Fleury FLEURY
1894-1918
Religieux français, profès in articulo mortis.
Un régime de vie imposé par les circonstances.
Né le 14 avril 1894 au lieu-dit Côtes-des-Notz (1), (Ardèche), celui que nous ne connaissons que sous le nom de Frère Fleury (2) n’a guère eu le loisir de laisser quelques traces écrites de son existence dans les archives de l’Assomption. On sait seulement qu’il est élève à l’alumnat de Miribel-les-Echelles (Isère), sans doute entre 1907 et 1913, et qu’il entre au noviciat du Luxembourg à Limperstberg (3) un peu avant le 8 septembre 1913, date de sa vêture. A partir d’août 1914, le noviciat est isolé derrière les lignes allemandes; les novices pour vivre doivent travailler dans des fermes, tout en essayant d’organiser un minimum de vie intellectuelle. La fiche personnelle du Frère Fleury mentionne qu’il s’adonne à des études de philosophie entre 1915 et 1916, sans autre précision. Mais à la ligne suivante, on peut relever surtout qu’il est employé dans les fermes entre 1916 et 1918. La seule précision biographique en notre possession est donnée par la lettre-carte du P. Antoine de Padoue Vidal, adressée au P. Damascène Dhers depuis Finsterthal (Luxembourg), le 23 avril 1918 et reçue à Menton par Rome le 18 mai 1918, lettre annonçant le décès du Frère Fleury, mort à 24 ans.
Mort du Frère Fleury.
« Je viens de fermer les yeux au Frère Fleury que le bon Dieu a rappelé à lui en l’octave de Saint-Joseph, à 1h30 du matin. Il gardait le lit depuis un mois environ mais son état qui n’inspirait pas de graves inquiétudes s’est subitement aggravé il y a quatre ou cinq jours. Nous lui avons donné l’extrême onction samedi dernier. Il l’a reçue avec beaucoup de piété, a fait ses vœux perpétuels in articulo mortis et offert de bon cœur sa vie à Dieu. Il s’est éteint très doucement. Il est mort de la tuberculose pulmonaire, aujourd’hui 23 avril [1918].
Veuillez prévenir sa famille aux Côtes-des-Notz (Ardèche). C’était un religieux très bon, très simple, très dévoué, qui est mort comme il a vécu, en saint. Nous l’enterrerons demain à Limpertsberg, à côté des trois autres Frères (4) qui sont déjà morts à Luxembourg. Je viens de recevoir quelques-unes des feuilles imprimées sur la mort et les funérailles du P. Général. Ces détails nous ont bien consolés. Je vous en remercie. Avons-nous un Supérieur général? Veuillez continuer à me donner les nouvelles. Bien vôtre en Notre-Seigneur ». Antoine de Padoue.
(1) Ce lieu-dit ‘Côtes-des-Notz’ est à chercher sur la commune de Désaignes, dans le canton de Lamastre (Ardèche). (2) On connaît, à l’origine de la traduction qui a donné en français Fleury, deux formes latines, toutes deux honorées par un saint patron: un St Florius, compagnon martyr de St Lucien de Nicomédie et un St Floridus, évêque italien fêté le 13 novembre dont Grégoire le Grand célébrait la sainteté. D’après l’acte de vêture, le frère Fleury a choisi la forme Floridus’. (3) Limpertsberg est le noviciat assomptionniste au grand Duché de Luxembourg, sur la commune de Rollingergrund, inauguré le 14 juin 1912. Il s’agit d’un couvent de Franciscaines, loué pour un bail de 6 ans, comprenant 4 hectares et 3 corps de bâtiments (le corps principal, un corps d’entrée avec dépendances et une ferme). En août 191,4, 70 religieux (novices de première année, de seconde année, profès et convers) sont présents à Limpertsberg. Le P. Antoine de Padoue, le Supérieur et Maître des novices, le P. Emile Gauthier et le P. Marie- Alexis Gaudefroy forment la communauté responsable des profès. La maison de Limpertsberg est habitée par les religieux jusqu’en décembre 1917, date à la quelle les frères peuvent regagner Louvain. Restent dispersés dans les fermes 15 religieux de chœur et 2 frères convers novices. La maison inoccupée, non chauffée, se dégrade rapidement à cause des conduites d’eau gelées. (4) Sont morts à Limperstberg le Père Marie-Jean Roux-Vollon (juin 1916), le Frère Domnin Dupont (mars 1917), le Frère Fleury Fleury (avril 1918), le Frère Valens Castel (novembre 1918). Pour vivre, le noviciat a fait un élevage de lapins, acheté des récoltes de blé et un moulin, travaillé la farine pour la panifier, loué des fermes et des terres cultivables (Schoose, Fintersthal, Buschorf, Bissen). D’après les Ephémérides du temps, après 1915, le menu alimentaire se compose invariablement de 200 grammes de pain, de viande rarement, de choucroute ou choux raves ou rutabagas ou carottes, produits sur place. Dessert, fromage et vin sont inconnus sur la table. (5) Ce pèlerinage a lieu du 15 au 17 juin 1914 avec logement à Bure: le récit illustré se trouve dans l’Assomption du 1er août 1914, n° 211.Le n° 212 paraîtra en 1918!
Bibliographies
Bibliographie et documentation: Lettre à la Dispersion 1918, n° 512, p. 365. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Registre des vêtures et professions (ACR: H 24 p. 114). Lettre du Frère Fleury, Limpertsberg, 26 avril 1914 dans Souvenirs, 8 mai 1914, n° 4, p. 40. Notices Biographiques