubas est l’auteur de la notice biographique sur le P. Boucher.