Falco (Nicolaas) FURHEN – 1918-1999

Bergeyk, 1949. « Permettez que je vienne vous déranger avec une question
personnelle. Il s’agit des vacances. Le P. Wiro, mon Provincial, m’a
indiqué qu’il était préférable
de m’adresser à vous pour cela. Vous savez qu’après la guerre de Russie et
la captivité, j’ai regagné tout de suite Lormoy sans retrouver ma famille.
C’est en 1948 que j’ai été ordonné prêtre à Paris. Malheureusement j’ai été
pris d’un mal à l’estomac à cette période et le médecin m’a conseillé du
repos sur place et un régime sévère pour retaper frère âne. J’ai dû passer
quelques jours à l’hôpital et perdre beaucoup de temps en radiographies à
Heerlen. Je n’ai pu revoir mon père que quelques heures, car il habite de
l’autre côté de la frontière,
la douane ne permettant pas de longues absences. Mon père souhaiterait que
je chante la messe dans son village et le curé est venu exprès pour
m’inviter. Il m’a fallu refuser parce que je n’avais pas les papiers pour
passer la douane, étant trop épuisé pour courir après les autorités
civiles. Des trois fils qui ont fait la guerre,
je suis le seul survivant. M’autorisez-vous à prendre quelques jours de
vacances auprès de mon père et à faire les démarches en vue d’un
laisser-passer?

Falco (Nicolaas) FURHEN

1918-1999

Religieux de la Province des Pays-Bas.

Vocation.

Nicolaas Fürhen est né sujet allemand à Waubach le 2 janvier 1918. Il obtient par la suite sa naturalisation hollandaise. Déjà avancé en âge, il découvre pendant un sermon du dimanche qu’il veut devenir prêtre. Pendant ce sermon, il entend dire par le curé que les paroissiens de Waubach aiment leurs prêtres mais ne veulent pas devenir prêtres eux-mêmes. Il lui faut montrer que les jeunes de Waubach aussi peuvent et veulent devenir prêtres. A l’âge de treize ans, Nicolas part pour Boxtel pour y faire ses études secondaires (1932-1938). En 1938, il commence son noviciat à Taintegnies en Belgique où il prend l’habit le 25 septembre sous le nom de Frère Falco. C’est à Bergeyk, sous la direction de son maître des novices, le P. Domitien Meuwissen, qu’il prononce ses premiers vœux le 26 septembre 1939.

La guerre.

En 1939, le Frère Falco, allemand de naissance, est appelé à faire son service militaire dans les rangs de l’armée allemande. A sa naissance, la question de sa nationalité hollandaise n’a pas été réglée; il est donc versé dans le service de la Croix-Rouge et pendant toute la seconde guerre mondiale il s’occupe des soldats blessés. Gravement blessé lui-même, il est sauvé par un ami sur le champ de bataille. Le 15 août 1945, en la fête de Notre-Dame de l’Assomption, il se présente chez les Assomptionnistes de Lormoy (Essonne) en France, où il prononce ses vœux perpétuels le 4 mai 1’947. C’est là aussi qu’il entame ses études théologiques. Il les termine à Bergeyk où il est ordonné prêtre le 19 juin 1948.

Missionnaire.

La vie du P. Falco entre dans sa phase missionnaire -il est missionnaire au Congo, missionnaire au Brésil.

En 1955, il part pour le Congo avec le désir de servir les plus pauvres. Cet engagement social très marqué est à l’image de sa foi très fervente. Après sept années de dévouement, en 1962, il rentre aux Pays-Bas à cause des troubles politiques. Quelques mois plus tard, il part pour le Brésil. En vacances aux Pays-Bas en 1968, apprenant qu’au Congo la situation politique s’est apaisée, il repart pour le continent africain, mais il n’y retrouve plus ce qu’il comptait y trouver. Aussi est-il de nouveau accueilli à bras ouverts au Brésil où il est un prêtre très estimé.

La maison Heereveld.

En 1987, le P. Falco rentre aux Pays-Bas à la maison de repos ‘Hereeveld’, dans sa commune natale de Waubach. Là, il passe les douze dernières années de sa vie au milieu des habitants de ‘Heereveld’. Régulièrement il fait les courses pour ses résidents; il tire leur chariot, la carte de réduction à la main. Tout le monde aime sa compagnie. Comme un pape, il passe à midi entre les tables de la salle à manger, la main levée, comme s’il va donner la bénédiction ‘Urbi et orbi’ en gagnant sa place. Il trouve sa plus grande satisfaction dans la célébration quotidienne de l’Eucharistie avec ces gens dont il se sent responsable à l’âge de 80 ans. De cette façon, dit-il, je peux encore faire un peu de pastorale. De cette façon ma vie a encore un sens. Beaucoup ressentent son départ comme une grosse perte. En lui on perd un ami, un homme de confiance, un homme plein de gaieté quand il n’est pas malade. Très solidaire de sa congrégation, il est économe pour lui-même, mais généreux de ses deniers pour l’Assomption et les missions. Il n’atteint pas l’âge de ses 80 ans. Le dimanche matin du 21 mars 1999, pendant que tout le monde s’apprête pour la célébration eucharistique, il se fait attendre, ce qui est étrange. Tout est préparé sur l’autel. C’est alors qu’on le trouve dans sa chambre, un verre cassé par terre à côté de lui. Le P. Falco a entrepris son grand voyage pour l’éternité. Ses obsèques ont lieu dans l’église paroissiale Saint-Joseph à Waubach-Groenstraat. C’est à sa demande qu’il est inhumé au cimetière de cette ville.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Documents Assomption, Nécrologe (VIII) 1998-1999. ART Informations, 1972, n 5, p. 2. De Schakel, april 1999, p. 118-130. Lettre du P. Falco Filhren au P. Gervais Quenard, Bergeyk, 15 juillet 1949. Notices Biographiques