Flavien (Michel) MAGNAC – 1872-1895

Souvenirs du P. Germer- Durand.
« La nouvelle de la mort du cher Frère Flavien, bien que prévue, a produit
une bien
vive émotion à Notre-Dame de France. Il nous avait quittés depuis un an,
mais il était de la fondation de notre maison d’études, comme le Frère Jean
de la Croix [Monsterlet], et on pensait souvent à lui. C’est précisément le
jour où ses frères et condisciples
recevaient le diaconat ou le sous-diaconat, qu’il allait, lui, recevoir la
récompense du ciel… Sa santé ne paraissait pas atteinte dans les premiers
temps de son séjour ici, et nous ne soupçonnions pas les symptômes
menaçants que le médecin constata lorsqu’il dut passer le conseil de
révision. Il était d’une régularité parfaite
et ne se plaignait jamais. Un jour, l’économe vint me prier de l’avertir,
parce que les murs de la cellule qu’il occupait étaient tout mouchetés de
taches rousses, et qu’il devrait la faire blanchir pour la caravane.
J’allais voir, c’étaient les éclaboussures de ses disciplines. Une de ses
grandes préoccupations a été la vocation de ses sœurs, qu’il a eu le
bonheur de voir entrer en religion chez les Sœurs de Saint-Joseph ».
Jérusalem, 25 septembre 1895.

Religieux français.

Une vie Inachevée.

Michel Magnac est né le 6 septembre 1872 à Boo- Silhem, petite localité pyrénéenne, dans le diocèse de Tarbes et Lourdes (1). Très jeune il est admis à l’alumnat. S’il n’y brille pas pour les disciplines intellectuelles, il se fait remarquer par un jugement très sain et un bon sens pratique qui tranche avec celui de ses compagnons d’âge. Le 6 août 1889, à 17 ans, il prend l’habit religieux au noviciat de Livry- Gargan (Seine-Saint-Denis), alors dirigé par le P. Emmanuel Bailly. Profès annuel l’année suivante, il est envoyé à Notre-Dame de France à Jérusalem où il prononce ses vœux perpétuels, le 10 août 1891. Il y étudie la philosophie et commence ses études de théologie. C’est là aussi qu’il reçoit tous les ordres mineurs en vue de la prêtrise. Mais déjà malade de la tuberculose, il est rappelé en France par le P. Picard et se trouve chargé des enfants de chœur à la chapelle de la rue François ler. On y apprécie ses qualités de régularité et de simplicité. De là, on l’envoie à nouveau au noviciat de Livry pour qu’il se prépare au sacerdoce. Il est ordonné sous-diacre à Livry le 25 août 1895. Deux semaines auparavant, le P. Picard l’a autorisé à se rendre au pèlerinage national à Lourdes, dans le désir d’obtenir de la Vierge sa guérison. A son retour, on espère encore pouvoir accéder à son désir d’être ordonné prêtre. Mais le temps lui est compté. A 23 ans, il meurt de la tuberculose à l’abbaye de Livry, le 21 septembre 1895. Il est inhumé dans la propriété du noviciat. Par la suite, ses restes sont transférés au cimetière de Montparnasse à Paris (tombe Bailly), avec ceux de tous les religieux décédés à Livry.

Un protecteur pour Notre-Dame de France.

« Nous sommes frappés d’un nouveau deuil

en la personne d’un de nos jeunes religieux élevés dans la Congrégation, et qui donnait les meilleures espérances. Le Frère Flavien Magnac, diacre, est mort à Livry cette nuit, à minuit moins quelques minutes, au moment de commencer la fête des Sept-Douleurs, et à la fin de la journée où il devait recevoir la prêtrise. Son état de faiblesse m’avait déterminé à suspendre cette ordination, et il n’aurait pu en effet la soutenir, et, en tout cas, il n’aurait pu célébrer ce matin sa première messe en la fête des Sept-Douleurs. Hier samedi, vers 19 heures, sa respiration devenait pénible, on le prépara à recevoir l’Extrême-Onction qu’il attendait et la sainte communion. Il conserva toute sa connaissance jusqu’au dernier soupir, et, vers minuit, quand le P. Athanase [Vanhove] lui posa cette question: « Aimez-vous la Sainte Vierge? », il répondre: « Incomparablement ». Ce fut sa dernière parole. Il avait édifié la maison de Jérusalem; il en sera l’ange protecteur. Les obsèques auront lieu demain lundi, à 9h30, à l’abbaye de Livry, et il reposera au petit cimetière du noviciat qui s’ouvre pour la quatrième fois cette année (2). Le Frère Flavien est le neuvième mort de la Congrégation en 1895 (3). Je vous rappelle, en l’absence du P. Picard, les prières de règle, et je vous envoie, en mon nom, les bénédictions qui doivent être plus abondantes aux heures d’épreuves ». circulaire du P. Vincent de Paul Bailly. (1) Le Frère Flavien a un oncle prêtre, des Missions étrangères de Paris, en poste en Chine, qui fera parvenir en septembre 1895 un ornement sacerdotal rouge, soie et or, cadeau pour une ordination sacerdotale qui ne put avoir lieu. (2) Sont déjà inhumés à Livry à cette date de septembre 1895: le Frère Victor Marin (5 mai 1888), le Frère Gustave Lechevalier (20 septembre 1889), le Frère Hyacinthe Binarmont (19 septembre 1891), le Frère Joseph Van Ermingen (22 juillet 1892), le Frère Marcien Murcovitch (4 mars 1893), le Frère Chrysostome Alexitch (1er janvier 1895, le P. Paul-Elphège Tissot (16 février 1895). Nous n’avons pas trouvé une troisième sépulture d’un religieux à Livry en 1895 précédant celle du Frère Flavien. Peut-être s’agit-il d’un familier. (3) Sont en effet décédés depuis le 1er janvier 1895. Chrysostome Alexitch, Henri Brun, Louis Villerelle, Géry Delalleau, Henri Halluin, Paul-Elphège Tissot, Jean de la Croix Monsterlet, Charles Laurent et Flavien Magnac.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Souvenirs 1895, n° 225, P. 248-251; n° 227, P. 269. Circulaire du P. Vincent de Paul Bailly, 22 septembre 1895. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy.