Fournier (Albert) FOURNIER
1889-1907
Religieux français, profès in articulo mortis.
Un ‘Savoyard parisien d’adoption’.
Né le 29 novembre 1889 à Paris, dans une famille originaire d’Albertville (Savoie), celui qui deviendra le Frère Fournier et dont tous les différents Registres ou répertoires de vêture et de profession ignorent le prénom de baptême (1), entre à l’alumnat de Notre- Dame des Châteaux (Savoie) en 1900 où, selon la coutume, il commence à apprendre le latin. En 1903, suite au départ forcé des lieux par les religieux qui ont épuisé tous les recours juridiques, le jeune Albert -tel est son prénom retrouvé-se rend à Mongreno, près de Turin en Italie (1903-1904) et termine ses humanités à Calahorra en Espagne (1904-1905). Il prend l’habit au noviciat le 11 septembre 1906, à 17 ans, à Louvain (Belgique) sous le nom de Fournier qui est aussi son patronyme (2). Bon , gai compagnon, dévoué, ne se plaignant jamais, il est déjà atteint de tuberculose. En mars 1907, le mal est déclaré et le Frère Fournier doit se soigner. Et, au bout de quelques mois, sur les conseils du Docteur traitant, il est renvoyé dans sa famille en Savoie (juin 1907). Le mal est trop avancé. Deux mois à peine après son retour, alors qu’il ne cesse de croire possible son retour au noviciat, le Frère Fournier meurt, à 18 ans, entre les bras de sa mère, le 9 août 1907. Il a fait ses vœux in articulo mortis. Le Frère Fournier est inhumé au cimetière d’Albertville dans la concession familiale. Trois jours auparavant, son père Joseph écrivait au P. Hilaire Canouël:
Je m’empresse de vous envoyer deux mots pour vous remercier des bontés que vous avez pour nous et notre cher malade. Il est bien faible pour le moment, par suite de nombreux vomissements de sang qu’il a eus. M. le Docteur lui a recommandé le lit; voilà près de 15 jours qu’il le garde.
Il n’a pas beaucoup d’appétit et a encore un peu de fièvre. Ceci est dû au temps qui est fort orageux en ce moment chez nous. Aussitôt que l’appétit reviendra, j’espère qu’il ira mieux. Sa mère et Albert se joignent à moi pour vous remercier et se recommandent à vos prières ». Joseph Fournier, Albertville, le 6 août 1907. Récit des derniers moments.
« Le 9 août au matin, alors que la veille la journée a été très bonne et la nuit exceptionnellement calme, une toux sèche prend le Frère Fournier pendant qu’il parle avec sa mère et son frère, tout heureux de le voir plus reposé et plus gai que d’habitude. Un vomissement de sang se produit, il porte les mains à sa gorge ne pouvant que dire: ‘Vite, j’étouffe!. Il se renverse sur le bras de sa mère, il est mort. Un prêtre, appelé en toute hâte, ne peut arriver à temps pour lui donner le sacrement de l’Extrême-Onction. Pourtant, dit un témoin de la scène, la mort du Frère Fournier est une sainte mort. Plusieurs fois, pendant sa maladie, on lui apporte la sainte Communion qu’il reçoit avec bonheur. Les obsèques se déroulent très simplement. Quatre religieux, en vacances dans leur famille, peuvent y participer, portant les cordons du poêle. Ils représentent les communautés de Louvain, de Rome et toute l’Assomption. Nous l’avons dit, les deux qualités maîtresses du Frère Fournier sont l’humilité et la douceur ». L’Assomption, 1907, n° 129, p. 138 passim.
(1) Nous l’avons retrouvé grâce au Registre d’inscription de l’alumnat de Mongreno (ACR D 72): Albert Fournier né à Paris (paroisse Saint-Séverin), le 29 novembre 1889, fils de Joseph et de Angéline née Dubois, ayant deux frères (dont l’un est décédé) et une sœur. Les parents ont habité Queige en Savoie et se sont fixés rue de la République à Albertville. Albert est entré le 15 septembre 1900 à l’alumnat de Notre-Dame des Châteaux. Il est venu à Mongreno en 1903 et est parti pour Calahorra, le 9 septembre 1904. (2) Les exemples ne manquent pas à l’Assomption, à cette période, de jeunes religieux choisissant comme prénom leur patronyme. Nous n’avons pas trouvé, ni dans le Martyrologe ni dans les Dictionnaires hagiographiques, de Saint Fournier. Ce nom a-t-il été choisi en référence à celui du pape Benoît XII, pape d’Avignon de 1334 à 1342, alias Jacques Fournier?
Bibliographies
Bibliographie et documentation: Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Dans les ACR, cinq correspondances du Frère Fournier Fournier dont celle citée dans l’encadré, adressée en juillet 1907 au P. Hilaire Canouël à Paris. Notices Biographiques