Fernand REUZE – 1931-1973

Cavalerie, 1963. « Lourdes ne m’a pas permis de voir tout le problème du
Frère Fernand Reuzé. Bien sûr, je ne retire rien de ce que j’ai dit, mais,
si vous le permettez, j’ai quelque chose à ajouter qui peut nuancer la
vision des choses, tant qu’il en est encore temps. Sachant la lenteur et la
précarité de la montée
humaine et religieuse du Frère, je pensais suivre un an encore le Frère,
puis lui demander de faire une année
complète de noviciat. J’ai écrit en ce sens au Père Maître des novices au
mois de juin. Le Frère Fernand était prêt à cette solution pour assurer la
qualité de sa vie religieuse et tenir compte de sa faiblesse humaine. Vous
savez que c’est un fils infirme d’une famille pauvre mais très nombreuse,
qui est venu tard à l’Assomption. Il vient de
passer 6 ans chez nous. Il ne se réadapterait pas ailleurs. Je ne crois pas
à la situation de
‘familier’, situation fausse et dangereuse. Le Frère ici à Cavalerie assure
l’étable, c’est- à-dire la production de lait et de beurre. Il travaille au
potager pour les légumes
verts. La Province n’a personne d’autre à nous proposer. Je vous demande de
l’admettre encore une année pour des vœux temporaires, puis après une année
au noviciat, aux vœux perpétuels
».

Notices Biographiques A.A

Religieux de la Province de Bordeaux. Une vie de services et d’épreuves. Fernand Reuzé est natif de Bals, paisible bourgade située à l’écart de toute grande route, à une bonne quinzaine de km au sud-ouest de Vitré (Ille-et- Vilaine). L’ombre de la grande dame du XVII ème de Vitré, Madame de Sévigné, propriétaire du château des Rochers d’où elle décrit la condition de vie paysanne, ne semble pas avoir hanté les rêves du jeune Fernand. Ce dernier vient au monde le 18 août 1931. Il reçoit le baptême ce même jour dans l’église paroissiale trois fois séculaire de Bais, au clocher trapu couvert d’ardoises et aux vastes vitraux de style flamboyant. Fernand est le sixième enfant d’une famille de cultivateurs qui en comptera 21. Par suite d’une malformation physique, il ne commence à marcher qu’à l’âge de 8 ans. Il fréquente alors l’école catholique du village, suivant assidûment le catéchisme, y faisant sa première communion et recevant le sacrement de Confirmation le 19 avril 1940. Le père de famille, joseph, meurt dans un accident de travail. Aussi, à l’âge de 14 ans, Fernand est-il placé comme domestique de ferme. Exempté du service militaire à cause de sa situation de famille et d’un boitillement prononcé, il exerce son métier une douzaine d’anées, sans discontinuité, à la grande satisfaction de ses employeurs. Il songe à la vie religieuse. Des Rédemptoristes, de passage à Bais, veulent l’engager de suite, mais le Recteur de la paroisse, l’abbé Dehoux qui connaît et estime l’Assomption pour l’avoir fréquentée à Zepperen, Louvain et Taintegnies avant de bifurquer vers le grand séminaire, préfère l’orienter différemment. Il le présente au Provincial de Bordeaux en ces termes: « Je vous propose un excellent jeune homme, cultivateur, charretier même, habitué aux travaux de la terre, et qui veut se donner à Dieu simplement et sans conditions. A.A Il a une bonne santé. Sa vue est un peu diminuée, du fait d’un accident survenu à un oeil qui lui vaut une petite pension ». C’est par une tempête de neige qu’en février 1957, ainsi recommandé, se présente au noviciat de Pont-l’Abbé d’Arnoult (Charente-Maritime) au P. Alphonse Picot, alors maître des novices, Fernand Reuzé. Il y prend l’habit religieux le ler août 1957. Auparavant domestique de ferme et plus précisément vacher, tout naturellement lui est confié le soin des vaches dans la ferme que dirige le Frère René Lalanne. Une vie austère au sein de sa famille, une vie laborieuse dans une ferme, un fond chrétien hérité du terroir natal, une appartenance à un groupe jaciste de Bais rendent l’adaptation à la vie religieuse plus facile. De caractère sociable, le Frère Fernand qui est l’aîné des garçons dans sa famille, prononce ses premiers vœux le 28 août 1958, le jour de la fête de saint Augustin. Profès temporaire, il reste affecté au noviciat de Pont-l’Abbé d’Arnoult. Il lui est ainsi plus facile de parfaire sa formation religieuse. De 1958 à 1961, il reste donc sous la tutelle du maître des novices, le P. Armand Louis. Le 28 août 1960, il prononce ses troisièmes vœux annuels à Saint-Maur où il fait sa retraite annuelle. En septembre, il rejoint l’alumnat de Cavalerie (Dordogne). Il y a là-aussi une ferme qui demande une direction. Il y demeure deux ans (1960-1962), avec pour supérieur le P. François Le Roux. En 1962, il est jugé plus convenable d’envoyer le Frère Fernand au noviciat de Pont l’Abbé d’Amouit pour qu’il puisse s’y préparer à la profession perpétuelle. Il s’y occupe du bétail et de la basse-cour. Le dimanche il aide à la paroisse, sonnant les cloches, préparant les enfants de chœur et l’autel. Il prononce ses vœux perpétuels à Pont-l’Abbé d’Arnoult le 28 août 1964. On invite pour la circonstance les Frères convers de la Province, les Frères René Lalanne, Maurice Valiquet, Paul Papin, Jean-Claude Denieul, Antonio Camarero. Avec les années, les choses et les situations évoluent. En 1969, le noviciat se fermant faute de novices, le Frère Fernand passe à Layrac (Lot-et-Garonne). Il demande le 27 juin 1973 à quitter la Congrégation et à rentrer dans sa famille. Il quitte Layrac le 19 juillet 1973, mais il est victime le 14 août d’un accident de la circulation. Son vélomoteur est heurté par une automobile. Violemment projeté sur la chaussée, le Frère Fernand est transporté à l’hôpital de Rennes. Il y meurt le 15 août, dans la matinée de cette fête de l’Assomption, à 42 ans. Il est inhumé à Bais le vendredi 17 août. Le P. Judicaël Hémon préside la cérémonie.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: B.O.A mars 1974, p. 227. Voulez-Vous? (Layrac), 1974, n° 87, P. 7-8. Lettre du P. François Le Roux au P. Wilfrid Dufault, Cavalerie, le 22 août 1963. A Travers la Province (Bordeaux), août-septembre 1973, n° 214, supplément, p. I-II. Notices Biographiques