Ferdinand (Joseph-M.-Alex.) GUILBAULT – 1880-1962

Jubilé à Paris.
« Les Pères de la B.P., sans doute trop absorbés par les journaux et revues
qu’ils publient à longueur d’année, n’abusent pas des colonnes de La Lettre
à la Famille. Le P. Ferdinand qui fait partie de la communauté depuis plus
de 40 ans, est mieux placé que quiconque pour témoigner de notre histoire
où les mauvais jours n’ont pas manqué, particulièrement pendant la dernière
guerre. Mais il s’affirma comme l’économe prévoyant et soigneux et comme le
gardien fidèle de la maison. C’est une joie de l’en remercier, le 11
octobre 1961, en célébrant avec lui son
jubilé d’or sacerdotal. Pour agrémenter le dessert et donner un tour de
bonne compagnie aux congratulations trop solennelles, un trio de
chansonniers ont conjugué leurs talents: PP. Laurien Richard, François
Bernard et Julien Racine: Pèr’ Ferdinand a pris en main la cave et la
cuisine, Pèr’ Ferdinand est souverain, roi du pain, roi du vin? Un roi qui
fait notre bonheur, qui veut notre bien- être et choisit toujours le
meilleur, en parfait connaisseur. Nous, l’économe nous l’aimons bien, ce
majordome des repas
quotidiens, quel habile homme nous avons là!De tels, en somme, il n’en
existe pas».

Ferdinand (Joseph-M.-Alex.) GUILBAULT

1880-1962

Religieux de la Province de Paris.

Sur les routes de l’Orient.

Né le 2 avril 1880, à Saint-Vincent-Puymaufrais, au diocèse de Luçon en Vendée, Joseph-Marie- Alexandre Guilbault commence ses études secondaires à Châtillon-sur-Sèvre en 1892, les poursuit au petit séminaire de Montmorillon (1894- 1899). Cette année-là, il entre, à la suite de son curé le P. Borromée Féroux et du vicaire, au noviciat de Livry qu’il quitte pour Phanaraki (Turquie) où il prend l’habit le 24 juin 1900, sous le nom de Frère Ferdinand. Il y prononce ses premiers vœux le 2 juillet 1901 et sa profession perpétuelle, le 2 juillet 1902. De 1902 à 1905, le Frère Ferdinand enseigne au collège de Philippopoli-Plovdiv. Il étudie la philosophie et la théologie à Jérusalem (1905-1910). Après son ordination le 10 juillet 1910 par Mgr Picardo, un an de professorat à Taintegnies (1910- 1911) lui vaut deux ans de repos à San Remo (1911- 1912). La déclaration de la guerre en 1914 le trouve à Bordeaux où il est chapelain depuis un an (1912- 1914), au début de la chapelle de Caudéran. Il fait toute la guerre dans la réserve de l’armée territoriale, un service auxiliaire, comme chauffeur d’ambulance (1914-1919).

A la Bonne Presse.

C’est en mai 1919 que le P. Ferdinand entre comme rédacteur au Noël dans la communauté parisienne Saint-Vincent de Paul de la Bonne Presse. Il en est membre jusqu’à sa mort, survenue le 18 mai 1962, à 82 ans. Il est chargé du service de la diffusion, de la propagande selon les termes de l’époque, qu’il dirige de nombreuses années. Econome de la communauté, il prend aussi la direction de l’œuvre des Orphelins de la mer. A ces activités ordinaires, il ajoute un ministère régulier auprès de la Fraternité des Petites Sœurs de l’Assomption, à Levallois-Perret.

Ses différentes fonctions, il les assume en particulier au moment de l’occupation allemande où il est gardien des lieux contre les prétentions de l’occupant. C’est lui qui reçoit les visiteurs, les inquisiteurs, qui les accompagne, parfois en tremblant, et qui reçoit un jour, au bureau, les admonestations d’un chef, à propos des caricatures parues dans le Pèlerin, au sujet des prétentions hitlériennes. Son travail consiste à ravitailler les deux communautés, Assomptionnistes et Oblates. Il ne manque pas d’histoires drôles sur cette période, d’ascenseur bloqué entre deux étages, d’un professeur de Berlin soigneusement enfermé sous clef dans la bibliothèque qu’il pille, un mystérieux papier officiel qui provoque la brouille entre les trois polices allemandes. Le P. Ferdinand les a à l’usure, sortant vainqueur d’un match héroïque.

Epreuve finale.

Jouissant d’une forte constitution, le P. Ferdinand ne se soucie guère de son taux de diabète. A l’automne 1961, il souhaite quand même être déchargé des comptes de l’économat. Le 29 mars 1962, il doit s’aliter pour soigner une grippe. Peu de temps après il doit être hospitalisé et l’on a bien de la peine à lui trouver un lit à Laennec. Il est pris en charge par le Dr Boltansky qui le trouve très somnolent, dans un état pré-comateux. Une chute du lit lui fait perdre conscience par la suite, de façon habituelle. Pose problème aussi la question de l’urémie que les remèdes ne peuvent guère endiguer. La glycémie a ébranlé fortement sa résistance. Il meurt le vendredi 18 mai, vers midi, comme un fruit qui se détache de l’arbre. Le P. Ferdinand est inhumé au cimetière parisien de Montparnasse, dans la tombe de l’Assomption.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: B.O.A. juin 1963, p. 203. Lettre à la Famille 1962, n° 342, p. 319-320. La Croix, 20 mars 1962. Dans les ACR, du P. Ferdinand Guilbault, correspondances (1912-1942). Jubilé à Paris: dans La lettre à la Famille, 1961, n° 304, p. 15. Notices Biographiques