François de Sales (Guillaume-Albert) ROBIN – 1879-1901

Evocation.

« Le Frère François de Sales Robin, né en 1881 (1), est un Normand, fils de
gendarme; il a été novice à Livry où je le connus. Il partit pour Jérusalem
avant ses 19 ans. Droit, ardent, un peu entier, impulsif, il déclare
brusquement son intention de rentrer dans le monde. Tout fut donc préparé
pour son départ. Soudain il fut frappé d’une fluxion de poitrine, si je ne
m’abuse, et mourut en quelques jours, repentant et reconnaissant envers la
Congrégation. D’où le mot du P. Germer-Durand, alors professeur à
Notre-Dame de
France: « Nous accompagnons son corps au cimetière, des larmes dans les
yeux, le De Profundis sur les lèvres, le Te Deum dans le cœur ».
Carnets du P. Merklen, Notes pour servir au Nécrologe A.A.

[ACR J 552, p. 22-23].

(1) Le P. Merklen s’est à l’évidence trompé sur la date
de naissance du Frère François de Sales, bien attestée dans les Registres
de profession. En septembre 1898, le Frère François de Sales a 19 ans
accomplis. Il a prononcé ses premiers vœux en septembre
1897, à l’âge de 18 ans.

Notices Biographiques A.A

Religieux français. Une destinée écourtée. Guillaume-Albert Robin est né le 7 mars 1879 à Caen (Calvados), en Normandie. Il fait ses études de grammaire à Mauville (Pas-de-Calais), de 1890 à 1891, puis à l’alumnat de Taintegnies en Belgique (1891-1894), puis ses humanités à Clairmarais (Pas- de-Calais), de 1894 à 1896. Il reçoit l’habit religieux au noviciat de Livry-Gargan (Seine-Saint-Denis), le 6 septembre 1896 et prend le nom de Frère François de Sales. Il achève sa première formation religieuse au noviciat de Phanaraki en Turquie où il prononce ses vœux perpétuels le 6 septembre 1898. Quelques jours après, ü part pour Notre-Dame de France à Jérusalem. Là, tout en poursuivant avec succès ses études de philosophie et de théologie, il met volontiers son savoir-faire et son dévouement au service de la communauté et des pèlerins, spécialement des marins et des militaires. Sa robuste santé lui permet de se dépenser largement. C’est alors que, sous diverses influences, lui vient l’idée tenace de rentrer en France pour faire trois ans de service militaire à la caserne dont son séjour en Orient le dispense au titre du service culturel à l’étranger. Malgré toutes les recommandations qui lui sont faites en sens contraire, il tient bon, s’estimant capable de surmonter victorieusement toutes les difficultés que soulève son choix. Il finit par obtenir de ses supérieurs les autorisations nécessaires. Le jour fixé de son départ, le 16 février 1901, il est saisi par une fièvre intense. Il reçoit des soins empressés à l’hôpital des Sœurs de Saint- Joseph à Jérusalem. cette fièvre ne le quitte plus jusqu’au jour de sa mort, le 27 février suivant, à l’âge de 22 ans. Sans se rendre aussitôt à l’évidence, le Frère François de Sales finit par reconnaître et bénir la main de Dieu dans l’accélération si précipitée de sa destinée. Quand on vient l’avertir qu’il lui faut se préparer à l’éventualité d’une mort prochaine, il le fait avec de vifs sentiments de foi, A.A de repentir et de reconnaissance. Il renouvelle ses vœux, demande pardon et offre d’une voix ferme et courageuse le sacrifice de sa vie, au milieu des sanglots de ses frères, témoins d’un si cruel destin. Le Frère François de Sales est inhumé au caveau de Saint-Pierre en Gallicante, à Jérusalem, sur la pente du Mont Sion. Echos et leçons d’une mort imprévue. « La mort du Frère François de Sales est une grâce très remarquable. Le pauvre enfant l’a compris et y a correspondu avec une simplicité très édifiante. C’est au retour Cie la Mer Morte que j’appris sa maladie. Le P. Antonin Coggla vint au devant de nous jusqu’à Gethsémani et la première chose qu’il me dit fut celle-ci: ‘Le Frère François de Sales qui devait s’embarquer aujourd’hui est couché à l’hôpital avec une très violente fièvre’. J’eus aussitôt l’impression que le bon Dieu avait signé pour ce pauvre enfant une réquisition pour le Paradis. Dès notre arrivée à Notre-Dame de France, j’allai voir le malade que je trouvai tout changé quant à ses dispositions. Il ne parlait plus de partir. Son seul désir était de rester et de réparer le passé. Je le rassurai et lui dis que sa seule préoccupation devait être de se bien confesser et de se remettre pour tout entre les mains du bon Dieu. Le lendemain il fit sa confession générale au P. Léonide. Mais son esprit gardait toujours quelque inquiétude sur l’avenir. E voulait une assurance qu’on le garderait. je lui dis que cela dépendait de vous, mais qu’il pouvait être tranquille et que certainement vous le garderez. En lui disant cela je pensais à son tombeau que je voyais clairement entrouvert. Du reste je ne lui cachai pas cette perspective. La maladie s’aggravait toujours et le dimanche 24 février il fallut songer aux derniers sacrements. je réunis tous les Pères et tous les théologiens, environ 35 religieux, tout ce que pouvaient contenir les salles de l’hôpital et je donnai les derniers sacrements successivement aux Frères [François de Sales et Mamert Vionnet], au milieu de la profonde émotion et des sanglots de toute l’assistance. Les deux Frères renouvelèrent leurs vœux, demandèrent pardon à la communauté de la façon la plus touchante. Les Frères conserveront longtemps le souvenir de cette émouvante scène. Assurément cela vaut une retraite et plus d’un aura pris de sérieuses résolutions. Le Frère Mamert communia en viatique. Le Frère François de Sales avait communié le jour même et je ne lui renouvelai pas la communion à cause de cela. En général on leur portait la communion toutes les nuits, mais la nuit précédente, le Frère Mamert, pris de vomissements, n’avait pu la faire. Pendant dix jours la fièvre n’est jamais descendue au-dessous de 40° et 4 ou 5 fois elle atteignit même 41°5. Dans la soirée on demanda les deux médecins, Mauchamps et Pauher [?].on eu deux hommes impuissants au lieu d’un! Le Frère François s’éteignit vers 21 heures 10. Nous avons transporté son corps dans notre chapelle et chanté la messe de Requiem. L’inhumation a eu lieu à 15h 30. Cet enfant a été retenu n2iraculeusement sur les bords de l’abîme et a abordé aux rives de l’éternité au moment même où il devait aborder aux rivages de France. Il a trouvé une plus belle patrie, la seule vraie ».

Bibliographies

Bibliographie et documentation : L’Assomption, 1901, n° 52, p. 8. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Echos et leçons d’une mort imprévue: lettre du P. Ernest Baudouy au P. François Picard, Jérusalem, le 4 mars 1901. Carnets du P. Merklen (extrait) Notices Biographiques