Francois BERNARD – 1922-1994

Un jeune journaliste ‘au charbon’ .

« En prenant mon poste à La Croix, j’ai trouvé votre article sur Soloviev,
composé, au marbre de la page religieuse. Sur le désir du P. Gabel, qui
voudrait que la page justifie son titre d’actualité religieuse, j’en remets
la publication aux approches de la Semaine de l’Unité. Je tâcherai de
l’illustrer d’une bonne image que je recherche en ce moment.
Je prends vraiment goût à la vie active. En plus de la page religieuse du
mardi, je rédige les nouvelles romaines et même les nouvelles de derrière
le rideau de fer, sur les indications du P. Charles, qui d’ailleurs se
réserve les questions délicates.Je travaille actuellement aux pages sur la
Royauté de Marie. Nous sommes reconnaissants au P.
Wenger et au P. Athanase des textes qu’ils ont bien voulu nous envoyer.
J’attends un article de Vloberg. Il traite en partie le même sujet que le
P. Wenger et j’attends le texte avec appréhension! Va-t-il falloir arranger
çà avec de la colle et des ciseaux? C’est un
des mauvais côtés du métier …
»

P. François Bernard au P. Gervais Quenard, 27 octobre
1954.

Religieux de la Province de France.

Un homme attachant. François est né en Agen le 17 octobre 1922 dans une famille de 5 enfants dont deux religieuses. Il entre au collège de Saint-Caprais en 1932. En 1940, il commence des études de droit civil aux Facultés Catholiques de Lyon. Requis par le S.T.O (travail obligatoire), il part en Allemagne en 1943. Louis Magnin, futur pradosien, dit de lui- « J’ai connu François au S.T.O. Nous avons travaillé dans la même usine et vécu dans le même camp de 1943 à 1945. Il était alors étudiant en droit et militant à la JE.C Il était très actif dans notre petite cellule deglise clandestine au milieu des camarades du camp. J’étais alors séminariste débutant… Je ne l’ai jamais oublié ». Rentré en France, François termine sa licence avant de prendre l’habit au noviciat de Pont-l’Abbé d’Arnoult le 20 novembre 1946. Profès le 21 novembre 1947, il fait à Layrac ses études de philosophie et de théologie qu’il achève à Rome où il est ordonné prêtre le 28 février 1953.

Religieux fidèle, journaliste libre.

En 1953, François arrive à Paris où en 1954 le P. Gabel l’appelle au journal La Croix pour travailler à la page de l’actualité religieuse. Sa vie est marquée par l’événement du concile de Vatican II (1962-1966) où il fut détaché du journal au service de la salle de presse du Vatican, section francophone. Il se met au travail avec toute la richesse de son tempérament: force de travail, souci de l’exactitude, gentillesse dans les relations humaines. Une équipe de La Croix dirige quotidiennement dans le journal les pages ‘Journées du Concile’.Lorsqu’il y a hésitation sur une formulation, on recourt volontiers au P. François dont on apprécie le jugement très sûr et l’art de l’expression juste. Ce religieux, avec passion et sérénité, s’efforce sans cesse de découvrir la vérité à laquelle, par vocation et par métier, il a consacré sa vie. En 1968, il fait partie de la communauté du boulevard Sébastopol et épouse avec bonheur cette forme de vie fraternelle, assez étouffée par les lourdes structures antérieures d’une vie trop anonyme et trop formelle.

Notices Biographiques A.A Page : 255/255 De 1971 à 1981, il devient l’envoyé spécial du journal La Croix à Rome, tout en résidant à la maison généralice ‘Due Pini’. Il passe pour un vaticaniste remarquable: religieux à la foi vive, attaché à l’Eglise, il garde en éveil l’esprit critique du journaliste et mérite les qualificatifs par lesquels, plus tard Bayard-Presse, définira l’attitude de ses publications: ‘fidélité doctrinale et liberté éditoriale’. Ifomme à l’allure plutôt réservée, François sait se montrer très chaleureux. Artiste, il sait avoir, dans l’intimité, la gouaille des ‘titis’ parisiens. Grand connaisseur de la vie politique italienne, il reçoit en 1974 le prix Citta di Roma pour une enquête sur les chrétiens de Rome. En dehors de son travail professionnel, François consacre une partie de son temps à tous les paumés de la ville, actualisant le côté franciscain de son prénom. Après ces dix années passées à Rome, le P. François revient à Paris: rue de l’amiral d’Estaing (1981), rue François 1er (mai 1986). Il travaille encore aux informations religieuses de La Croix et collabore à la Docurnentation Catholique dont il devient de 1982 à 1987 le rédacteur en chef. Attaché à la tradition de l’Eglise, le P. François fait preuve d’une connaissance approfondie et actualisée de la politique mondiale, selon cette double ligne qui le caractérise: fidélité et ouverture.

Au service de l’Assomption bulgare.

En 1987, il part à la retraite de Bayard-Presse. Secrétaire général intérimaire, en l’attente du P. Pierre Charon, le P. François est également requis à Rome par le P. Claude Maréchal, supérieur général, comme consultant pour des dossiers de presse. En janvierl992, il accepte avec le P. Hervé Yven de prendre en charge un groupe de jeunes bulgares à Layrac. En septembre 1992, il continue ce même accompagnement à Lyon-Valpré. A partir de 1993, il se porte volontaire pour épauler la nouvelle communauté A.A. en formation à Plovdiv, mais il connaît déjà de sérieux problèmes de santé. Hospitalisé à Lyon, opéré à trois reprises à Plovdiv, il meurt à l’hôpital à la suite d’une hémorragie intestinale le 23 novembre 1994. Ses obsèques y sont célébrées le lendemain 24. Il repose à Plovdiv dans cette terre qu’il a pleinement adoptée, au milieu d’un peuple qu’il a appris à aimer.

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Bibliographies

Bibliographie : Documents Assomption, Nécrologe (VI) 1994-1995, p. 46-50. A.T.L.P., Nécrologe France 1994, p. 313-317. Agabar (Bulgarie) , décembre 1994. Documentation Catholique 1995, n° 2107, p. 47. La Croix, 25 novembre 1994. Les Archives de Rame possèdent le texte de plusieurs communications et conférences que le P. François Bernard a données dans le cadre de son travail à Bayard-Presse et durant le Concile de Vatican Il. D’autre part il est possible gr-âce au service de la Documentation de Bayard-Presse. de trouver l’intégralité des articles que ce religieux a publiés dans le journal ‘La Croix, de 1954 à 1982. Le P. François Bernard est l’auteur d’un ouvrage intitulé ‘Eglise du silence’, 1960.