Francisco SAN MARTIN – 1916-1981

Madrid, 1966.
« La date de la fête de l’Assomption étant toute proche, je vous prie de
bien vouloir accepter au nom de la Vice- Province mes vœux et félicitations
que je vous prie de transmettre à la Curie
généralice. Par la prière et par le souvenir, nous serons tous à vos côtés
ce jour-là spécialement, demandant à notre Mère qu’elle vous bénisse et
vous garde en bonne santé pour le plus grand bien de notre chère
Congrégation. Par mes lettres au P. Romain [Durand], vous savez
certainement comment va la
Vice-Province. Grâces à Dieu, je ne peux pas me plaindre, malgré les petits
ennuis toujours inévitables, mais tout marche bien et les religieux sont
tous à leur affaire. Le 22 août aura lieu la retraite à Elorria où nous
comptons retrouver un bon nombre de religieux français.
Ce serait un plaisir immense pour nous tous de vous voir parmi nous, ne
fût-ce qu’une journée, mais je comprends fort bien que vos occupations ne
vous permettent pas ce déplacement. Quand on sait que vous avez pris vos
vacances en visitant les maisons de Belgique et de Hollande, une sainte
jalousie s’empare de nous et nous espérons que vous finirez vos vacances en
nous visitant, quelle que soit la date ».

Notices Biographiques A.A

Religieux de la Province d’Espagne, Vice-Provincial (1964-1967). Des commencements cosmopolites. Francisco San Martin est né le 22 novembre 1916, à Balcarce, non loin de Buenos-Aires où ses parents de nationalité espagnole ont trouvé du travail. Après la mort de son père, Nicasio, Francisco revient avec sa mère, Esperanza Figuerva, et ses frères dans son pays d’origine, à Estella Ancin en Navarre. Très jeune, il commence ses études à Elorrio au Pays Basque et opte pour la vie religieuse à l’Assomption. Il prend l’habit au noviciat de Nozeroy (Jura), alors sous la houlette du P. Gausbert Broha, le 22 février 1932, après un temps de postulat à Scy-Chazelles (Moselle). Au terme de sa probation, il prononce ses premiers vœux le 23 février 1933 à Nozeroy. Il fait ses études de philosophie dans les scolasticats de Belgique (Saint-Gérard) et de France (Lormoy) où il prononce ses voeux perpétuels le 9 décembre 1937 et où il est ordonné prêtre le 5 juin 1940. Le P. Fulbert Cayré estime grandement ce jeune religieux qui a juste l’âge requis pour sa profession perpétuelle. Il lui trouve beaucoup de maturité et de sérieux. Il sera, si Dieu le garde, comme on peut l’espérer, un bon religieux, intelligent, travailleur, pieux et docile. Premier Vice-Provincial d’Espagne. Après un court séjour à Elorrio, le Père Francisco devient aumônier militaire dans les Pyrénées. On le retrouve plus tard à Madrid, à la paroisse de Dulce Nombre, quartier très éprouvé au cours de la guerre civile. Il écrit: « Les faubourgs de la capitale sont abandonnés à leur triste sort, le clergé ayant été décimé pendant la guerre. Le problème est si angoissant que l’évêque supplie l’Assomption de prendre en charge une paroisse. A.A Les religieux s’installent donc au faubourg de Vallecas en octobre 1940, dans une petite mansarde à moitié démolie, sans autres moyens qu’une foi aveugle dans la Providence et un grand amour pour les âmes. Une petite chapelle que les flammes des anarchistes ont épargnée, aux proportions très réduites, sert au culte. La paroisse compte à l’époque quelque 15.000 habitants, mais, étant donné l’abandon religieux dans lesquels ils ont vécu et leur indifférence, on ne peut pas plus glaciale à juste titre ce coin de faubourg est surnommé la ‘petite Russie’, la chapelle est trop grande pour accueillir les quelques personnes qui y accourent. Un dimanche même en 1940, je ne peux célébrer la messe, car il n’y a pas un seul participant, même pas un enfant de chœur! Durant le mois de l’été 1940, les religieux conduisent dans une plaine abandonnée des alentours, sous une chaleur torride, cent ou deux cents enfants pour les faire jouer, prier, leur apprendre le catéchisme. C’est l’ébauche d’un patronage qui va déboucher sur la Ciudad de los Muchachos ». En 1944, le P. Francisco collabore avec le Père Luis Madina à la fondation de l’œuvre sociale de La Ciudad de los Muchachos qui va se développer peu à peu au cours des années suivantes. D’abord économe de la maison, le P. Francisco en devient directeur en 1952. Vingt-trois ans durant, il reste fidèle à son poste, se donnant à son travail avec dévouement, mais aussi avec un précieux sens de l’organisation et une capacité d’endurance bien nécessaire quand on sait la nature de l’œuvre entreprise. Tout en gardant la charge de directeur de La Ciudad, le Père Francisco devient le premier responsable de l’Assomption espagnole, comme Régional, puis Vice-provincial jusqu’en 1967. Les dernières années de sa vie, le Père les passe à la paroisse madrilène de Reina del Cielo, où il rend de nombreux services. Cependant sa santé, déjà bien éprouvée, s’affaiblit progressivement. Le Père connaît son état et, lucidement, accepte avec foi et courage l’épreuve qui se présente à lui. Alors qu’il se trouve dans sa famille pour y prendre quelques semaines de repos, il meurt subitement le 23 août 1981. Il est inhumé le lendemain dans le caveau de sa famille à Ancin, en présence de nombreux membres de sa famille, d’amis et de gens du village, de religieux de sa Province.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Documents Assomption, Nécrologe (11) 1981-1983, p. 25-26. Boletin de la Provincia Espana, 1981. Du P. Francisco San Martin, rapport sur l’Espagne (1964), sur la Ciudad de los Muchachos de Madrid (1955-1965), correspondances (1954-1967). Lettre du P. Francisco San Martin au P. Wilfrid Dufault, Madrid, 7 août 1966. Le P. San Martin a écrit des articles sur les Assomptionnistes en Espagne (cf notamment Voulez-Vous? 1960, n° 34., p. 5-8 et n° 35, p. 16-26), des articles et éditoriaux dans la revue Ciudad de los Muchachos (1953-1959). Témoignage sur la vie du quartier de Vallecas: Elvira Lindo, La vie innocente de Ramon Partuna, Hachette Littératures, 1999, 180 p. Notices Biographiques