Francis (Yves-Alexandre-Marie) LE GOFF – 1917-1960

Inquiétude.
Vous avez dû apprendre la grave opération qu’a subie le P. Francis Le Goff
à la clinique Bizet. J’ai fait un saut à Paris pour aller le voir.
Officiellement on ne parle que d’une déviation de l’estomac à
1’intestin par-dessus l’ulcère du duodénum, mais au vrai, cet ulcère a
dégénéré en cancer que le professeur Gosset n’a pas osé toucher de peur de
le voir s’affoler en cancer généralisé. La S?ur infirmière ne lui donne pas
plus de 6 mois de survie. J’ai été touché de voir avec quel abandon le Père
qui se doute de son état, se livrait à la volonté de Dieu. Lormoy perd un
directeur de conscience expérimenté qui faisait grand bien à ses grands
jeunes gens… Curieux homme ‘aussi séduisant qu’irritant’ comme le juge
bien le P. Soubeyrand, mais qui avait une influence profonde et fraternelle
comme il appert de ses interventions auprès du P. Germain et aussi du P.
Uguen. Il a obligé celui-
ci en quelque sorte à se rendre en auto-stop à la Trappe du Port-Salut en
Mayenne. Que sa souffrance leur soit rédemptrice. S’il est possible, le P.
Francis viendra à
Lourdes au train des malades. Ce serait une grâce insigne
que Notre-Dame nous le rende si elle veut bien exaucer notre esprit de foi
».

Religieux de la Province de Bordeaux.

Formation.

Yves-Alexandre-Marie Le Goff est né le 20 août 1917 à Lesneven (Finistère). Orphelin de père, de bonne heure, il est élevé par sa mère, Jeanne- Yvonne née Creff, une femme admirable. Ses études secondaires se déroulent dans les alumnats de Saint-Maur (Maine-et-Loire), de 1929 à 1932, et de Melle (Deux-Sèvres), de 1932 à 1934. Sous le nom de Frère Francis, il prend l’habit à Pont-l’Abbé- d’Arnoult (Charente-Maritime), le 30 septembre 1934 et y prononce ses premiers v?ux, le 1er octobre 1935. Le P. Pol de Léon Cariou, le maître des novices, le présente comme une nature riche dont les ressources ne sont pas encore suffisamment mises en valeur. Le Frère Francis est un jeune homme franc, exubérant, qui s’est acquitté avec compétence de sa charge de socius, d’un c?ur excellent, avec une tête parfois légère, porté à l’indépendance. A Layrac, en juin 1936, il passe la première partie du baccalauréat, échoue la seconde l’année suivante à Scy-Chazelles (Moselle). En septembre 1939, il est à la caserne et, en mai 1940, se trouve en pleine débâcle, dans l’Est, avant de piloter jusque dans les Pyrènes-Orientales une colonne de camions vides. Il peut rejoindre Lormoy (Essonne) de 1940 à 1944 pour ses études de théologie, où il retrouve pour supérieur le P. Athanage Sage. Ce dernier, revenant sur son jugement antérieur, n’hésite plus à confier au Frère Francis, mûri par les événements, de lourdes responsabilités. Profès perpétuel le 3 octobre 1941, le Frère Francis est ordonné prêtre le 12 juin 1943.

Un directeur spirituel de talent.

Désigné comme professeur de 4ème au collège de Sainte-Barbe à Toulouse (Haute-Garonne) en octobre 1944, il ajoute à son travail d’enseignant

celui d’étudiant à la Faculté des Lettres. En 1947, il est nommé vicaire à Bordeaux-Caudéran (Gironde) et l’année suivante il reçoit la charge de chapelain de Sainte-Monique. Doué pour la direction spirituelle, il exerce une forte influence sur la jeunesse et sait détecter de nombreuses vocations religieuses, organisant des récollections dans des centres de retraites ou dans des sanctuaires. Assez détaché des contingences terrestres, supportant des nuits sans sommeil et des repas expédiés, le P. Francis, souvent sur les chemins, commence à souffrir de rhumatismes articulaires. En 1953, il devient curé de Notre-Dame de Salut à Bordeaux. On lui demande en plus le service de l’aumônerie auprès des élèves normaliens où son charisme spirituel obtient le même succès, ce qui ne laisse pas d’inquiéter certains parents. En 1957, le P. Francis est envoyé au scolasticat de Layrac en qualité de professeur de théologie morale et de directeur spirituel. Il garde un pied dans l’apostolat extérieur, auprès du clergé et des paroisses. En septembre 1959, à la faveur de la réorganisation des maisons de formation à l’Assomption, le P. Francis gagne Lormoy comme directeur de la maison de retraite attenante à la maison d’études. Toujours souffrant de l’estomac, il exerce ce ministère de la direction également au service des postulants et des vocations tardives qui peuplent à cette date la maison de Lormoy. Mais il faut se rendre à l’évidence, le P. Francis, soigné à la clinique de la rue Bizet à Paris, est atteint d’un cancer pour lequel il est trop tard.

Une fin rapide.

En aoùt 1960, il participe au National à Lourdes. Transféré à Yerres d’abord (Essonne), puis à Igon (Pyrénées-Atlantiques) chez les Soeurs de la Croix dont la supérieure d’alors se trouve être la s?ur du P. Carrère, le P. Francis décède le 27 septembre 1960, à l’aube de sa 44ème année. Selon sa demande, il est inhumé à Layrac le 29 septembre. mgr johan, évêque d’Agen, remercie l’Assomption du don qu’elle a fait à son diocèse par l’apostolat du P. Francis dont le long corps émacié semblait à la mesure d’une croix … La riche page est tournée en un livre de vie abrégé qui nous paraît encore ouvert.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: B.O.A. octobre 1961, p. 145-146. Lettre à la Famille, 1960, n’300, p. 450-451 et 1961, n° 303, p. 5-8. Paris-Assomption, 1960, n° 72, p. 25-30. Le Petit Alumniste, 1961, n° 735, p. 4-5. Voulez-Vous? 1960, n° 35, p. 1-6. Echo de Saint-Maur,1960, n° 74, p. Il et n° 75, p. 12. A Travers la Province (Bordeaux), 1960, n° 82, p. 1-18. Lettre pastorale de Mgr Johan, évêque d’Agen, 2 octobre 1960. Inquiétude: lettre du P. Yves Jointer au P. Wilfrid Dufault, Bordeaux, 10 août 1960. Du P. Francis Le Goff, dans les ACR, rapports sur Caudéran (1953-1957), quelques correspondances (1932-1953).