Fortuné DELEBARRE – 1916-1998

Portrait.
Le P. Fortuné est arrivé à Valpré à l’âge de la retraite, très exactement
pour la retraite d’été en juillet 1980, suivie pour lui d’un temps
d’observation ou de probation de trois mois, au terme desquels il est
intégré dans la communauté. Il plaisante à sa manière en disant qu’il a
réussi
son ‘examen de passage’. Homme régulier, précis dans ses habitudes et dans
ses menus travaux, il sait se montre d’un sens d’observation aigu. Rien ne
lui échappe, ni du contenu des poubelles qu’il est chargé de collecter, ni
des transformations de la ville de
Lyon qu’il va inspecter soigneusement, son jour de congé hebdomadaire.
Collectionneur et conservateur, il fait de sa petite cellule une vraie
caverne d’Ali- Baba. Un jour, alité, il doit gagner l’infirmerie si l’on
veut que le médecin consultant trouve le malade! La lecture du journal,
souvent le quotidien L e Progrès, est inscrite dans son rite matinal:
il l’épluche page après page et commente les nouvelles avec la fausse
naïveté de celui qui pose des questions tout en connaissant les réponses.
Religieux fraternel, maniant l’humour avec
l’originalité qui le caractérise en tout, il se met réellement pendant
15 ans en état et en esprit de service à Valpré.

Fortuné DELEBARRE

1916-1998

Religieux de la Province de France.

Soixante ans de vie religieuse.

Fortuné Delebarre naît le 18 avril 1916 à Mont- Bernenchon (Pas-de-Calais). Il ne connaît pas son père, tombé sur le champ de bataille en Champagne dès novembre 1915. La famille compte avec lui quatre garçons, Fortuné étant le benjamin. A Mont- Bernenchon se réfugient chez une tante sa mère et ses trois frères qui ont quitté le village de Vieille- Chapelle avant l’invasion ennemie. A l’âge de 14 ans pour aider la famille à vivre, il quitte l’école et va travailler à l’usine de Lestrem. Durant 4 ans, il expérimente le travail de nuit, et il en est marqué à vie. A 18 ans, en 1934, il entre à la maison de Vocations tardives des Assomptionnistes à Saint- Denis, au nord de Paris. De 1935 à 1937, il poursuit ses études à Chanac (Lozère). Le temps de postulat terminé, il se rend au noviciat des Essarts (Seine- Maritime), prononce ses premiers vœux le 3 octobre 1938. Il fait à Layrac (Lot-et-Garonne) une année d’étude complémentaire, suivie du service militaire au Havre (Seine-Maritime). Après ses années d’étude de philosophie, commencées à Layrac en 1940 et de théologie, achevée à Lormoy (Essonne), il est ordonné prêtre le 24 mars 1946. Le Père Fortuné commence allors son ministère comme vicaire à la paroisse de Clairmarais (Pas-de-Calais), de 1946 à 1960. Il assure en plus l’économat de l’alumnat, à partir de 1949. Aussi son temps est-il fort occupé. En 1960, il devient économe de l’alumnat-coliège de Lambersart (Nord) près de Lille, jusqu’en 1981. A partir de 1975, l’établissement ayant été jumelé avec l’école Dominique-Savio, le P. Fortuné fait partie de la communauté de Lille, rue de la Digue. A 65 ans, il est nommé à Valpré, près de Lyon (Rhône), où il accomplit un service matériel humble, caché, mais indispensable à la vie quotidienne d’une grande maison assurant une multitude de petits travaux d’entretien.

Il aime aussi aller célébrer régulièrement l’eucharistie chez les Religieuses de l’Immaculée- Conception à Vaise qui ont en charge une institution pour jeunes aveugles, prenant le relai du P. Gérard Leroy. En août 1993, à près de 80 ans, il rejoint la communauté de repos de Saint- Sigismond, près d’Albertville (Savoie) où il vit une retraite paisible jusqu’au jour où, décalcifié, il s’écroule devant l’ascenseur victime d’une fracture du col du fémur. Hospitalisé un mois à Albertville, il est ensuite envoyé à Saint-Pierre d’Aibigny. C’est là qu’il meurt le 13 novembre 1998, dans sa 83ème année, après 52 ans de sacerdoce et 60 ans passés de vie religieuse, anniversaire fêté le 3 octobre précédant son décès. Les obsèques sont célébrées dans la chapelle de la communauté à Saint-Sigismond le lundi 16 novembre.

Un religieux original et fraternel, en tenue de service.

« Nous l’avons vu en tenue de service, assumant de bon cœur, au milieu de ses frères, les tâches les plus humbles, celles que d’aucuns auraient refusé parce que leur dimension apostolique semblait douteuse! Dieu peut jeter sur ces tâches un autre regard. Etaient-elles sans valeur à ses yeux les longues années de jésus à Nazareth? Et la vie cachée de la petite Thérèse de Lisieux? Et celle de tant de petits qu’il nous faut imiter pour entrer dans le Royaume? » rappelle le P. Joseph Mermoz, le jour des obsèques du P. Fortuné. Le P. Euzen Bleuzen, dans la même circonstance, ajoute:Tâches humbles, humble apostolat auprès des pauvres et des petits: combien de fois a-t-il par tous les temps descendu et grimpé la Montée des Roches, derrière Valpré, pour porter la parole du Christ et célébrer son eucharistie à la communauté des petites aveugles de la rue Saint-Simon, à Vaise? Apôtre des petits, serviteur de ses frères, Fortuné était un pèlerin à l’étroit dans ses murs. Il aimait la campagne, la montagne, les découvertes archéologiques, les monuments, les films Connaissance du monde. Il en parlait avec émerveillement. Mais le pèlerinage a pris fin: Dieu construit pour nous une demeure éternelle dans les cieux

Bibliographies

Bibliographie et documentation: La Vie Nouvelle n° 811 21 novembre 1998 p. 22. Assomption France, Nécrologie 1998, p. 447-449. Documents Assomption (VIII) 1998-1999, p A.T.L.P., décembre 1998, n° 147, p.8. Notices Biographiques