Le Père Silvère Pelliciertc « Le Père Silvère Pellicier »
(1908-2000) – France
Firmin Pellicier, est né à Granier-sur-Aime (Savoie) le 4 août 1908. Une famille très chrétienne qui a donné cinq de ses sept enfants à l’Église : deux Pères Assomptionnistes (son frère s’appelle Léon), deux Sœurs de Saint-Joseph et un Frère Mariste. Le jeune Firmin entre à l’alumnat de Saint-Sigismond en 1921, grâce à un ancien alumniste de Notre-Dame des Châteaux, l’abbé Duch. En 1926, il rejoint l’alumnat de Miribel-les-Échelles (Isère). À la fin de ses études secondaires, en 1928, il choisit la vie religieuse et fera son noviciat à Scy-Chazelles (Moselle).
Il prendra le nom de Silvère et reçoit l’habit religieux au début de son noviciat, le 28 octobre 1928. Le premier novembre 1929, il prononce ses premiers vœux et reste dans cette maison pour faire son année complémentaire, puis il gagne la maison de Saint-Gérard (en Belgique), pour commencer la philosophie en 1930. En 1932, il accomplit son service militaire. En 1933, il rejoint Louvain pour faire ses études théologiques, études qu’il terminera à Lormoy (Essonne). C’est là qu’il sera ordonné prêtre le 21 février 1937.
Jeune prêtre, il reçoit sa première nomination pour une mission lointaine!
La Mandchourie, mission fondée deux ans seulement auparavant. Il fallait renforcer la première équipe : il part avec les Pères Clovis Didier, Théobald Shafahouser et Grégoire Brun. Un long voyage en bateau, et il arrive avec ses confrères à Kirin, capitale de la Province et siège du vicariat apostolique. Alors commence l’aventure missionnaire, avec enthousiasme et confiance, malgré le dépaysement qui est grand. On le nomme aussitôt à la cathédrale, où pendant un an, il s’initie aux secrets de la langue chinoise. Après une année, il va aider un jeune prêtre chinois dans un gros village où tout le monde est chrétien. Personne ne parlant le français, il fait plus de progrès qu’en un an à Kirin.
En 1939, il revient à Kirin comme vicaire à la cathédrale. En 1942, il est nommé curé d’une paroisse dans un faubourg. Tout semblait bien parti. Hélas, les événements que va vivre ce pays vont bouleverser sa vie et la vie de tous les missionnaires d’alors et ce sera bientôt la fin de cette toute jeune mission.
1942 : c’est la déclaration de guerre des Japonais. Comme Français, il est épargné… en raison de la position du Maréchal, considéré comme l’allié de l’Allemagne. Il est tenu cependant en résidence surveillée. Puis, en 1945, c’est la capitulation du Japon. Les Russes arrivent et désarment les Japonais. Mais en 1947, c’est le grand déplacement des communistes jusqu’au sud de la Chine. Tout le pays est ainsi envahi.
Le grand séminaire est fermé par les communistes et les Pères, professeurs, rentrent en France. Mais le Père Silvère, comme les Pères Anselme Austal et Livier Pierron, parce que loin en brousse, sont restés. Mais commencent ou continuent les brimades et les ennuis. Seule la messe est autorisée avec des visites, à l’improviste, de policiers qui venaient troubler les offices. Il confesse et donne la communion… mais en cachette, jusqu’au jour où, en avril 1951, le chef communiste vient lui annoncer : “Vous partez demain”. Triste et vraiment peiné d’abandonner cette mission après 14 ans de présence, le Père Silvère quitte le pays qu’il a beaucoup aimé, triste aussi de laisser des chrétiens désemparés qui auront à subir par la suite des persécutions pour rester fidèles au Pape de Rome.
Cette mission de Mandchourie, qualifiée “d’audacieuse aventure apostolique”, va bientôt se terminer et pourtant la Congrégation, surtout la Province de Lyon, y avait fondé de grandes espérances. Le Père Silvère a écrit ses aventures et même il a enregistré des cassettes sur sa vie missionnaire. Il en parlait “avec abondance du cœur” jusqu’à ces dernières semaines et cinquante ans après, il revivait avec ferveur son séjour en Chine.
De retour en France, marqué par cette profonde expérience missionnaire, il passe une année à Tunis-Bellevue, de décembre 1951 à juin 1952. Il est alors nommé à Cevins, dans sa Savoie natale ; quatre paroisses nous ont été confiées, en milieu rural, travaillées, par le parti communiste. Mais les relations sont bonnes avec tous. Il sera d’ailleurs nommé supérieur en 1955. Après une année passée comme économe à Saint-Sigismond (1963-1964), on le retrouve à la paroisse du Rouet, à Marseille, comme vicaire, puis à la Capelette (1968-1970). En 1970, il est à la communauté de Toulon, vicaire à Saint-Pie X, puis en 1972, vicaire à Sainte-Jeanne d’Arc.
En 1977, il est nommé à Marseille-Cluny, où nous avons une chapelle semi-publique. Il assure la charge de l’économat et il est responsable de la chapelle qui accueille pas mal de monde le dimanche.
En 1988, on vend la maison de Cluny et le Père Silvère souhaite rejoindre la maison de repos de Saint-Sigismond. Là, il continue à rendre des services occasionnels, mettant à profit la bonne santé que le Seigneur lui a donné. Homme de la terre, il s’occupe des fleurs mais aussi des fruits qu’il aimait voir pousser et servir à table : fraises, groseilles, tomates, mûres et framboises.
Mais c’est là que le Seigneur l’attendait. En quelques jours, il s’est affaibli, atteint par une maladie qui ne pardonne pas. En août 2000, il a 92 ans. “Homme simple, volontiers rieur et jovial, entrant facilement en relation avec tout le monde, le Père Silvère, dira le Père Joseph Mermoz, supérieur de la communauté, aimait faire plaisir et était estimé de ceux qui avaient lié amitié avec lui”.
Il rend son âme à Dieu le 21 décembre 2000, dans la communauté de Saint-Sigismond et les obsèques seront célébrées le 23 décembre. Le Père Justin Senger, économe, sera le célébrant principal (il assure également l’homélie) devant une chapelle bien garnie.
Signalons la présence de l’abbé Doche, Vicaire épiscopal de Moutiers, originaire lui aussi de Granier. De nombreuses religieuses de Saint-Joseph, des religieux de l’Assomption de Valpré, Debrousse et de Lorgues, des chrétiens qui participent régulièrement aux messes communautaires, des personnes de Granier et des paroissiens de Cevins et des environs. Son frère, le Père Léon, est malheureusement absent (il est à Lorgues), retenu par la maladie mais une de ses sœurs religieuse, malgré ses 94 ans, est présente, ainsi que des neveux et nièces. “Une assemblée nombreuse : une bonne centaine de personnes, en plus des religieux assomptionnistes” écrira le chroniqueur.
Le Père Silvère repose au cimetière de Chiriac (Albertville), concession n° 2 de la communauté.
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