Fortunat (Dominique Jérome) PUYSEGUR – 1864-1932

Sart-les-Moines, 1906.
« Je suis en retard pour offrir mes vœux de santé et d’heureuse année, mais
comme je tiens aussi à vous
offrir mes vœux de bonne fête, je fais d’une pierre deux coups et j’y
ajoute mes vœux tardifs de nouvel an. Que saint
Hilaire vous protège et vous garde encore longtemps à vos chers amis dont
vous êtes la Providence sur cette terre! Qu’il vous donne aussi les forces
et la santé pour fournir la becquée à notre nombreuse famille. Pour moi je
me joins à toute la famille lovaniesque en ce jour de la Saint Hilaire. Je
vous demande de bien vouloir rectifier la bande d’adresse de l’Assomption
que je vous renvoie ci-jointe. Vos Vies de
Saints sont expédiées, je pense qu’elles feront votre affaire,
car vous n’avez pas répondu aux deux cartes que je vous ai envoyées. Le P.
Honorat
[Brico] a réitéré la commande, alors j’ai fait pour le mieux et
il en a servi selon son désir. Quant à la note, aussitôt reçue, je vous
l’envoie. Je vous souhaite la fête le 13, vu que c’est ce jour qu’elle a
lieu à Poitiers. Si vous pouviez aussi nous procurer de petits Ordo, nous
vous en serions très reconnaissants, et ne nous en facturer que 12 pour 26
». Fortunat Puységur.

Notices Biographiques A.A

Religieux de la Province de Bordeaux. Missionnaire de la ‘Chine du Poitou’. Dominique Jérôme Puységur est né à Niort (Deux- Sèvres), le 31 octobre 1864. Il fait ses études secondaires au collège Saint-Hilaire de Niort (1882- 1884) et entre au grand séminaire de Poitiers (Vienne) où il étudie pendant deux ans la philosophie (1885-1887). Il se présente au noviciat de Livry-Gargan (Seine-Saint-Denis) en octobre 1887. Il reçoit l’habit religieux le 21 novembre suivant, sous le nom de Frère Fortunat. Il y prononce ses premiers vœux le 21 novembre 1887 et ses vœux perpétuels le 17 décembre 1889. Il reste sur place pour compléter son parcours théologique, puis est envoyé à l’alumnat de Villecomtesse (Yonne) et à celui du Breuil (Deux-Sèvres). En 1893, il revient à Livry pour deux ans et est ordonné prêtre à Paris, le 22 septembre 1894. A partir de 1895, le P. Fortunat passe successivement dans de nombreux postes, à tel point qu’il est parfois difficile d’en assurer la chronologie. Montfort (Yonne) 1895-1896, Arras (Pas-de-Calais) 1896- 1901, Bure en Belgique en 1901, Taintegnies en Belgique de 1902 à 1905, Sart-les-Moines de 1905 à 1909, Le Bizet de 1909 à 1911, Ascona en Suisse de 1911 à 1914, Gempe en Belgique de 1914 à 1919, Lumières dans le Vaucluse de 1919 à 1922, Bourville en Normandie de 1922 à 19241 C’est à partir de 1924 qu’il devient curé de Saint-Coutant, dans le Mellois (Deux-Sèvres), région dite alors la Chine du Poitou . Dans cette paroisse déshéritée d’un pays assez désolé, le P. Fortunat fait merveille, après ses nombreuses années itinérantes. En dépit de certaines lacunes de formation que le P. Fortunat reconnaît d’ailleurs lui-même, en toute humilité, il s’adonne à son ministère paroissial avec un grand bon sens, un jugement pratique et un zèle apostolique qui font impression auprès de ses ouailles. A.A On peut dire de lui qu’il contribue à faire renaître la foi chrétienne, dans une région où elle semblait avoir disparu, au moins selon les formes traditionnelles de la pratique religieuse. Avec ténacité, hardiesse, bonté et rouerie, le Père Fortunat vit pour son petit peuple, assez isolé, mais il a tout du curé approprié: un ajustement de bonhomie, de rudesse paysanne, de manières un peu frustes, d’un langage direct sans élégance, qui sert à le rapprocher et à le lier à son peuple. C’est un prêtre sur mesure. Rien dans sa personne et dans sa bouche ne détonne dans ce milieu. L’église, quasi une écurie à son arrivée, est devenue un lieu digne du culte. Très proprement tenue, ornée avec soin sinon avec goût, elle ne sent plus l’odeur de moisissure lorsqu’on y pénètre et l’on nia plus le cœur serré devant les lézardes des murs rénovés, le dénuement et les tas d’immondices d’autrefois. Le P. Fortunat donne aux jours de fête un air de gaieté presque foraine. Et c’est cette pacotille éclatante qui convient aux yeux des paysans qui papillotent de joie et qu’un arrangement subtil ou discret n’aurait pas émus. Le P. Fortunat entreprend dans sa paroisse quatre actions pastorales: régularisation des mariages, sépultures religieuses, catéchisation des enfants et oeuvre d’Action catholique pour le monde rural (J.A.C.). Il livre une bataille sans merci pour soustraire les morts à des funérailles protestantes ou civiles. Pour les séances de catéchisme, rien ne les lui fait manquer: il:peut venter, neiger, pleuvoir, geler ou brûler, les sentiers être boueux, le P. Fortunat se rend aux quatre coins de son domaine spirituel pour atteindre ici deux, là trois, ailleurs quatre ou plus petits enfants. Cela lui prend tout son jeudi et ü ne s’en plaint pas, malgré son obésité dont il sait rire lui-même, malgré ses rhumatismes dont il ne s’occupe guère. Il réussit le tour de force de réunir dans sa paroisse en 1931 un Congrès de la J.A.C. vers la fin du mois de mai 1928, le P. Fortunat achève la peinture et l’ornementation de son église quand une forte bronchite le force à s’aliter. Simplement, comme il fait toutes choses, il accepte le sacrement des malades et fait le sacrifice de sa vie, joyeux d’avoir épuisé ses forces au service du Royaume. Il n’omet pas de recommander son âme à la prière de ses confrères, leur demandant aussi, après sa mort, de boire à sa santé et à son salut. Dans l’après midi du 28 mai 1932, il pousse le dernier soupir, à l’âge de 68 ans. Le Père Fortunat est inhumé au cimetière de Saint-Coutant.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Lettre à la Dispersion, 1932, n° 438, p. 129; n° 439, p. 138-139; n° 440, p. 146-147; n° 443, p. 172-175. Semaine religieuse de Poitiers, 1932. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Trait d’Union des Anciens Alumnistes, 1932, n° 53, p. 33-35. Lettre du P. Fortunat Puységur au P. Bilaijire Canouël, Sart-les-moines, 12 janvier 1906. Dans les ACR, du P. Fortunat Puységur, correspondances (1888-1931). Notices Biographiques