Fernand (Léonce Léonard) BOUVET – 1869-1894

Un signe d’amitié.
« Mon bien cher petit Père, Nous avons eu de vos nouvelles par votre bonne
sœur et par votre brillant polytechnicien.

Il me dit que vous êtes un peu triste parce que le mieux tarde trop. Je
vous répondrai que c’est quand tout va mal que le Bon Dieu manifeste son
bras, et que notre foi consiste à croire quand il y a une montagne à
transporter. Offrons au Bon Dieu des sacrifices et promesses en échange de
cette santé réclamée pour le servir, et puis soyons en ses mains.

Vos supérieurs vous ont envoyé dans votre famille et vous avez obéi, vous y
êtes donc dans le noviciat, et cela a été ménagé afin que vous en fassiez
de plus en plus un couvent, que votre présence et votre maladie bien
supportée y suscitent des sanctifications nouvelles, je sais que pas un
seul cheveu de notre tête ne tombe sans permission de Dieu. Cela c’est la
déclaration solennelle de N.S.; vous y croyez. Nos souvenirs respectueux à
Mme votre mère, à Mlle Blanche, à tous. Je vous bénis et vous embrasse. Ste
Thérèse 94 »

V. de P. Bailly au frère
Fernand Bouvet, Paris le
15.10.1894.

Religieux français.

Un jeune picard, de santé fragile.

Léonce est né le 5 novembre 1869 à Tours-en- Vimeu (Somme), localité près d’Abbeville. Enfant turbulent et espiègle, ne pouvant rester en place au témoignage de sa sœur Blanche, il entre comme élève interne en 1879 au collège Saint- Stanislas d’Abbeville. En 1885, il tombe si gravement malade qu’il doit quitter le collège. Quand il est guéri, il peut reprendre ses études, mais vers la fin de l’année 1886 il est atteint d’un mal d’yeux tel qu’il doit subir plusieurs opérations en 1887 et 1888. En juin 1888, le père de famille, Célestin, meurt. En août 1888, le jeune Léonce se rend au pèlerinage national de Lourdes et y fait la connaissance des religieux de l’Assomption. C’est alors qu’il se décide à entrer dans la vie religieuse. Sa mère, Claudine née Wattebied, y consent et Léonce quitte le domicile familial le 2 octobre 1888.

Le temps du noviciat, à Livry (1888-1891).

Il entre au noviciat de Livry sous le nom de Frère Fernand. Son entrée n’est pas restée anonyme si l’on en croit le cahier des Ephémérides de l’ époque: « Deux octobre [18881. fête des saints Anges. Nous allons chanter la messe à Notre-Darne des Anges [sanctuaire près de Clichy-sous-Bois]. Le P. Athanase Vanhove pontifie. Il pleut toute la journée et il est impossible de faire du travail manuel. Le soir, les vêpres sont chantées à 16h 30, suivies du rosaire. Les postulants sont partis quand même en pèlerinage à Montmartre. A souper, le P. Dominique nous amène un nouveau postulant novice, Léonce ». Ce dernier reçoit l’habit le 11 novembre 1888. « Nous avons eu les vêpres à 14h30 et la cérémonie de la vêture du Fr. Fernand à 15h45, avant la bénédiction du Saint-Sacrement. C’est vraiment une conquête de Notre-Dame de Lourdes.

Ce jeune religieux sera donc un serviteur particulièrement dévoué à Marie. L’allocution du Père a été très touchante. Il a montré le bonheur de celui qui fait choix de la vie de sacrifice pleine de suavités. Au souper le Fr. Martial et le Père Irénée, puis le Frère Léonide, pendant la récréation, chantent le nouveau frère, conquête de Notre-Dame de Lourdes et de Saint Martin ». En 1889, il fait partie du groupe des novices qui se rendent en pèlerinage à Rome et Jérusalem. Le P. Vincent de Paul Bailly qui le connaît personnellement et l’estime a la joie de le présenter à cette occasion au pape Léon XIII. Fr. Fernand prononce ses vœux perpétuels le vendredi 2 octobre 1891 en la chapelle de Livry: « Lever à -5 h3O. Méditation sur la fête du jour. La grand ‘messe n’a pas lieu à 7 heures à cause de la cérémonie des professions. A 8 heures, récitation de Tierce et de Sexte, puis on se rend à la salle du chapitre et de là, processionnellement, à la chapelle. Le P. Alfred officie. Après l’évangile, s’inspirant des paroles du jour, le Père montre comment les trois vœux rendent ceux qui les professent semblables aux anges. Comme eux, les nouveaux profès seront aussi des messagers porteurs de la bonne nouvelle et du bonheur à tant d’âmes qui les ignorent ou ne les connaissent plus. Les Frères Fernand, Possidius et Germain sont les heureux de la fête. Ils s’approchent et, la main sur l’évangile, en présence de leurs frères, ils se vouent à Dieu. Nous entendons trois fois le ‘usque ad mortem, paroles touchantes et sublimes qui annoncent, nous l’espérons, trois longs apostolats ». A cause de sa santé délicate, le Frère Fernand vient étudier la théologie à Paris et s’achemine vers le sacerdoce: il reçoit les ordres mineurs le 7 août 1892 à Livry.

Mort en famille (1894).

Mais pour des raisons de santé, il doit regagner sa famille où l’on pense que l’air natal le remettra sur pied. Il meurt le mercredi 28 novembre 1894 à Tours-en-Vimeu (Somme), vers 4h30 du matin. Les PP. Maxime et Marie représentent la famille de l’Assomption à son enterrement dans son pays natal.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Souvenirs 1894, n° 195, P. 305. Circulaire du P. Picard, n° 75 (édit.t. II, p. 49). Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Lettres du P. Vincent de Paul Bailly à Fernand Bouvet, 15 octobre 1894. Ephémérides de l’abbaye-noviciat de Livry, années 1888, 1891.