Firmin (Jean-Baptiste) MERMOZ – 1902-1987

Vellexon, 1962.
« La perspective d’un pèlerinage à Rome pour le 11 janvier prochain me
réjouit le cœur. Mais je ne sais si je serais suffisamment remis de mon
dernier accroc de santé, survenu il y a plus de trois semaines. A la suite
d’une mauvaise grippe, j’ai fait une chute de tension artérielle grave qui
est cause de syncopes fréquentes. Le docteur travaille à faire remonter ma
tension, sans succès pour l’instant. Je me sens très las et sans force.
Espérons que, d’ici le mois de janvier, tout ira mieux Je vous tiendrai au
courant. Notre maison de Vellexon va bien, si ce n’était le trop petit
nombre d’alumnistes. Mais nous travaillons tous avec confiance, sous la
protection du P. Pernet, afin de faire le plein de cet alumnat pour les
années à venir. La fatigue ne me permet pas de prolonger davantage cette
lettre. Veuillez
m’en excuser. J’espère pouvoir faire de vive voix, bientôt, ce que je ne
puis faire aujourd’hui par écrit. Je me permets de vous présenter les vœux
de toute la communauté de Vellexon pour la fête de Noël déjà toute proche,
à vous ainsi qu’à tous les Pères de la Curie généralice».
P. Mermoz, 13.12.1962.

Religieux de la Province de France.

Jeunesse.

Jean-Baptiste Mermoz est né au Planay, en Savoie près de Bozel et d’Aime, face au majestueux massif de la Vanoise, le 19 octobre 1902. Il est d’une famille qui comptera dix enfants dont deux sœurs deviendront religieuses dans la Congrégation de Saint-Joseph de Moûtiers (Savoie). Le 6 janvier 1918, il entre à l’alumnat de Saint-Sigismond (Savoie), près d’Albertville. Il est, avec quelques autres garçons de Savoie et du Dauphiné, à l’origine de cet alumnat qui prend la suite de Notre-Dame des Châteaux, près de Beaufort-sur-Doron, laissé depuis 1903 en raison de l’expulsion des religieux. En 1919, il poursuit ses études à l’alumnat de Vinovo en Italie, près de Turin. Il prend l’habit religieux au noviciat de Saint-Gérard, en Belgique, le 4 novembre 1921, sous le nom de Frère Firmin (1). Il prononce ses premiers voeux le 5 novembre 1922. Puis le Frère accomplit deux ans de service militaire. C’est à Saint-Gérard qu’il étudie la philosophie, puis à Louvain la théologie. Il est admis à la profession perpétuelle, émise le 16 juillet 1927. Le Frère Firmin est ordonné prêtre le 6 juillet 1930.

Douvaine.

Le premier et principal champ d’apostolat du P. Firmin est l’orphelinat de Douvaine (Haute-Savoie), à quelques km du lac Léman. Pendant 32 ans (1930- 1962), il y est éducateur, aumônier et sous-directeur. L’orphelinat accueille d’une manière habituelle 150 enfants à qui manquent, en plus d’une famille, l’affection, la sécurité et le soutien d’un parent. Le P. Firmin n’a de préférence que pour les plus petits, les plus faibles, les plus délaissés, les plus démunis. Des centaines de jeunes, devenus par la suite pères de famille, pourraient dire tout le travail qu’il a rêalisé auprès d’eux,

sachant ouvrir leurs esprits et leurs cœurs au monde ambiant, à la vie, à l’amitié, mais aussi à la foi en Jésus-Christ et à Dieu. Plusieurs de ces enfants sont devenus prêtres et religieux. Aimant beaucoup chanter, le P. Firmin monte une chorale qui, tout au long de l’année, anime les fêtes religieuses et profanes. A l’époque, les jeunes restent à l’orphelinat toute l’année, douze mois sur douze. Secondant aussi le directeur de l’œuvre, il va volontiers prêcher dans les paroisses de Haute-Savoie, en particulier dans les stations de tourisme, où il recueille les fonds nécessaires pour faire vivre l’orphelinat.

Des Essarts à Vellexon et à Lorgues.

Après ce long et fécond apostolat à Douvaine, le P. Firmin est envoyé au noviciat des Essarts (Seine-Maritime) en 1962, pour accompagner des jeunes en recherche de vocation religieuse et désireux d’apprendre un métier pour être frères coadjuteurs. Deux ans plus tard (1964), il est nommé supérieur de l’alumnat de Vellexon (Haute-Saône). On lui demande de tenter un dernier essai pour faire vivre cet alumnat, établi à proximité de la maison natale du P. Pernet. La baisse des vocations se fait de plus en plus sentir, le recrutement est trop faible dans la région. La fin de l’année scolaire marque la fermeture de l’alumnat de Vellexon comme alumnat de grammaire (1965). A l’automne 1965, le P. Firmin arrive à la maison de repos de Lorgues (Var) où il continue de rendre des services à la mesure de ses moyens et de sa santé déjà ébranlée. Il assure en particulier l’aumônerie des Sœurs de Notre-Dame de Sion à Lorgues même et remplace temporairement des religieux aumôniers à Marseille ou à Lyon. Ne jouissant pas d’une forte santé, il fait quelques séjours à l’hôpital pour soigner de mauvaises bronchites ou subir des interventions chirurgicales. Ces accrocs de santé lui sont des temps d’épreuves où il fait l’expérience de la fragilité humaine et le préparent au détachement final. Avec les années, il répète: « je n’ai pas peur de la mort, mais j’ai peur de la souffrance ». Très attaché à sa famille de la terre, il peut une dernière fois, en juillet 1986, à 84 ans, revoir son pays natal et les membres survivants de sa famille. Il a bien le pressentiment que c’est là son dernier déplacement en Savoie. Il ne se trompe pas. Le 15 janvier 1987, au terme d’une mauvaise bronchite, il s’éteint dans cette maison de Lorgues où il a sans doute connu les plus belles années de paix et de sérénité, dans une ambiance fraternelle qu’il apprécie plus encore que le doux climat du Midi. Le P. Firmin Mermoz est mort à 85 ans. Il est inhumé à Lorgues dans la chapelle mortuaire de la propriété. (1) Le religieux portant ce prénom, le P. Firmin Mermoud (1882-1920), vient de décéder au Chili, le 18 août 1920.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Documents Assomption, Nécrologe (IV) 1987-1990, p. 1-2. Assomption-France, Nécrologie année 1987, p. 123. Lettre du P. Firmin Mermoz au P. Wilfrid Dufault, Vellexon, 13 décembre 1962. Dans les ACR, du P. Firmin Mermoz, correspondances (1922-1962).