Francois-Marie (Yves) MASSON – 1905-1983

Blou, juillet 1944.
« J’ai bien reçu hier soir la somme que vous avez eu la bonté de nous
allouer sur la vente des vocations. Je vous remercie de tout cœur de cette
nouvelle marque de générosité qui nous permettra de
traverser heureusement les épreuves actuelles. La maison Sainte-Thérèse vit
toujours dans la paix et la tranquillité, malgré les bombardements qui ont
sévi durant une quinzaine de jours sur la région. Une bombe à retardement
est tombée dans la propriété durant la nuit du 12 au 13 juillet. Nous
l’avons cherchée vainement le lendemain.
Après 20 h. d’attente, elle a éclaté avec un fracas épouvantable. Elle se
trouvait dissimulée dans une touffe de chardons à une quinzaine de mètres
de la porte de l’étable de notre ferme la plus éloignée. Tout le monde en a
été quitte pour la peur. Aucun dégât même matériel. L’activité de
l’aviation a sensiblement diminué ces jours-ci et le pays a retrouvé son
calme. La nouvelle de la réquisition de la maison est incorrecte. Il n’en a
pas été
question jusqu’à ce jour. Nous sommes sur la ligne de front et l’avenir
peut nous réserver quelques surprises. Le Seigneur veillera sur nous. Les
jeunes Pères de Lormoy sont arrivés ».

Religieux de la Province de France.

Natif du Trégorrois.

Né le 19 avril 1905 à Collorec, au diocèse de Quimper (Finistère), Yves Masson est un breton bretonnant, placé sous la protection du grand saint Trégorrois. Son frère, séminariste diocésain, est tué durant la première guerre mondiale. En septembre 1918, Yves est présenté à l’alumnat de Saint-Maur (1918-1921). Pour le second cycle, il passe à Vinovo en Italie (1921-1922), puis à Miribel-les- Echelles (Isère), de 1922 à 1923. Le 1er novembre 1923, il revêt l’habit assomptionniste au noviciat de Saint-Gérard (Belgique), sous le nom de Frère François-Marie. Il poursuit son année de noviciat à Taintegnies où il prononce ses premiers vœux, le 1er novembre 1924. Après une année complémentaire à Saint-Gérard, il accomplit son temps de service militaire (1925-1926), en Allemagne, du côté de Mayence. Il revient à Saint- Gérard pour la philosophie prononce ses vœux perpétuels le 13 mai 1929 et étudie la théologie à Louvain (1928-1932). Il est ordonné prêtre le 5 juin 1932, à 27 ans.

Au service des jeunes.

Le Père François-Marie commence en septembre 1932 ses armes d’éducateur et d’enseignant à l’école Saint-Caprais d’Agen. Le Père Henry-Jérôme d’Argouges, alors élève dans les hautes classes, se souvient de ce petit abbé, blond et frisé, aperçu dans les cours de récréation. Aimé de ses élèves pour sa gaieté et son entrain, le jeune professeur se montre exigeant, sans être ;trop sévère. La sévérité est alors l’apanage de l’abbé Fourès, préfet de discipline. Pendant 7 ans (1932-1939), le collège bénéficie de l’heureuse influence du P. François-Marie. La mobilisation en 1939 l’envoie au front. Sergent, il assure aussi l’aumônerie de son bataillon.

Il assiste des camarades blessés et se fait enterrer vivant lors d’une explosion. Retiré, il est déposé à la morgue, mais le lendemain matin, un médecin de l’armée allemande laquelle a progressé dans la nuit, le trouve encore vivant. Prisonnier, il est libéré en 1941. Il reprend alors avec joie ses activités sacerdotales. A trente-six ans, on lui confie la responsabilité du supériorat et de l’économat de la maison de vocations tardives de Blou (Maine-et-Loire), dans la région de Saumur. Il la gouverne de 1941 à 1950. A tous ses soucis d’animation, S’ajoute celui du pain quotidien en ce temps de pénurie et de réquisition. Sa bonne gestion de la maison lui vaut d’autres postes d’économe de 1951 à 1956, il assure cette tâche au noviciat de Pont- l’Abbé-d’Arnoult (Charente-Maritime) et l’année scolaire 1956-1957 au collège Saint-Caprais d’Agen. En 1957, il est à nouveau nommé à Blou comme supérieur et économe (19571962). Il dirige la maison avec une maîtrise parfaite. En 1962, le P. François)Marie inaugure une activité apostolique de pasteur, à Melle (Deux-Sèvres). Encore chargé de l’économat, il assume des responsabilités d’aumônerie d’hospice. En 1973, il lui est demandé de se retirer au prieuré de Layrac (Lot-et-Garonne). Cette mutation lui est difficile car il la ressent comme une relégation. Aimant la lecture, se passionnant pour l’histoire locale, il prend l’habitude de se promener dans le village et de converser avec les personnes âgées, tout en ne rechignant pas devant un travail manuel. Il débroussaille un petit chemin en contrebas de la propriété qui, d’après lui, s’appelait au temps des moines le ‘chemin de l’Evangile’ et donnait accès, près du Gers, à un débarcadère dont il reste des vestiges. En 1977 il peut encore participer à un pèlerinage à Jérusalem. Le 31 juillet 1983, à 78 ans et trois mois, il meurt au prieuré de Layrac, après avoir lutté contre la maladie. Le mardi 2 août, ses obsèques sont célébrées par le P. Henry-Jérôme d’Argouges, supérieur de la maison. Il est inhumé dans la concession des religieux au cimetière au chant traditionnel en la circonstance des Bretons: Hag, pegen bras ve Plijadur an ene, Pa vez e graz doue en e garante.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Documents Assomption, Nécrologe (II) 1981-1983, p. 95-96. Assomption France, Nécrologie n° 1, décembre 1983, p. 16-17. Voulez-Vous? (bulletin de Layrac) 1983, n° 126, p. 20-23. Lettre du P. François-Marie Masson au P. Gervais Quenard, Blou, 21 juillet 1944. Dans les ACR, du P. François-Marie Masson, quelques correspondances (1925-19450), rapports sur Blou (1948-1950 et 1959-1961).